Dangerous Love.

♤ Chapitre Quatrième.

Inspecteur Yun-So.

L'eau qui imprègne mes cheveux sombres goutte sur le carrelage froid des vestiaires collectifs. Le soleil vient à peine de se lever, et les membres qui étaient de garde cette nuit sont déjà en train de vaquer à leurs occupations. Je passe la tête à travers le col roulé noir que je tente d'enfiler, puis je fais de même avec mon t-shirt favori : large, noir, avec un dragon vert au centre. La porte grince dans mon dos, alors je jette un coup d'œil par-dessus mon épaule pour savoir à qui j'ai à faire. Il a déjà une cigarette allumée entre les lèvres, et ses cheveux décolorés ne sont pas coiffés. Il donne un coup de talon dans la porte pour la refermer derrière lui, et son regard rencontre le mien. Un sourire, dont lui seul a le secret, se dessine sur ses lèvres lorsqu'il se redresse pour balancer son sac contre les casiers dans un bruit sec. Je roule des yeux avant d'attraper mes Dr Martens en tâchant de l'ignorer du mieux que je peux. Mais c'est peine perdue. Il retire ses chaussures, puis passe les mains sous son t-shirt afin de le retirer.

- Tu as mis le pantalon dont tu m'as parlé ? Franchement, j'ai de graves bons goûts, il te va parfaitement, dit-il avec un sourire malicieux.

Sans le connaître, on pourrait penser à quelque chose de peut-être déplacé, mais ce n'est pas le cas. Ce sont ce genre de petites remarques de sa part qui me donnent le sourire pour un début de journée comme celui-ci, mais jamais je ne lui avouerais. J'hésitai entre deux jeans, mais c'est celui assez large qui avait attrapé son attention, et je n'ai eu d'autre choix que de l'acheter. Il coince sa cigarette entre ses lèvres pour retirer son haut, ce qui est complètement stupide, alors je l'attrape et en tire une bouffée tandis qu'il se retrouve torse nu. Il fronce les sourcils en poussant un léger grognement d'insatisfaction en me voyant de nouveau tirer sur sa cigarette.

- Attends que je finisse de me changer et...

- Enfile ton t-shirt et on en reparlera, Zach.

- Kieran n'aime pas quand tu fumes, c'est Sawyer qui le dit tout le temps.

- Et bien Kieran devrait d'abord apprendre à s'occuper de ses propres affaires avant de se mêler des miennes, je réponds en lui tendant sa clope avant qu'il ne me tourne le dos. Cette cicatrice, là, je murmure doucement en effleurant du doigt une longue trace encore rouge et gonflée. Elle est nouvelle...

Les muscles de son dos se contractent soudain, et il me jette un regard noir en enfilant une chemise sombre. Je décide alors de ne pas insister, connaissant parfaitement les limites de ma curiosité, le concernant. Il ne me regarde plus, et un long silence s'installe dans la pièce. Il ne me regarde plus depuis de longues minutes, j'inspire doucement, hésitante, et enfin, je pose ma main gauche dans son dos. Le contact ne dure qu'un court instant, mais il se détend légèrement, avant de se tourner à moitié vers moi, son air mesquin habituel de retour. Avant qu'il n'ajoute quoi que ce soit, je me dirige vers la sortie en ralentissant pour qu'il me rattrape dans le couloir. Les discussions sérieuses n'ont jamais trouvé leur place entre nous, et c'est mieux ainsi. J'imagine que s'il souhaitait parler, ce serait avec quelqu'un d'autre, une personne saine, douée de parole, perspicace et avec du tact, tout ce que je ne suis pas. Un soupire s'échappe d'entre mes lèvres, lorsqu'il fait une blague stupide parmi tant d'autres, puis je prends les escaliers afin d'atteindre les bureaux, un étage au-dessus.

Deux heures. Je suis assise sur cette chaise depuis deux heures, et tout ce que j'en ai retenu, c'est que Kieran est en colère, sans que je ne sache pourquoi. Personne ne parle, pas même Sawyer qui s'évertue à garde un silence nerveux, malgré les petits signes de Elijah. Mes ongles tapent la surface blanche du bureau dans un rythme régulier, pendant que je me perds de nouveau dans mes pensées. Soudain, la porte d'ouvre sur une jeune femme aux cheveux clairs, qui nous jette un regard intimidé, avant de parler en voyant Kieran se lever. Tout est très clair, nous avons l'obligation de nous rendre dans le hall du bâtiment, sans perdre une minute. Les autres se lèvent, mais pas moi. Kieran me jette un regard sévère, mais je lui fais signe d'y aller sans moi, je les rejoindrais dans deux minutes. J'attrape un morceau de papier, et y note quelques mots avant de le cacher entre mes dossiers. Puis je referme le tiroir dans lequel ils sont, et je me lève en balançant mes pieds vers l'avant. Je quitte les bureaux pour me diriger vers les escaliers. Je dévale les marches en m'arrêtant un instant pour regarder l'heure sur mon téléphone. Lorsque je déboule enfin dans le hall, je remarque l'homme que j'apprécie le moins ici. L'Agent Idrisis. Trop sérieux, trop égocentrique, trop... Trop lui. La seule chose qu'il sait faire, c'est juger chacun de mes faits et gestes sans prendre la peine d'en savoir plus que ce qui est inscrit sur mon dossier. Il était parti en Angleterre depuis le mois dernier, et ça a été les quelques semaines les plus sympathique que j'ai pu avoir ce semestre. Au moment où j'atteints son champ de vision, ses lèvres s'ourlent en un sourire mauvais, empreint de mépris à mon égard. Je remarque enfin qu'il n'y a pas seulement les agents qui sont présents, mais aussi les membres de La Rose Blanche. Le Directeur fait à son tour son entrée en prenant immédiatement la parole.