Le Narnia d'Isia

▪︎Chapitre 1▪︎

J'ouvre mon livre, au chaud dans ma couverture. Les aventures d'un enfant orphelin qui aime l'école buissonnière me font rire et voyager.

-Isia ?

Mon père ouvre la porte de ma chambre et s'assoit sur mon lit. Je ne regarde pas et ne lui réponds pas.

-Chérie, je sais que tu m'en veux mais...

-Je peux rester seule ici !

-Non.

-Papa ! Je ne suis plus une enfant !

-L'armée a besoin de moi. Ta grand-mère ne peut pas te surveiller pendant que je ne serai pas là.

-Enfin, m'envoyer dans une maison loin de Londres ne me fait pas plaisir. Je déteste déjà ces gens !

Le visage de mon père se durcit aussitôt. 

-Je suis ton père, tu dois me respecter. Maintenant, tu vas me faire cette valise immédiatement !

-Papa, je t'en prie...

-Isia Kirke ! Tu n'as pas le choix, tu ne décides pas non plus !

Il sort de ma chambre en claquant la porte. Mon mur tremble alors et des bruits forts semblent survoler la maison.

Je me cache sous mon lit espérant que je n'entende plus rien. Mon père rentre et fouille dans ma commode. Il prend une valise et fourre le tout, il glisse une enveloppe d'argent, des livres et ma brosse à cheveux. Il me prend par le bras et m'embrasse sur la joue.

-Prépares-toi, on part.

J'enlève ma robe de chambre et descends dans le petit salon. Quatre hommes sont debout en train de parler. Un homme tient ma valise dans ses mains.

-Isia, avance. Je vous présente ma fille, vous allez l'emmener à la gare. Elle sait ce qu'elle doit faire après.

Il me tend un cadre photo et me serre dans ses bras.

-Quand ce sera fini, je viendrai te rejoindre et on ira en Europe.

J'hoche la tête, sans rien comprendre. Mon père me met mon manteau.

-Je t'aime très fort papa.

Il m'adresse un au revoir de sa main et je sors de la maison suivi des hommes. Ils s'installent dans une voiture, moi derrière serrant ma valise dans mes bras. Je me mets à pleurer.

-Tout va bien se passer. La gare n'est pas loin. Nous t'achèterons ton billet puis tu monteras dans le train. Compris ? 

J'hoche la tête et essuie mes joues. L'homme redevient silencieux et j'observe la route, mon esprit me souffle que c'est la dernière fois que je reviendrais dans cette rue et je lui hurle de se taire.

                                                                     ****

-Dépêchez vous de monter ! 

Je ne me fais pas prier et grimpe dans le train à vapeur. Je m'assoie dans un wagon et attends que le train démarre. A cette heure-ci, personne ne s'amuse à venir et je m'endors aussitôt.