Chapitre 1

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Je m'appelle Jenny, j'ai dix-sept ans.

Je vis depuis mon enfance dans un pensionnat, en soit rien d'extraordinaire. Comme ce qu'il va probablement suivre. Je n'ai jamais vécu en dehors de cet établissement, je n'ai jamais connu mes parents. Je n'ai jamais connu que ce bâtiment et mes amies. J'occupe mon temps entre les études, l'amitié et l'écriture. Je partage ma chambre avec Elisa et Alice. Bien sûr, j'ai d'autres amies parmi les trois-cent-quatre-vingt-cinq filles, comme Vicky (la scientifique), Emie (la rêveuse), Stency (la passionnée de mode) et Mili (la meilleure des nourrices). Elisa et Alice ont elles aussi des spécialités comme toutes les autres. Elisa connaît toutes les plantes capables de soigner, rendre malade voire même tuer et d'endormir, mais elle sait aussi écouter et conseiller les gens avec attention. Alice, quant à elle, est une férue d'informatique. Elle peut hacker les ordinateurs conservant les données sur chacune d'entre nous, déjouer une cyber-attaque, ainsi que brouiller le système de surveillance.

Bref, elles ont toutes quelque chose de spécial, mais moi je ne sais pas.

Il faut que vous sachiez aussi, que ne n'avons jamais vu un seul garçon à part, le Régent et le directeur de notre institution. Personnellement, si tous les garçons sont comme eux, je ne me marierai jamais, non pas comme il nous l'est recommandé, mais obligé. Nous, les femmes que nous serons plus tard, avons le devoir de repeupler la Planète.

Nous sommes actuellement en 2125 et notre chère planète bleue est inhabitable depuis 75 ans . Les hommes, qui nous ont précédé ont détruit la Terre, usant de leur pouvoir politique, ainsi que des armes nucléaires. Si nous ne faisons rien pour la sauver, toute vie disparaîtra à jamais. C'est pour cela que les chercheurs les plus qualifiés essaient de trouver des remèdes capable de tous nous sauver. Parallèlement, des nouveaux vaisseaux sont envoyés régulièrement à la recherche d'exoplanètes.

Je vais maintenant vous ennuyer en vous  décrivant nos journées toutes aussi monotones les unes que les autres. Voici notre emploi du temps :

– 6h : on se lève, on se lave, on s'habille

– 7h : on se déplace en rang vers le réfectoire pour le petit déjeuner

– 8h-midi : cours divers

– midi-13h : déjeuner au réfectoire

– 13h-14h : temps libre

– 14h-16h : sport, "Il faut souffrir pour être belle", telle est la devise de notre professeur

– 16h30-18h : reprise des cours

– 18h10 : à la douche

– 19h : dîner au réfectoire

– 19h30- 20h30 : temps libre et intinction des feux.

Tous les jours c'est la même chose, excepté le samedi, le dimanche et quelques jours, où nous pouvons agir plus ou moins librement, tout en respectant les heures de repas. Ah, j'oubliais, le dimanche nous avons le droit à une leçon de morale à 9h. La plupart du temps, je n'y vais pas, sauf une fois par mois où la présence est obligatoire. Avec mes deux acolytes, nous avons mis au point un système de communication par le biais de nos calculatrices. Ainsi, nous ne nous ennuyons jamais. Si nous nous faisons remarquer, nous sortons l'excuse infaillible : nous effectuons de multiples opérations avec les chiffres donnés par le directeur.

Entre tout ce que je viens de vous énumérer, je n'ai pas le temps de flâner. A tout cela se rajoute, le primordial : l'esthétique (qui ne fait pas trop partie de mes priorités). Nous devons savoir prendre soin de notre peau, nous habiller à notre goût sans trop heurter celui des autres, nous coiffer correctement mais avoir les cheveux minimum aux épaules et au maximum au milieu du dos. Tout est centré sur notre apparence, car le jour où nous fêtons nos dix-huit ans, des garçons nous sont présentés.

Je ne devrais pas me plaindre d'avoir une vie si parfaite, si réglée que je supporte depuis un peu plus de seize ans. Mais, j'aimerai voir l'envers du décor, notre Planète, la vie dehors ... Je ne veux pas attendre un an de plus même si je ne veux pas abandonner Elisa et Alice, qui sont ma seule famille. En attendant, je prends mon mal en patience et demande quelques fois à Alice de me montrer des images satellites. Le Terre est dévastée, radioactive et seules trois parties sont habitées. La première contient notre établissement, qui se situe dans les airs. La seconde est sous l'océan, qui contient l'institut des garçons. Enfin, la dernière se trouve sur un continent, dans une bulle d'oxygène, assez vaste, peut-être même trop grande avec des recoins encore inconnus, où vit le reste du monde. Nous sommes destinées à y aller après notre mariage.

Seulement, moi je veux vivre dans les airs, sur un nuage, avec mes rêves, un cahier et un stylo, pour écrire ma vie; je veux vivre, espérer et par dessus tout être heureuse. Je rapporte souvent tout à ma propre personne, comme vous pouvez le constater, mais je ne pense pas être Narcisse.

Demain, nous serons lundi et les cours reprendront. Aujourd'hui, je n'ai fait qu'écrire. J'écris pour m'inventer une vie, comme dans un rêve.

Il est 20h30, je range mes stylos et mon carnet dans ma cachette secrète, sous mon lit (maintenant vous savez où il est, mais ne le dites pas). Nos chambres sont toujours surveillées et souvent fouillées. Je souhaite une bonne nuit aux filles, puis je vais me coucher. Les lumières s'éteignent, je sombre dans un sommeil profond, je m'enfonce enfin vers le pays des rêves. Je rêve. Je rêve que l'amour existe vraiment, que je suis amoureuse. L'amour n'est impensable. Dans mon rêve, il y a ce garçon, aux cheveux noirs de jais, aux yeux d'encre bleue. Il m'embrasse, je sens ses lèvres. Ses lèvres de velours sur mon front. Je frissonne. Je l'aime et mes livres n'existent plus. Je vis dans un monde dont je suis maître.

Le réveil sonne et répète à tue-tête notre emploi du temps de la journée, afin qu'il s'imprime dans notre esprit. Nous nous levons machinalement, sans entrain.

Apprends moi à nagerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant