Chapitre vingt-huit

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-          Je n'arrive pas à y croire, tu ne peux vraiment pas garder ta langue dans ta bouche ? Mais qu'est-ce que tu cherches à la fin, qu'est-ce que tu veux prouver ? Explique moi, parce que je ne comprends vraiment pas. Je suis toujours là à prendre ta défense, à essayer de convaincre les gens que tu n'es pas la salope qu'ils s'imaginent et toi, toi, tu...

-          Karim, je pense que ça suffit.

-         Ferme là toi. Je ne t'ai pas adressé la parole. Tu crois la connaître mieux que moi ? J'ai une nouvelle pour toi, Adrien : tu l'as peut-être bien baisé pendant plusieurs mois mais tu ne l'as connaît absolument pas.

La coupable restait là, interdite. Elle observait le tableau que représentaient ces deux garçons se disputant pour elle, ou à cause d'elle. D'un côté, son meilleur ami, le seul à avoir toujours été là pour elle malgré ses crises et son manque de remerciement. De l'autre, le garçon dont elle était amoureuse. Et si d'ordinaire, Karim aurait été celui qui l'aurait défendu, aujourd'hui ce n'était pas le cas. Elle voyait dans son regard, une déception profonde. Elle l'avait blessé, une fois encore. Un troisième acteur prit alors place dans la lutte : Raphaël. La brune ne put s'empêcher de penser qu'il ferrait mieux de se taire, les coupables n'étant jamais vraiment les bienvenus lors du dépôt de plainte. Elle mourrait d'envie de lui en coller une avec pour espoir que cela suffît à arrêter ses propos. A la place, elle restait silencieuse, honteuse. Finalement, Karim quitta les lieux d'un pas déterminé qui fit comprendre à Félise qu'il ne souhaitait plus rester dans la même pièce qu'elle ne serait-ce qu'une seconde. Elle avait mal, terriblement. Pour la première fois, elle sentait son meilleur ami lui échapper, leur amitié était blessée, véritablement blessée. Elle revoyait le regard empli de déception de son Karim, c'était telle une lame enfoncée dans son cœur. Les larmes lui vinrent alors et pour la première fois, Félise s'autorisa à pleurer devant un public. Bien sûr, Adrien avait déjà vu son visage bouleversé par les larmes mais Raphaël, lui, découvrait une toute nouvelle Félise. En réalité, Félise elle-même se découvrait. Les deux garçons restèrent d'abord immobiles, troublés par cette situation soudaine et surtout par la sensibilité dont la brune faisait preuve. Finalement, Adrien s'avança vers elle et la prit dans ses bras. Son comportement a lui ne s'expliquait pas non plus. Il ressentait le besoin de la protéger, sans doute parce qu'il voulait protéger leur fille qui grandissait en elle. Non, ce serait se mentir, il voulait la protéger parce qu'il l'appréciait, oui, il l'appréciait. Depuis qu'elle lui avait livré ses secrets, il ne voyait plus en elle la garce prétentieuse et égoïste qu'il voyait autrefois. Félise était devenue cette fille sensible qui manquait d'affection. Elle avait beau être fière et forte, il n'en demeurait pas moins qu'elle avait besoin de lui, de lui et de Karim, de Clémentine et peut-être même de beaucoup d'autre personne. Elle avait besoin d'être écouté et comprise, et même si Adrien n'avait jamais était la meilleure personne pour aider les gens, il resterait là, à l'écouter s'il elle le demandait. Finalement, peut-être que lui et elle n'était pas si différent. Ils se mentaient a eux même constamment, et si Félise avait apprit a avancer et à laisser parler son cœur, il était tant qu'Adrien en fasse de même. Alors non, il n'était pas là uniquement pour Aloïse. Non, il était là parce qu'il tenait Félise, ça lui semblait maintenant une évidence. Avec toutes les épreuves qu'ils avaient eut à passer, ils s'étaient rapprochés et étaient même devenus amis. Le jeune homme resserra son emprise sur le corps tremblotant de la brune, cherchant à lui témoigner tout ce qu'il avait compris ce soir mais qu'il n'oserait certainement pas lui dire.

-          Je crois qu'Aloïse est la meilleure chose qui pouvait nous arriver, elle va nous sauver.

-          Elle nous a déjà sauvé.

?

La jolie blonde récupéra sa valise avant de quitter l'établissement. Son visage avait retrouvé ce délicieux sourire qui lui offrait ses airs angéliques. Depuis son arrivé en France, elle se sentait revivre. Certes, elle était a nouveau à des milliers de kilomètre de sa mère mais après tout peut-être ne l'aurait elle même pas retrouvé en restant au Mexique. Son téléphone vibra alors, affichant un nom qui fit immédiatement sourire la jeune femme. « Je suis très très très en retard, ne pars surtout pas, j'arrive ! » Où voulait-il donc qu'elle aille, elle était seule et a pied. La blonde s'installa alors sur un petit banc de pierre et mit ses écouteurs dans les oreilles. Après une rapide recherche, son choix se porta sur une chanson au rythme plutôt énergique qui lui permettait d'entendre cette voix qui lui manquait tant. Si pour certain ces aigus et ses petits dérayages pouvaient passer pour des braillements, dans les oreilles de certains autres, ils devenaient de véritables merveilles. La jeune femme se délectait de ces sons originaux qui la faisait sourire et lui donner envie de sauter dans tout les sens, comme si sa vie en dépendait. Deux bras vinrent alors entourer le petit corps de la blonde qui se retourna aussi tôt. Devant elle se trouvait un très charmant jeune homme aux boucles ravageuses. La blonde afficha un immense sourire avant de se jeter dans les bras du nouvel arrivant. Là, elle se sentait revivre, c'était comme si elle retrouver une part d'elle. Si depuis son départ pour le Mexique, elle n'avait cessé de se cacher dans le but de ne pas gâcher le plaisir de son charmant guitariste, elle se sentait maintenant à nouveau elle et elle avait bien l'intention de le rester. Elle n'était plus contrainte a garder ses émotions en elle, elle était désormais libre d'aimer ce qu'elle voulait ? et peut-être même qui elle voulait -. Il en était fini des attentes toujours trop longues et des activités qui l'intéressait si peu mais que Félix chérissait tant. C'était comme si la jeune femme venait de perdre des dizaines de kilos en trop, elle se sentait légère, enfin. « Alors qu'est-ce que j'ai raté pendant mon séjour de l'autre côté de l'océan ? » A l'entente d'une telle question, le jeune homme se reteint de rire. Elle avait raté beaucoup, en effet, mais il n'était pas sûr de vouloir parler de tous les rebondissements auquel il avait eu droit. « Tu vas très vite comprendre. » Se contenta-t-il alors de répondre, en passant son bras par-dessus l'épaule de la blonde avec un petit clin d'œil complice. Les deux jeunes gens se dirigèrent ainsi vers le véhicule du garçon, garé à quelques mètres de là sans jamais retirer le grand sourire qui était affiché sur leurs visages. Si elle était soulagée de retrouver son ami, lui ne l'était pas moins. Adrien avait retrouvé Rose. Il avait retrouvé sa complice, sa confidente, son amie ; Comme la petite étincelle qui illumine notre vie même quand tout semble si sombre.

-          Alors c'est ici que tu vis ?

La brune répondit d'un charmant sourire avant de diriger son nouvel ami vers la salle de séjour. Aujourd'hui, Joyce avait décidé d'inviter Félix à manger un bout. Elle avait en effet appris que sa jolie copine l'avait quitté et qu'il se retrouvait maintenant seul. De plus, elle avait bien remarqué que son moral n'était plus au beau fixe. Ainsi, elle avait pensé qu'il était préférable de ne pas le laisser seul avec ses démons et qu'un peu de compagnie lui ferrait sûrement du bien. Certes, elle n'était pas ces gars géniaux dont il lui avait si souvent parlé, elle était encore moins cette petite blonde dont il était tant entiché mais enfin, elle était plutôt de bonne compagnie. Le jeune homme observait la décoration de la salle comme fasciné. Il s'attardait sur chaque tableau, chaque lampe et chaque cadre. Car il est vrai que la brune en avait beaucoup, des cadres, chacun présentant les divers moments de sa vie qu'elle ne voulait absolument pas oublier. Ainsi, elle expliqua que cette photo là avait était prise lors de vacances en Espagne avec sa famille, alors qu'elle était encore toute jeune. Celle là provenait d'une soirée avec des amis et celle-ci la représentait avec son père. Le jeune homme s'arrêta alors devant un énième cadre : une enfant posant avec sa mère. L'enfant en question ne devait avoir que quelques années, peut-être sept ou huit ans, elle avait de magnifiques boucles blondes, un regard malicieux et affichait un adorable sourire. Etait-ce lui qui délirait ou cette petite fille ressemblait étrangement à son ancienne petite amie ? Très vite, il sentit l'air lui manquait, il peinait à respirer, c'était comme si on lui arracher l'un de ses poumons.  

-          C'est ma mère qui m'a donné cette photo. C'est elle là, et la petite a côté c'est la fille qu'elle a eue avec son premier mari. 

-          Tu veux dire que c'est ta...

-          Ma demi-sœur, oui.

Passionate-Hatred.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant