Prologue

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Je ne sais pas vous mais je me suis souvent posé la question « qui choisit qui doit vivre ou mourir ? ». Dans mon monde, certains vous diront que ce sont les esprits, appelés les Dûh, qui sont tout autour de nous. Ces êtres immortels dotés de pouvoirs puissants, qu'on ne peut ni comprendre, ni concevoir. Ils sont à l'origine de notre monde. L'un a donné vie aux océans, l'autre à la nature, et le plus jeune aux êtres vivants... Ce dernier a fait une belle erreur en nous créant si vous voulez mon avis. Il nous a créé plein de cupidité, avide de pouvoir et de vengeance. Et je ne fais pas exception à cette règle... Ni mon père d'ailleurs, si je peux lui donner ce titre. Il est la deuxième réponse possible à ma question. En effet, il est le Roi Nidas, fils du défunt souverain Ridas et gouverneur des 6 Terres de Tersia. En mon monde, il est ce qui se rapproche le plus d'un dieu, pour certains. Ils ne jurent que par lui. Respirent que pour lui. Et ne parlent que de lui. Mais ils se trompent tous. Cet homme est un monstre et je suis sa bâtarde, Lyra. Il n'a jamais voulu de moi, ma mère n'étant qu'une domestique qu'il a voulu conquérir le temps d'une nuit pour assouvir ses pulsions sexuelles. Ce qu'il n'avait pas prévu, c'est que ma mère était une femme fertile, contrairement à 90% de la population féminine de notre peuple, les Tersiens. Et à vrai dire, lorsque vous avez ce statut en tant que femme, vous êtes automatiquement rattachée à la royauté ou la noblesse. Certaines préfèrent fuir dans les campagnes, ne voulant pas finir comme un objet de convoitise pour les hommes nobles et d'autres acceptent les bras tendus ce nouveau statut qu'elles considèrent comme une bénédiction. Mais si ma mère était une femme si précieuse, pourquoi ne l'a-t-il pas gardé à ses côtés ? Parce qu'il était déjà marié. Et que notre Roi à Tersia a obligation de montrer l'exemple en n'ayant qu'une seule femme au cours de sa vie. C'est notre loi. Un amour unique, un mariage pour la vie... Nos convictions tournent autour de l'idée d'âme sœur. Vous vous doutez donc que le Roi était en infraction, mais ma mère encore d'avantage. Elle était une maîtresse, l'un de nos péchés capitaux, punis par la mort... Nidas n'en fit part à personne, voulant très certainement garder ma mère sur le coude pour l'un de ses soirs pleins d'ennuis mortels. Mais lorsqu'elle lui annonça sa grossesse, la peur le prit de cours. Sa réputation allait être salie mais pire encore, j'étais son aînée et donc la légitime héritière. Qui voudrait d'une héritière, souillée dès la naissance car bâtarde d'un Roi déchu ? Sûrement pas mon père. Mais il ne pouvait pas se résoudre à nous faire exécuter non plus, très certainement parce que j'étais pour le moment sa seule enfant, et comme tout Roi, il se refusait à prendre le risque de mourir sans descendance. Il fit donc appel à un de ses fidèles amis, son bras droit et conseiller, Messire Hubert de la Deuxième Terre. Un homme bon, il paraît... Il décida de cacher ma mère ainsi que sa progéniture maudite, à condition que le Roi offre la main de sa première fille fertile à son fils aîné. Le Roi accepta la proposition, reconnaissant, et nous dûment nous cacher à l'abris de tous les regards, travaillant en tant que servantes pour la famille de Messire Hubert jusqu'à mes 16 ans. Si seulement les choses avaient pu rester aussi « simples » ... 

Tersia, Terre des DûhOù les histoires vivent. Découvrez maintenant