Chapitre 9

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Aïden

-Tu vas mieux ?

Je termine de me rincer la bouche et pose la brosse à dents dans le verre. Je réponds à Tom par un hochement de tête, la bouche trop pâteuse pour pouvoir prononcer un mot.

-Il fait trop chaud, soufflé-je en déboutonnant trois boutons de ma chemise. C'est normal qu'il fasse autant chaud ?

-Aïden...nous sommes à -3°C. Ça caille.

Il pose sa main sur mon front, l'air inquiet.

-Tu n'as pas l'air d'avoir de la fièvre. Pourquoi tu as chaud d'un coup ?

-J'ai besoin d'air.

Je sors brusquement de la salle de bain et m'assois dans mon fauteuil, transpirant à grosses gouttes. J'aperçois des formes devant moi mais j'arrive pas à distinguer ce que c'est.

Tom pose une bouteille d'eau et ma boîte de Ritrovil devant moi, comprimés que je m'empresse d'avaler, sentant la crise d'angoisse arriver à grande vitesse.

-Le mieux serait d'appeler un médecin.

-Non, je vais bien. J'en ai pas besoin, répondis-je à moitié endormi.

C'est pour cette raison que je déteste prendre ces médicaments. Les effets secondaires sont désagréables. Je ne suis plus du tout concentré, je deviens incohérent, mes muscles s'engourdissent et pleins d'autres effets indésirables.

-Olivia ? murmuré-je en plissant les yeux.

J'arrive pas à voir qui se trouve devant moi. Ma vision s'est encore plus floutée depuis tout à l'heure.

-Oui ?

J'arrive plus à parler, complètement drogué par mon anxiolytique.

-Ou le mieux serait de le laisser dormir ? On ne peut rien faire de toute façon vu l'état dans lequel il se trouve.

-Non. Je veux parler à ma psy, arrivé-je à prononcer.

Là, j'ai besoin d'aide ou je vais finir par me foutre en l'air. Je ne veux pas impliquer mes amis dans ça.

-Tout le monde sort, lance Tom.

-Tom, je veux que tu restes si ça te dérange pas.

-Non, bien-sûr que non.

J'aurais peut-être la force de parler si je sais qu'il est là avec moi. Il s'assoit en face de moi, passant sa main dans ses cheveux frisés. Je regarde le soleil éblouir sa peau noire bronzée, hoquetant silencieusement. Le téléphone collé sur l'oreille, l'envie de raccrocher me saisit.

Comme s'il a lu dans mes pensées, Tom me fait un sourire réconfortant.

-Ça va aller, t'inquiète pas.

Mon estomac se serre lorsque ma psy décroche.

-Aïden ! Ça fait longtemps.

-Oui, dis-je avec une bouche pâteuse.

-Pourquoi tu parles de cette manière ? Qu'est-ce qui ne va pas ?

Je reste silencieux, ne sachant pas quoi répondre. Tom fronce légèrement les sourcils même s'il reste impassible, histoire de ne pas m'influencer.

-Aucune idée, je ne sais pas quoi répondre.

Trop de choses se sont accumulées. Même moi, je ne sais plus ce qui m'arrive.

-Je te programme une autre séance. Cette fois, je ne veux pas que tu la repousses.

-Tu risques de m'envoyer à l'hôpital psychiatrique si je te raconte tout.

Cette fois, Tom perd toute son impassibilité.

Un silence se fait entendre et je l'entends soupirer à l'autre bout du combiné.

-Aïden, je t'ai promis que tu ne mettras jamais tes pieds dans un hôpital psychiatrique tant que je serai ta psy. Je ne vais pas rompre ma promesse, peu importe ce que tu me diras. Tu veux une séance ?

-Si ça peut m'aider à retrouver ma santé mentale, répondis-je sur le ton de l'humour. Parce que là, elle est tout aussi inexistante que la présence de mon véritable père dans ma vie.

Je croise le regard de mon meilleur pote qui a la bouche ouverte, interloqué. Je pouffe de rire, fier de moi mais je reprends mes esprits.

Maëlys soupire à nouveau.

-Je te donne rendez-vous le jeudi, ça te convient ?

-Oui.

-Tu as intérêt à venir.

-Il viendra.

-C'est parfait ! Bonsoir, Tom !

-Salut, Maëlys.

-Je n'ai aucune envie de mettre les pieds chez toi, finis-je par lui dire.

-Tu n'as pas le choix de toute façon. N'oublie pas que tu as la justice sur le dos.

-Je sais...d'accord, je serai là.

-À jeudi.

J'enlève mon téléphone sur mon oreille et le balance sur la table quand j'entends le bip.

-Bien joué ! s'exclame fièrement Tom. Tu vois que ça n'a pas été difficile ?

-C'est juste parce que tu étais là que j'ai eu autant de courage. Merci.

-Pas de quoi, Aïden. Tu as été là pour moi également donc c'est normal que je te rende la monnaie de ta pièce.

-Mais comment vous arrivez à me supporter en fait ? C'est incroyable. Je ne me supporte pas moi-même alors vous...waouh.

-Tu as l'air choqué, là, dit-il avec un ton amusé.

-Je suis choqué.

-Aucune idée, je t'avoue. Ça y est ? Les effets se sont estompés ?

-Oui, je crois bien. J'ai la dalle maintenant.

Il prend son téléphone et pianote son écran.

-Hé, mec. On commande ?

-T'inquiète pas, mon compte est gelé en ce moment donc je n'ai pas d'argent.

Il pose son coude sur la table et se penche légèrement vers moi.

-Est-ce que je t'ai demandé si tu avais de l'argent ?

Un silence s'installe.

-Qu'est-ce que tu veux manger ?

-Une grosse pizza au chorizo. Je t'aime, mec.

Il sourit lentement et continue de passer la commande.

-Je vais te rembourser.

-Arrête de dire des bêtises.

-Tu es trop gentil, Tom. Je te mérite pas sincèrement. Je ne vous mérite pas.

Il éclate de rire.

-Je rêve ou tu me fais une déclaration, là ?

-Rigole pas, je suis sérieux. Vous êtes incroyable.

-Toi aussi, mec.

Quelques minutes plus tard, l'une des secrétaires arrive avec plusieurs cartons de pizzas dans les mains. Tom les récupère puis très rapidement, nous déballons un sachet.

Nous "trinquons" avec nos pizzas avant de taper un croc à l'intérieur.

𝐀Ï𝐃𝐄𝐍.𝐓𝟐Où les histoires vivent. Découvrez maintenant