Chapitre 1 : Le cauchemar

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Dans un monde parallèle...

Où suis-je ? Qui suis-je ? Le noir s'empare de moi comme un feu me consumant peu à peu. Le froid, lui, fait trembler chacun de mes membres qui semblent vouloir me quitter et m'abandonner à mon triste sort. J'essaye d'observer autour de moi, mais que pourrais-je voir dans l'obscurité ? Dans un monde sans lumière ? J'ai l'impression de ne pas être à ma place. J'ai l'impression que le monde a autre chose à m'offrir. Je ne peux pas rester ici ! Au même moment, une lueur apparait devant moi. Je l'observe sous toutes ses coutures, et j'ai la forte impression qu'elle souhaite que je la suive. Méfiante, je m'avance vers cette forme spectrale sans comprendre ce que c'est, ou ce qu'elle attend de moi. Au fur et à mesure de mon avancée, je découvre une deuxième lueur, deux fois plus grande que la première et qui semble la câliner, comme une mère le ferait avec son enfant... Je les observe l'air attendri, me demandant qui elles pouvaient être. Semblant se prendre par la main, elles se remettent à marcher et je les suis, n'ayant que leur halo de lumière comme point de repère. Après quelques secondes de marche, un sentiment d'angoisse grandit en moi, me donnant l'impression de suffoquer pendant que ma vision s'embrouille, suivi par mon esprit. Mais alors que je pensais m'évanouir, je sens quelque chose, ou quelqu'un, me retenir de tomber, au même moment où les deux êtres de lumières se tournent dans ma direction. Mon corps se fige pendant de longues secondes lorsque je réalise que ce n'est pas moi qu'ils regardent, mais bel et bien la chose qui me retient. Je bondis hors de son étreinte et me retourne vivement dans sa direction, pour réaliser que c'est un géant lumineux qui me fixe. Tout comme les deux autres, je n'arrive à discerner aucune partie de son corps ou de son visage. Il n'y a qu'une lumière, presque aveuglante, que j'hésite à fixer par peur de sombrer dans l'obscurité pour toujours. Ayant de plus en plus de mal à respirer, mon cœur battant à toutes rompre dans ma poitrine, je me demande si je ne frôle pas la crise d'angoisse alors que les trois êtres se rejoignent. Et contre toutes attentes, les voir côte à côte m'apaise... Tout mes tracas semblent s'envoler d'un claquement de doigts, partant en fumée, loin de moi. Je les regarde et les larmes me montent aux yeux, sans que je ne comprenne pourquoi. Le monde semble s'effondrer sous mes pieds, et pourtant, je ne tombe pas. Une famille. Voilà ce qu'ils sont. Sans visage, sans corps, sans genre... Juste une famille aimante et rayonnante de bonheur. Alors qu'une larme coule le long de ma joue, la plus petite lueur s'approche de moi et me tends ce qui semble être sa main. Je devrais peut-être avoir peur mais il n'en est rien. Je pose ma main dans la sienne, et une lumière aveuglante jaillit de son corps, me rendant totalement aveugle. Lorsque mes yeux peuvent enfin se rouvrir, ce que je vois me coupe le souffle. J'aperçois un monde verdoyant, où les oiseaux virevoltent dans les airs en chantonnant, ou les plantes ont toute la place qu'elles désirent pour pousser. Le spectacle est magnifique. Et au plus profond de moi, je me dis que si le paradis devait exister, il ressemblerait exactement à cet endroit. Prise d'un sentiment de bien-être, l'ascenseur émotionnel passé, je me mets à courir les cheveux au vent dans ce paradis découvert. Je côtoie arbres et rivières, les fleurs venant chatouiller mes chevilles, pendant que biches et cerfs m'observent en silence, une pointe de jugement dans leurs regards. Qui serait assez fous pour vouloir quitter cet endroit ou le changer ? La réponse ne se fit pas attendre. Plusieurs âmes apparurent devant mes yeux : des êtres humains. Et le cauchemar commença. Je sentis les pulsations de mon sang battre dans mes oreilles, en rythme avec les coups de haches qui détruisent les premiers arbres. Premiers d'une longue liste. Mon cœur manqua un battement à chaque tir au fusil, terrifiée à l'idée de voir un animal tomber sous son coup. Certains prirent la fuite, d'autres essayèrent de jouer au héros, mais à la fin, aucun n'arriva à survivre. Et moi pendant ce temps ? Je les regarde faire, tétanisée à l'idée de bouger et de me prendre une balle perdue. Horrifiée de voir mon oxygène disparaître. Mais je reste immobile. Les cris déchirants des animaux perdant leurs femmes et enfants vont me hanter pour le restant de mes jours, et pourtant, je n'arrive pas à m'interposer. Je suis impuissante. Comment pourrais-je me battre contre eux alors qu'ils ont tout et que je n'ai rien ? Je voudrais tenter de crier, de leur dire d'arrêter ce massacre mais comment ma voix pourrait-elle percer au milieu de cet enfer ? Comment ?... Je croise alors le regard des êtres lumineux et je sens que leurs auras perdent de leur éclat au fur et à mesure que le temps passe. Mes larmes, que je tentais de retenir jusque-là, finissent par noyer mes joues alors que je les supplie de me dire quoi faire, de me donner le pouvoir d'arrêter tout ça. Mais ils restent muets, abattus et les deux plus grands finissent par me tourner le dos pour disparaître dans un ciel rouge sang. Tombant à genoux face à mon désespoir, trop pesant pour mes fines épaules, je n'ose même plus lever les yeux, les fermant en essayant de me convaincre que tout ceci n'est qu'un cauchemar qui n'a jamais eu lieu. Mais alors que je pensais tout espoir évanoui, je sens une chaleur réconfortante caresser mon épaule et je relève mon regard plein de larmes, pour croiser celui du petit être qui n'était pas parti. Et je le vis sourire. Un sourire triste, déchirant mais un sourire plein d'espoir. Son aura pris une teinte de vert alors qu'il vint approcher sa « tête » de la mienne.

Essaye, s'il te plait...

Il n'avait pas parlé, j'en étais persuadée ! Mais ses mots résonnèrent en moi comme un carillon de noël alors que je le fixe bouche bée, les yeux ronds comme des soucoupes et le vois devenir de plus en plus flou. Je tente de m'accrocher à lui, tout ceci étant trop dur pour moi, ne comprenant pas ce qu'il voulait me dire par là, mais il était déjà trop tard... Tous mes souvenirs disparurent et mon cri de désespoir se transforma en cri de nourrisson, découvrant le monde, un autre monde, pour la première fois.

Tersia, Terre des DûhOù les histoires vivent. Découvrez maintenant