TARGET - Chapitre 2

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« Putain de merde ! »

Ce double juron venait du fond du cœur. Et que le Kami tout-puissant me pardonne ma grossièreté.

Exaspéré, j'envoyais mon poing contre la surface plane de mon bureau branlant tandis que je regardais, impuissant, mon ordinateur subir un nouveau bug.

Ma boîte mail était figée depuis plusieurs minutes et je devais impérativement envoyer ce foutu rapport à mon commandant au sujet d'une pauvre bagarre sans conséquence, ayant eu lieu dans la nuit, et cela avant... 6h00 du mat'. Un soupir agacé m'échappa en réalisant que mon fichier ne partirait jamais dans les temps, puisque 6h00 était exactement dans... moins de deux minutes.

« C'est pas gagné... »

Après ma patrouille, j'avais passé le restant de la nuit à rédiger ce constat et il fallait qu'une panne informatique vienne, comme par hasard, tout gâcher. J'allais me prendre une branlée monumentale par Yamato, et j'étais quasiment certain qu'il allait m'enfermer à double tour dans la salle des pièces à conviction, sans lumières et en prime, en sa compagnie. Pire, je m'attendais déjà à ce qu'il me fasse le coup de la lampe torche, sa tactique d'intimidation favorite qui consistait à l'allumer sous son menton et à regarder fixement sa victime, les yeux exorbités, pendant de longues et interminables minutes. Un sketch plutôt bien ficelé et bien flippant pour punir les petits retardataires, comme moi par exemple. Il aurait fallu un miracle pour que j'y échappe. Mais comme je n'avais pas spécialement de chance... La preuve en était : le curseur tournait encore dans le vide alors que je m'acharnais comme un taré sur le bouton '' Envoyer '', quitte à défoncer ma pauvre souris sans fil.

« Yo, Naruto. Ça va comme tu veux ? »

Dépité, je levais le nez de mon écran pour voir arriver dans ma direction mon collègue et ami : Shikamaru Nara.

Shikamaru, c'était un peu le cerveau du poste. Intelligent, ingénieux, futé, clairvoyant... Bref, il avait toutes les qualités pour faire de l'ombre à notre général lui-même, sauf qu'au milieu de ce beau tableau, il y avait un énorme hic : Shikamaru était la définition même de la fainéantise. Ce n'était plus un poil qu'il avait dans la main, mais peut-être bien une forêt tout entière ! Je m'affalais contre le dossier de mon fauteuil et lui jetais un coup d'œil désespéré.

« Ah, salut Shika... Dis, dans ta super cervelle ultra-développée, t'aurais pas une solution pour résoudre les pannes d'ordi intempestives ? Parce que je dois envoyer mon rapport à Yamato, mais cette putain de boîte mail fait encore des siennes... »

« Désolé. J'ai peut-être un QI de 200, mais pour ton machin, je suis pas spécialiste... T'es dans la merde mon gars... Tu connais Yamato, s'il n'a pas son rapport à l'heure... »

« Je sais... » bougonnais-je. « Pourquoi notre unité est-elle toujours la dernière roue du carrosse ? Sérieux, y'a que chez nous que le Web plante une fois sur deux et c'est la loterie tous les jours... Faut faire quelque chose. »

« Bah, maintenant que tu es notre capitaine, t'as plus de poids dans la balance, tu devrais pouvoir convaincre facilement nos boss. »

Shikamaru se retourna, une main dans une poche, l'autre tenant son mug de café fumant sur lequel il soufflait doucement, tandis que je roulais des yeux en remarquant que Kiba Inuzuka venait de débarquer à son tour, avec ses éternelles Ray-Ban aux reflets bleutés sur le nez et sa sucette coincée dans la bouche... La tranquillité était finie.

Kiba, lui, c'était un jeune chien fougueux, rien à voir avec Shikamaru. Il débordait d'énergie constamment et je le soupçonnais de prendre deux, trois cachetons pour tenir le rythme de nos journées marathoniennes. Il n'était pas une lumière, mais il était déterminé, comme moi et ça, ça me plaisait chez lui. Il ne lâchait jamais le morceau, était passionné par son travail et ça nous faisait deux autres points communs. Par contre, ce que je détestais, c'était qu'il n'y avait pas plus rancunier que lui, et plutôt que de se réjouir de la réussite de ses collègues, il développait le fameux syndrome de la jalousie chronique. Et la raison du jour ? J'avais réussi le concours pour passer capitaine alors qu'il avait échoué. Ainsi, savoir qu'il était désormais aussi sous mes ordres, en plus du commandant Yamato le rendait particulièrement piquant.

Target - NarusasuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant