L'existence

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Si la sensation d'exister passe par le regard de l'autre.
Ce moment où ton regard croise celui de l'inconnu, où l'espace d'un instant, il semble te reconnaitre, il t'incorpore  dans sa réalité, sans que tu n'y consente.
Il te vois, fait de toi ce qu'il interprète de sa perception de toi.
Et, persuadé de savoir qui tu es, est-il alors encore possible d'admettre que tu ne sera peut être jamais véritablement toi tant que l'autre te verra, comme si son regard lui occtroyait le droit de te posséder.
De de par le fait de sa reconnaissance,  il t'accorde la possibilité de t'intégrer dans sa réalité, dont il est persuadé qu'elle est unique.
Faut il alors  fermer les yeux pour n'appartenir plus  qu'à soi, sans plus pouvoir être asservi par l'image que l'on suggère à notre esprit. 
La dépendance affective par exemple, induite par des carrences et des traumatismes dans l'enfance. Enfant, on n'a pas agit envers l'enfant de sorte à ce qu'il soit correctement intégré. Utilisé comme un objet dont on se sert sans reconnaitre qu'il est un être pensant ayant la capacité de ressentir , il n'est qu'une chose. Surement parce qu'il n'est pas en capacité de verbaliser.
Ce qui ne peut s'exprimer n'existe pas vraiment?
Un enfant, pour beaucoup, n'est pas encore un être humain, c'est un enfant, il est un bien que l'on possède.
Pour qui pense de cette façon, l'empathie ne peut alors exercer sa fonction correctement, ce qui donne à l'individu la sensation d'avoir tout les droits sur l'enfant.  
Cependant sans lui reconnaitre le statut d'être sensible, on lui a tout de meme reconnu une fonction, une utilité Il subsiste alors un contact, un rapport à l'autre. Ce qui aura pour conséquence de l'inclure partiellement dans cette réalité, qu'il n'integrera par conséquent, jamais comme étant sienne. Il y aura toujours une discordance entre ce que l'autre percoit de lui qui fait qu'il existe comme être humain. Et la façon dont il se perçoit lui meme, il existe, en objet
L'inconnu le perçoit comme un être à part entière, ici le point de concordance étant le fait qu'il est reconnu. Mais il ne le percoit pas comme un objet, ici le point de discordance.
Cette ambivalence  laissera l'enfant dans un entre deux, comme si sa présence dans cette réalité, était au final ce qui pour un autre, un croyant, serait apparentée aux limbes.
  Pour imager, il y a eut ces expériences faites sur des nourrissons. Ceux ci étaient nourris, avaient le necessaire pour vivres, tout en étants privés de liens, d'affection, de contact, de reconnaissance. Ils sont décédés. Personne ne les avaient reconnus comme des êtres pensants.  Ils n'avaient alors probablement pas pus acquérir la sensation d'exister. Puisqu'on ne leurs avaient pas reconnus, ni la faculté de penser, ni celle de ressentir, ni même aucune utilité.

Je me demande alors,  est ce que j'ai fermé les yeux pour me trouver, être entier. Je me demande, suis je entier, les différents morceaux assemblés. Ou bien as t-il fallu anhihiler certaines parties, pour qu'il n'en subsite plus qu'une. Est ce que j'ai quelque chose en moins, avec l'illusion d'être entier, alors que je suis simplement seul. Ou bien suis je véritablement complet.
L'idée  de ne pas être complet, et à l'inverse n'être au final plus qu'une petite partie. C'est peut être ce qu'il faut, se séparer petit à petit de ce qui nous compose, pour n'être plus que transparant. Disparaître aux yeux de l'autre, pour disparaître graduellement pour soi même. La renaissance passant par l'anéantissement. Perdre quelque chose pour se souvenir de son existence. Exister apres avoir atteint un état  de "rien", ne plus avoir de consistance, qu'il ne subsiste rien de "palpable", s'affranchir de son identité.
Pourtant, meme si cette reflexion m'apparaît comme être juste, je ne vois pas comment parvenir à ça. Malgré ma réflexion, j'ai la sensation que quelque chose manque, ou  que je ne traite pas correctement,  ce qui fait que je n'adhère pas totalement, ou, en tout cas que je ne parviens pas à intérieuriser. 
Je ne sais pas si c'est dû au fait que je ne suis pas encore prêt, si ma pensée s'est faite avant que je ne sois en mesure de la comprendre et l'accepter.  Ou si c'est mon intuition qui me souffle que quelque chose sonne faux.
Peut être est ce parce que je ne peux pas nommer certaines  idées  qui se forment dans mon esprit par manque de langage? Si quelque chose ne peut etre nommée, c'est donc qu'elle depasse l'imagination, ne pouvant être conceptualisée avec  justesse, relevant plutot du domaine de l'intuition, du ressenti interne,  si abstrait qu'il n'aurait pas la moindre forme, le moindre son, le rendant ainsi impossible à rendre concret.

Maux à Mots d'un Borderline Où les histoires vivent. Découvrez maintenant