Je publierai un chapitre de cette histoire tous les jours jusqu'à ce qu'elle soit terminée ! Tout est déjà écrit, mais n'a pas été corrigé ou réécrit, donc il est possible que vous y trouviez quelques fautes et menues incohérences. Je publie cette histoire pour les gens qui me l'ont demandée ; il s'agit d'une petite romance douce et sans prise de tête, un petit bonbon sucré qui fond dans la bouche. J'espère que vous l'aimerez ! N'hésitez pas à voter et commenter pour me soutenir.
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Mettre la main sur une pilule du lendemain un dimanche matin, même au cœur de Londres, pouvait s'avérer complexe. Samuel expérimentait cette épreuve pour la toute première fois ; il n'avait pas assez de coups d'un soir pour que la capote craque régulièrement. En fait, ça ne lui était jamais arrivé... Jusqu'au petit accident de la veille. Il avait paniqué pendant quelques secondes, mais Eleanor s'était contentée d'un petit rire musical et lui avait assuré qu'ils règleraient ce problème le lendemain.
Elle avait réussi à le distraire sans la moindre difficulté, avec ses boucles couleur de feu et sa peau parsemée d'étincelles. Hélas – pour lui – l'euphorie n'avait pas duré et la réalité le rattrapait : ils avaient besoin de trouver cette fichue pilule. Aucune des quatre – quatre ! – pharmacies à proximité de chez lui n'était ouverte, et il ne voulait pas attendre encore jusqu'au lundi. Il avait lu assez d'articles sur la contraception féminine pour savoir que le médicament devenait très vite moins efficace. Même Eleanor, jusqu'ici un modèle de calme et d'assurance, fronçait les sourcils avec une inquiétude manifeste.
— Tout ira bien, dit-elle pourtant entre ses dents serrées. On va finir par trouver.
Des années d'amitié, et Samuel ne parvenait toujours pas à déterminer si elle y croyait vraiment ou si elle voulait le rassurer. Sans doute un peu des deux. Elle pensait toujours à rassurer les autres. Cela faisait partie des traits de son caractère qu'il admirait le plus, et qui avaient entretenu son intérêt amical pour elle.
Leur relation avait commencé sur un malentendu. Il n'avait eu aucun moyen de deviner qu'elle étudiait dans l'université où il enseignait lors de leur rencontre. Son regard n'avait su se détacher de sa silhouette découpée à contre-jour devant la fenêtre de la London Library, mais s'il s'était assis à sa table, c'était parce que toutes les autres étaient occupées. Il ne regrettait absolument pas d'avoir fait ce choix plutôt que de se réfugier chez lui ou à un autre étage, comme il le faisait toujours.
— Le signe est allumé là-bas, non ?
Il plissa les yeux dans la direction qu'elle pointait du doigt. Sans ses lunettes, c'était dur à dire. Sa vue de loin laissait à désirer... Mais lui aussi distinguait une lueur au loin, le genre qui ne pouvait qu'appartenir à des néons. Il posa une main dans le creux du dos d'Eleanor, essayant d'ignorer comme son cœur s'emballait à ce léger contact, et ils se dirigèrent dans cette direction d'un même pas.
Cinq minutes, deux phrases remplies de jugement d'un pharmacien et quelques livres sterling plus tard, ils se trouvaient enfin en possession du précieux sésame. Samuel avait été furieux d'entendre l'insulte voilée et le mépris dans la voix de l'homme qui tenait le comptoir, mais il savait aussi que cette colère ne lui appartenait pas : c'était à Eleanor qu'il s'était adressé, et Eleanor qui l'avait ignoré avec la grâce d'une reine. Il la vit sortir une petite bouteille d'eau de son sac à main, lui tendit la pilule blanche et la regarda l'avaler. Son sourire quand ce fut fait, si doux et soulagé, donna envie à Samuel de lui proposer de rester, mais il retint les mots avant qu'ils ne lui échappent. Il n'était pas amoureux, et ils avaient un accord. Une nuit, une seule, puis elle rentrait à Édimbourg. Son père l'attendait de toute façon.
— Est-ce que tu veux que je t'appelle un taxi ? demanda-t-il d'une voix à peine audible par-dessus le trafic. Je peux payer la course jusqu'à ton appartement puis jusqu'à la gare, si ça t'arrange.
Elle sembla hésiter, le front plissé et le regard fuyant, mais finit par hocher la tête. Ils marchèrent en silence jusqu'à une station de métro, où deux taxis d'un noir laqué attendaient des clients. Samuel fit signe au plus proche, puis laissa Eleanor s'installer sur la banquette arrière et s'arrangea en quelques mots avec le chauffeur, à qui il donna un généreux pourboire. Autant que ces années passées à travailler sans dépenser servent enfin à quelque chose, pas vrai ? Il recula d'un pas sur le trottoir, fourra ses mains dans ses poches puis les en retira en fronçant les sourcils. Il essayait d'arrêter avec cette mauvaise habitude.
Son cœur enfla de bonheur et de nostalgie – déjà – alors qu'Eleanor lui souriait avec un petit signe de la main. Le taxi démarra et s'éloigna. Samuel, lui, tenta de se convaincre qu'il ne suivait pas la voiture noire des yeux comme s'il espérait s'y trouver aussi... et échoua.
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Le Sourire d'Eleanor
RomanceLa vie de mère célibataire est tout sauf facile, mais Eleanor la préfère de loin aux alternatives. Laisser un homme s'installer dans son quotidien et poser ses sales pattes maladroites partout ? Non merci ! Pourtant, quand le hasard la place à nouve...