TARGET - Chapitre 4

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Le son était assourdissant.

Il était 23h00 lorsque nous faisions nos premiers pas dans la boîte de nuit baptisée « Akatsuki », car les fauteuils en cuir étaient tous en forme de demi-lune et d'une couleur rouge bordeaux. Je me frayais un chemin jusqu'à la table que Sakura avait réservé au préalable dans la foule compacte qui se donnait déjà sur la piste de danse, suivi de mes trois collègues. Ma gorge s'apparentait à un désert aride et je me délectais de m'enfiler quelques bières pour débuter notre soirée de relâche que nous avions tous bien mérité, avant d'aller moi aussi me défouler au plus près des caissons de basses.

Au bout de la piste, sur une scène en hauteur, le DJ sautait sur place, un bras en l'air et casque sur les oreilles, imité par des jeunes en état de transe avancé, qui se gargarisaient de la compo remixée en se percutant les uns les autres. C'est vrai qu'elle était entraînante, cette musique... Les projecteurs balayaient le public de toutes les couleurs de l'arc-en-ciel et l'éclairaient en même temps que les kick bass, tantôt des flashs, lorsque le rythme était soutenu, tantôt des sortes d'éclairs quand le tempo était plus lent, pendant le breakdown. C'était la folie.

Nous atteignions enfin notre place et je pus détailler plus précisément l'accoutrement de mes amis.

Shikamaru était fidèle à lui-même : sobre. Jean noir, t-shirt écru et chemise noire par-dessus, dont les manches étaient retroussées jusqu'aux coudes. Simple et efficace. Mais pour une fois, il avait laissé ses cheveux détachés, qu'il maintenait toujours par un élastique en queue-de-cheval haute, qui rappelait étrangement les feuilles d'un ananas. Ça lui allait pourtant bien, les cheveux lâchés, et je ne comprenais pas pourquoi il ne les laissait pas plus souvent comme ça.

Sakura sortait du lot, comme d'habitude. Élégante, classe, mais un peu trop... excentrique dans sa robe rose à paillettes, aussi rose que ses cheveux. Néanmoins, je devais admettre qu'elle était resplendissante dedans. Elle lui faisait un corps de rêve et des jambes à n'en plus finir. D'ailleurs, ses escarpins blancs la grandissaient un peu, et ce n'était pas un mal car sinon elle se serait fait complètement engloutir dans cette masse de géants. Elle avait bouclé discrètement ses cheveux et s'était parée de mille zircons, ce qui la rendait étincelante comme une boule à facettes. Elle était vraiment belle, notre Sakura.

Et Kiba, eh bien, c'était... Kiba. Dans le genre m'as-tu-vu, on aurait bien eu du mal faire pire. Chaînes en or autour du cou, casquette à l'envers, Ray-Ban sur le nez alors qu'il faisait nuit noire à l'intérieur, baggy XXL, t-shirt long qui lui arrivait presque aux genoux... Était-ce vraiment mon collègue gendarme sous ce costume de racaille ? Avait-il vraiment mon âge ou regrettait-il tellement son adolescence qu'il souhaitait repousser l'échéance en se fringuant comme un jeune tout droit sorti du ghetto ? Je désespérais.

Quant à moi, j'avais joué la carte de l'intemporalité. Chemise blanche, jean denim slim, baskets. Comme Shikamaru, sobriété et efficacité. Le blanc mettait en valeur mes cheveux blonds, mes yeux bleus et mon bronzage impeccable, et puis, c'était chic, le blanc. Pourtant, le choix se fut long entre celle-ci et sa consoeur orange, ma couleur favorite... Pour l'occasion, j'avais sorti ma montre de collection, offerte par ma mère il y a quelques jours lorsque je reçus les résultats du concours et à mon poignet, elle brillait de fierté, comme moi. Je n'avais pas besoin d'en faire trop pour que les regards se retournent sur moi et ce, même si je n'avais pas spécialement envie de m'afficher. Le naturel payait toujours, contrairement à ceux qui jouaient un personnage pour se sentir exister.

Quoi qu'il en soit, il y avait certainement plus beau à regarder ce soir, mais je ne cherchais pas à plaire, même si dans la voiture de Shikamaru, Sakura et Kiba, surtout Kiba bien entendu, n'avaient cessé de me fustiger sur mon manque d'audace puisque je n'avais évidemment pas appelé Sasuke Uchiha pour nous accompagner. Oui, c'était vrai, depuis son passage à la gendarmerie trois jours plus tôt, je n'avais pas arrêté de penser à lui, à ses susurrations langoureuses et ses regards intenses. Bien sûr qu'il m'attirait, ce gars, et même si j'avais eu accès à ses coordonnées, étant donné qu'il me les avait laissé en tout début d'audition, mon éducation et ma conscience professionnelle m'obligèrent à ne pas les noter pour ne pas donner l'impression que je lui courrais après comme un mort de faim. Logique, puisque nous avions passé tout au plus une heure ensemble ! Il m'aurait pris pour un fou, un obsédé sexuel, sans doute ! Les coups d'un soir, je les épinglais par centaines... Je n'avais plus envie de ça. Parce que dans quelques mois, je fêterais mes 30 ans. Je voulais me poser durablement avec quelqu'un, avoir des projets, penser à faire des trucs tout bêtes, comme par exemple, ne serait-ce que partir en vacances à deux, ou improviser un dîner au restaurant à la dernière minute... Et dans l'hypothèse farfelue où le destin déciderait de remettre ce Sasuke Uchiha sur ma route et surtout, la base, qu'il soit intéressé par moi bien sûr, et si ce n'était pas le cas, eh bien, je devrais consulter d'urgence un bon ophtalmo, je voulais faire les choses bien avec lui. Prendre mon temps, apprendre à le connaître, lui laisser aussi l'occasion de me découvrir loin du commissariat et de mon quotidien infernal consacré uniquement à ma traque de La Cible. Honnêtement, je m'étonnais moi-même d'avoir déjà ce genre de pensées, alors que si ça se trouvait, ce type n'en avait rien à foutre de moi ! Peut-être même qu'il avait quelqu'un... Mais pourquoi aurait-il eu un tel comportement s'il était en couple ? Et puis, il était si jeune... Je devais juste être un vieux croulant à ses yeux... Ou pire, peut-être qu'il pensait que je cherchais un gigolo ?!

Target - NarusasuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant