Dangerous Love.

♤ Chapitre Cinquième.

Matsuno Chifuyu.

De l'intérêt. Voilà ce que venait de susciter cette question chez la jeune femme. Un changement d'expression très bref, presque imperceptible. Ses yeux bleus se posent sur moi avec lenteur, comme si je l'ennuyais depuis le début, depuis la première fois. Elle reste parfaitement immobile sans me lâcher du regard. Un silence s'installe de nouveau, dans lequel je la défie sans rien dire, jusqu'à ce qu'elle reporte son attention sur Mikey, en m'oubliant de nouveau. Ce dernier croise les bras contre son torse, en se redressant afin de mieux lui faire face. Je ne l'ai jamais vu se méfier autant de quelqu'un. Chaque mot qui sortait de sa bouche l'incite à se concentrer, à nous demander de le suivre parce qu'elle lui a soi-disant fait une promesse. Et c'est pour cette raison précise que je la déteste. Tout semble faux chez cette femme. Rien ne m'apparait comme une vérité. Un sourire se dessine d'ailleurs sur ses lèvres afin de parler d'une voix mielleuse.

- De tout le monde, et de vous-même en particulier.

- Elle se fout de notre gueule, cette...

- Quelle mauvaise manie ! Vous faites confiance aux mauvaises personnes, Manjiro Sano, ajoute-t-elle en ignorant royalement Baji qui commence à bouillir.

- Ah oui ? S'enquit le chef en inclinant la tête sur le côté. Que savez-vous de cette manie, Inspecteur ?

- L'Agence, le Directeur, mes collègues, les Serpents de Jade, Osanai.

- Serpents de Jade... Os... Depuis quand ?

- Depuis quand vous nous surveillez ? J'interviens enfin devant l'air interdit de mes camarades.

- Dis-moi, Chifuyu Matsuno. Quel effet cela t'a fait, de savoir que tu t'es fait berner comme un débutant ? Cette trahison était-elle telle que je l'imaginais ? Lourde. Dure. Etouffante. Pesante. Combien de membres La Rose Blanche a-t-elle perdue cette nuit-là ? Un ? Dix ? Vingt ? Non... Trente ?

Ses mots planent dans la pièce, sa voix me touche directement, parce que c'est à moi qu'elle s'adresse. Moi et moi seul. Et l'Inspecteur vient tout juste de toucher à l'endroit où cela fait mal. Oui, elle me tient entre ses mains. Elle vient de trouver le moyen de me faire réagir comme elle le souhaite. Avant même qu'elle puisse ajouter quoi que ce soit de plus, je quitte mon coin pour me jeter vers elle. Son dos heurte le mur épais plus fort que je ne l'aurai voulu, mais elle ne s'étonne pas. Devant cet air calme, je fulmine. Baji fait un pas en avant, mais Mikey lui interdit d'approcher. Son sourire suffisant s'agrandit, ce qui fait accélérer mon rythme cardiaque. Ma main trouve sa gorge, et l'enserre assez pour qu'elle redresse la tête. Son sourire s'efface un peu lorsque ses lèvres s'entrouvrent, laissant échapper une odeur de menthe, afin de parler de nouveau. Sa respiration se fait plus profonde, comme si elle se concentrait dessus à présent pour ne pas réagir.

- Oh. Dans le mille.

- Ferme-la ! Ferme ta gueule.

- Chifuyu, tu réagis exactement comme elle le souhaite, ne lui laisse pas cette satisfaction, dit le grand brun dans mon dos.

Mais il est trop tard, j'attrape son poignet et la tire en avant pour la dégager du mur, avant d'ouvrir la porte d'un mouvement vif du bras. Le blond hoche doucement la tête lorsque je lui jette un coup d'œil par-dessus mon épaule, juste avant que je ne claque la porte avec violence. J'ai toujours été un homme calme et réfléchis, enfin depuis ma rencontre avec Baji. Mais cette femme faisait ressurgir ce que j'enfouis en moi depuis un moment, sans avoir à chercher plus que nécessaire. Ses prunelles de glace semblent me sonder à chaque fois, et ce, depuis hier. Depuis cette soirée. Elle n'avait pas bougé lorsque le canon de mon arme s'était retrouvé contre son front, ni quand je me suis retrouvé seul avec elle, ni même maintenant que nous sommes de nouveau seuls, face à face dans un silence de mort.