Chapitre 1

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Du verre brisé, des assiettes fissurées, du bois écartelé... Voici tout ce que l'on peut trouver dans cette maison qui autrefois n'accueillait que des rires, de la joie et de l'amour.

Cela fait maintenant six mois que je l'ai quittée. Six mois que j'ai quitté l'enfer de ma vie. C'est pendant l'été 1990 que mon calvaire a commencé. C'est à ce moment-là que toutes les personnes qui m'étaient le plus chères ont cru que j'avais tué mon frère. Que je l'avais assassiné. Je ne l'ai pas fait.

Nous ne faisions que jouer. Nous avions fini par aller trop loin. Nous avions voulu piéger un chasseur dans les bois et nous imitions tous les bruits qu'une biche était capable de faire. Nous avions utilisé toute notre imagination pour reproduire tous ces bruits. Le crissement d'un buisson, les pas de l'animal courant sur l'herbe, des empreintes... Tout ce que nous avions fait ne pouvait aboutir qu'à une réussite... Mais le destin en avait décidé autrement. Mon frère... il trébucha sur une racine, mais avant de tomber, j'entendis un coup de feu, puis un cri étouffé. Mon frère, mon double, est tombé à terre. Et ce chasseur de malheur est sorti de sa cachette, m'a regardé, a déposé son arme, et s'est enfui.

Et qu'a-t-il fait ? Eh bien il est parti chercher ma mère, notre mère, et lui a raconté que je lui avais volé son arme, que j'avais tiré... J'ai eu beau me défendre, elle ne me croyait pas, et désormais ma famille me témoignait toute la haine que l'on pouvait témoigner à quelqu'un. Elle a fini par me transmettre cette haine, ce sentiment qui fait qu'on ne tourne en fait jamais la page. Mais maintenant c'est trop tard. Je suis parti.

Un compagnon de voyageOù les histoires vivent. Découvrez maintenant