♤ Chapitre Sixième.

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Ce chapitre contient de la violence.
Tw: Violence, armes, langage cru, détails, cicatrices.

Akira Yun-So

Un silence lourd envahit les vestiaires une fois mes collègues sortis. J’ai encore l’impression de sentir la pression de ses doigts autour de mon cou, mais il n’est plus là, ce qui ne m’empêche plus de longuement souffler de soulagement. Je passe un gant de toilette humide sur mon corps tendu après une longue réunion, interminable. La porte s’ouvre, mis je ne réagis pas, sachant pertinemment de qui il s’agit. Sa démarche est légère, et une odeur bien particulière envahit mes narines. Son regard est sérieux, à cet instant précis. J’y vois une souffrance que personne ne prendrait la peine de remarquer. Un poids qui pèse sur ses épaules. Il ne m’adresse même pas un sourire ou une raillerie en guise de salutation. Son front est maculé d’une fine pellicule de sueur, ce qui m’étonne, et lorsqu’il relève son t-shirt, une grimace s’immisce un instant sur son visage. Je fronce les sourcils, inquiète, mais il se borne à attraper une serviette, alors je m’approche en silence. Il s’arrête brusquement, pour me fixer droit dans les yeux. Un avertissement silencieux. Du sang glisse sur la peau pâle et abimée de son dos, je me précipite vers la porte et ferme à clé pour que personne ne puisse entrer, puis je nettoie le gant de toilette en lui demandant de s’asseoir. Mais il reste debout, face au lavabo, sans bouger. Sa main tremble lorsqu’il me voit revenir dans sa direction sans rien ajouter. Ma main se pose sur son épaule, et je le dirige vers le banc au milieu de la pièce pour l’obliger à s’asseoir. Il n’y oppose aucune résistance, il ne me regarde pas, il serre le poing.

 - Tu peux... M’aider ? Ma mère ne va pas tarder à arriver chez moi, et je lui ai promis un chili, murmure-t-il doucement.

 - Bien, tu lui passeras le bonjour de ma part ? Je lui réponds en allant dans son sens sans poser de question.

 - Elle serait contente de te voir, Akira.

 - Bientôt.

 - Je ne t’ai même pas demandé comment tu allais, toi.

 - Je vais bien, je suis vivante et en bonne santé. Puis je suis magnifique, qui plus est, c’est ce que dit Maël, j’ajoute en passant un gant de toilette propre et humide sur ses blessures sanguinolentes.

 - Il va bien, lui aussi ?

 - Bonnes notes, et il a réussi son contrôle de mathématiques. Son copain est sympa, alors j’imagine que oui.

Sa mâchoire se crispe lorsque je désinfecte la plaie qui traverse son dos de bas en haut, alors je pose une main délicate sur son torse transpirant. Je bande ensuite le tout avec délicatesse en priant pour ne pas lui faire mal, puis je me lave les mains. Mon doigt relève son menton afin qu’il me regarde au moment où je nettoie son visage avec toute la douceur dont je suis capable. Ses cheveux blancs retombent sur ses tempes quand je recule pour ranger le bazar que je viens de mettre.

 - Zachary, tu...

 - Merci, dit-il simplement en enfilant déjà des vêtements propres. On se voit demain, j’imagine. Bonne soirée, ajoute-t-il juste avant de me tourner le dos et de partir avant que je ne puisse ajouter quoi que ce soit.

De longues secondes s’écoulent avant que je ne réagisse enfin, j’attrape ma veste en cuir et l’enfile avant d’attraper mon sac pour quitter les vestiaires sans un bruit. Les étages sont étonnement vides en cette fin de soirée, ce qui m’arrange passablement. Je dévale les escaliers à toute vitesse en direction du grand hall. Je me dirige vers mon casier sans un bruit pour ne pas attirer l’attention des gens, mais c’était sans compter l’œil avisé de mon nouveau partenaire. Son dos rencontre les casiers voisins au mien, sans un bruit, sans un mot. Ses mains sont rangées dans les poches de son jean, et son regard est posé sur la secrétaire qui vient tout juste de me remarquer. Il soupire en me jetant un regard qui en dit long sur ce qu’il pense de ce que l’on s’apprête à faire. J’attrape le casque ranger dans le compartiment, que je referme juste après, en lâchant un long soupire agacée. Une expression emprunte de curiosité illumine son visage un instant lorsqu’il se redresse, et une question brille dans son regard. Je lui renvoie un rictus moqueur en passant devant lui, à l’instant même où Baji Keisuke débarque par la porte d’entrée. Un sentiment s’apparentant à de l’agacement s’immisce en moi rien qu’à sa vue. Rien qu’à la vue de leurs regard complices.

Dangerous Love.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant