Chapitre I

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<< - Tiens... Quel est cet endroit...? >>

Je me réveillai, trempée, à l'entrée d'une grotte. Le sol était humide, il a dû pleuvoir... Je fis quelques pas, et me retrouvais face à une forêt. Ne sachant quoi faire, je regardai derrière moi, la grotte n'y était plus.

<< - Qu'est ce que... >>

Malgré l'étrangeté de la situation, et que la seule petite robe que j'avais sur moi était trempée, je me décidai à explorer la forêt. De toute façon, j'étais au milieu d'une vaste étendue d'herbe, entourée d'arbres gigantesques, alors, soit je mourais plantée là, soit perdue en forêt. Mais, en choisissant la seconde option, j'aurai au moins une chance de trouver de la civilisation.

  J'avançais alors à travers les bois, le soleil me séchant au fur et à mesure de mes pas. Il faisait beau, le paysage était époustouflant, même si je peinais à garder l'équilibre avec toute cette boue sous mes pieds. Soudain, mes jambes ne se coordonnèrent plus, et je trébuchai pour atterrir dans la vase. Ma chute n'était vraiment pas belle à voir, j'étais trempée, et voilà que je me retrouvais couverte de boue. Décidément, ce n'étais pas mon jour. Je tentais tant bien que mal de me relever, et continuais mon chemin.

Cela faisait quelques heures que je marchais en vain, la nuit commençait à tomber. La boue visqueuse et collante qui au début me ralentissait, était devenue sèche et friable. Je commençais à avoir froid, je m'assis donc contre un arbre, repliée sur moi-même, tentant désespérément de me réchauffer.

<< - J'ai mal... très mal... aidez-moi.... Sauvez-moi! >>

J'entendis des voix familières, mais n'arrivais pas à savoir qui parlait. Je ne voyais rien, c'était le noir complet. Je souffrais atrocement, personne ne me venait en aide.

Je me réveillai en panique, une main sur ma gorge. C'était un rêve? Non, un cauchemar... Je peinais à reprendre mon souffle. Je tentais de me calmer tout en me levant, et continuai d'avancer.

Je marchais depuis un moment, quand j'aperçus au loin un village. À bout de forces je tentais tout de même de m'en approcher. Par je ne sais quel miracle, j'arrivai enfin près d'une place de marché. Je marchais alors dans les rues tentant de demander de l'aide, mais les villageois me dévisageaient. Leur expression était la même pour tous, une expression grave, de dégoût. Je pus en entendre certains parler sur moi:

<< - Que fait-elle ici...?

- Qu'elle dégage, on ne veut pas d'elle chez nous!

- Quoi, elle?! Je la pensais déjà morte! >>

 Je commençais vraiment à me sentir mal, j'avais soif, faim, et une douleur atroce au pieds. Certains villageois me poussaient pour me faire tomber, d'autres me ruaient de coups lorsque j'étais à terre. Toute cette haine et ce dégoût envers moi commençaient à me faire perdre la tête. Je passais près d'une ruelle pour tenter d'échapper à ces bêtes, quand soudain une main me tira vers le fond de l'allée. Tout devint noir, ne me laissant pas le temps de voir mon agresseur.

J'ouvris difficilement les yeux, la douleur était encore présente, puis scrutai mon environnement. J'étais dans une petite maison, sur un lit, enveloppée dans une douce couverture. Il n'y avait que deux pièces dans la maison, celle où j'étais, dont une autre, probablement la salle de bain, toutes deux séparées par une porte. Puis, je remarquai enfin que mes vêtements étaient différents, propres, et que je l'étais aussi.

<< - O-où suis-je? Et... ces vêtements....

- Bienvenue dans mon humble demeure! >>

Je fus surprise par cette voix qui venait de retentir, et vit entrer un jeune homme. Impossible, ce garçon était...

<< -Vous! Le jeune homme de la supérette! Il se mit à ricaner:

- Alors tu te souviens de moi? Et bien m'en voilà flâté!

- Bien sûr que je me souviens! Vous n'êtes pas mort lorsque je vous ai touch- Je m'interrompis lorsque que je réalisai enfin: Attendez, comment vous... Tout ça... Chaque chose vivante que je touche meurt inéluctablement! Alors, comment, les arbres, l'herbe, les villageois, vous! Comment est-ce possible?!

- Tu réalises enfin? Tu en as mis du temps! Je pensais que tu avais remarqué! Oui, comme tu peux le voir, ici, dans ce monde, les êtres vivants que tu touches ne meurent pas. C'est sympa non?

- Comment... Comment cela se peut-il? Et pourquoi suis-je ici? Où sommes-nous?

- Minute papillon! Pas trop à la fois tu veux? Je regardai mes vêtements:

- E-et mes vêtements...

- Ah ça, tu étais vraiment sale, j'ai dû te changer, désolé! Je devins rouge et lui lançai mon coussin à la figure:

- Pervers! Je m'en vais! Sur ces mots je me levai et marchai vers la sortie.

- Tu fais ce que tu veux, mais tu ne t'en sortira pas sans moi! >>

Je pensai alors à la réaction des villageois. Soudain la douleur me revint et je perdis violemment l'équilibre, puis tout devint noir.

Rêve lucideOù les histoires vivent. Découvrez maintenant