A la croisée des destins

Départ imminent

M. Nanami et moi avons pris un taxi pour regagner la gare le plus vite possible.

Nous roulions sous les douces lueurs orangées du soleil qui continuait de se lever dans un agréable silence matinal.

M. Nanami regardait le ciel à travers la vitre, accoudé sur le rebord de celle-ci

J'étais tellement heureuse qu'il puisse m'arriver quelque chose d'aussi surprenant dans ma vie, cela avait cassé la routine ennuyeuse qui s'était installée dans mon quotidien. Je n'ai pu m'empêcher de sourire

Je me souviens du premier jour où monsieur Nanami était venu au café, c'était un après midi. Tous les regards étaient tournés vers lui ; il avait par sa simple présence, capté tous les regards

Il faut dire aussi qu'il se démarquait tellement des autres, il était droit, classe, bien coiffé et tellement poli... le coup de foudre, tout simplement.

J'ai prié pour qu'il revienne à nouveau. Je vous laisse imaginer ma joie lorsque je l'ai vu le surlendemain matin. Depuis, il venait tout les jours, agitant ainsi mes émotions et mes sentiments. Il était l'une des raisons qui me poussaient à me lever tôt pour ce job

Perdue dans mes pensées, je n'avais pas remarqué que monsieur avait tourné la tête vers moi depuis plusieurs secondes... Moi qui avait le regard inconsciemment fixé sur le bleu nuit de sa chemise, un sourire niais sur les lèvres

J'ai immédiatement levé les yeux vers lui, incapable de dire quoi que ce soit

Il jeta un coup d'œil à sa chemise avant de relever les yeux vers moi en souriant légèrement

« Un problème ? »

« Non monsieur !! » ai-je répondu, extrêmement embarrassée

J'ai rapidement baissé la tête en fixant mes chaussures et en me tenant les mains

J'ai soupiré intérieurement, excédée par mes rêveries incessantes

Cela faisait maintenant plus de dix minutes que nous étions coincés dans les bouchons. Nous n'étions plus très loin de la gare mais nous n'avancions plus du tout

M. Nanami regarda sa montre avec contrariété

« On risque d'être en retard » me dit-il en retirant sa ceinture

« On va descendre ici » dit-il au taxi en lui tendant plusieurs billets

« Aurevoir » ai-je dit au chauffeur en sortant de la voiture avant de retrouver M. Nanami

Nous étions encerclés par les voitures et par la terrible odeur de pollution

« Prête à courir ? » me demanda-t-il en refermant le bouton de sa veste

« Ouais, je pense » ai-je dit en riant légèrement

« Bien, suis-moi » me lança-t-il avant de se mettre à courir

J'ai immédiatement arrêté de rire en voyant la vitesse à laquelle il allait

J'ai essayé de le suivre tant bien que mal mais ma condition physique n'était vraiment pas au point pour ce qui était en train de se passer

Nous contournions les voitures encore immobiles. Ceux de derrière klaxonnaient les voitures de devants comme si cela allait faire disparaître les bouchons

Honnêtement, j'espérais que la situation allait rester telle qu'elle jusqu'à ce que Nanami et moi puissions sortir de ce labyrinthe de véhicules

J'ai accéléré pour finalement réussir à le rattraper

« Ahhh !! »

Putain, j'ai faillit me casser la cheville !

J'ai pris une grande inspiration pour dissiper la frayeur que je venais de me faire, ma cheville s'était tordue dans ma course mais il eut plus de peur que de mal

« Ça va ? » me demanda Nanami en ralentissant

« Oui oui » ai-je dis entre deux souffle avant d'ajouter

« Tout va bien »

J'ai continué de courir malgré une légère douleur mais c'était largement supportable 

Après une course effrénée, nous avions finalement réussi à arriver à temps à la gare

Nous nous sommes rapidement installés ; le train a démarré peu de temps après notre arrivée

Nous étions essoufflés ou plutôt, j'étais très essoufflée, M. Nanami lui semblait avoir récupéré depuis longtemps et avait déjà repris son journal

Le début du trajet me rendit légèrement malade et le fait que je sois juste à côté de la fenêtre ne m'aida pas du tout, j'avais la tête qui tournait et de légers frissons, sans parler de ma douleur à la cheville qui devenait de plus en plus forte

Alors que le malaise me gagnait de plus en plus, atteignant ma vision, j'ai décidé de me lever pour sortir un instant

« Je reviens » ai-je lancé à M. Nanami en passant difficilement ma jambe par-dessus les siennes

« Tout va bien ? » me demanda-t-il l'air soucieux

Je n'ai pas eu la force de lever ma deuxième jambe, je voyais de plus en plus flou et les bruits autours de moi me paraissaient lointains

Je me suis appuyée sur le dossier du siège de M. Nanami en essayant de garder les idées claires, en vain, je me suis contentée de baisser la tête face au peu de gêne que je pouvais encore ressentir face à cette position

M. Nanami, inquiet, m'appela par mon prénom plusieurs fois en attrapant mon menton mais j'étais incapable de lui répondre, je ne pouvais même plus voir son visage nettement. Seules quelques formes floues qui se dédoublaient et s'entremêlaient occupaient mon triste champ de vision

Je me suis sentie tomber sur les genoux de M. Nanami et ma tête lourde que je n'arrivais plus à supporter heurta son épaule

Un son assourdissant comme un « biip » raisonna dans ma tête ; j'avais froid, très froid...

Gold0xygen <3