Chapitre 2 : Izzy

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Izzy n'avait pas le choix. Elle faisait partie d'une des plus influentes familles de la commune de la Vierge ce qui s'avérait souvent être un avantage. Sauf en ce moment. Ses parents, Lydia et Charles Marsaïl, en voulaient toujours plus. Ils la poussaient à toujours dépasser ses limites, l'obligeaient à faire des choses qu'elle n'aimait pas et surtout ils étaient très stricts.

 Dès qu'ils avaient vu une nouvelle occasion de mettre leur fille unique en avant, ils l'avaient saisie. Ils ne craignaient absolument pas que leur fille meurt. Et ce n'était pas parce qu'ils avaient confiance en elle mais bien parce qu'ils s'en fichaient. Elle leur servait seulement à se vanter d'eux-mêmes. Elle avait l'habitude. Mais, cette fois-ci, ils dépassaient les bornes. Ils voulaient qu'elle participe aux Epreuves. Quitte à ce qu'elle en meurt. Ils étaient prêt à tout pour qu'elle devienne Conseillère de la commune. Izzy savait, malheureusement, avoir les capacités requises pour le devenir. Elle avait conscience d'être puissante. En effet, depuis toute petite, elle prenait des cours pour apprendre à se surpasser, à maitriser son pouvoir et à renforcer sa puissance. Elle avait appris le tir à l'arc durant 10 longues années et elle pratiquait le ju-jitsu depuis ses six ans. Mais tout ces cours n'avait eu qu'un but: la transformer en marionnette puissante et froide pour satisfaire les fantasmes de ses fous de parents.

Elle avait tempêté, crié, hurlé, s'était enfermé dans sa chambre des jours et des jours sans que ses parents ne changent d'avis. Ils l'avaient inscrite à son insu, se fichant qu'elle ne soit pas d'accord. Et maintenant elle n'avait plus le choix où elle serait nommée ennemie des conseillers si d'un coup elle décidait de ne pas venir.

Elle n'avait jamais  aimé ses parents. Ils ne lui avaient donné aucune affection, ne lui avait jamais fait de cadeaux qu'elle désirait vraiment. Oh, bien sûr elle avait les vêtements les plus majestueux possible, une chambre immense et des meubles luxueux mais rien de tout cela n'était à son gout. Izzy aimait la simplicité. Et ses parents ne voulaient pas le comprendre. Ils ne voulaient pas la comprendre, elle. Elle aimait le noir, eux les couleurs. Elle aimait la nature, eux le luxe et les soirées dansante. Maintenant, c'était la goutte qui faisait déborder le vase. Izzy venait de passer du stade d'indifférence envers ces parents à haine franche. Elle en avait marre. marre de n'être qu'une jolie poupée, une jolie poupée combattante. Elle voulait juste être elle même.

Elle défit une nouvelle fois sa valise pour tout recommencer et poussa un soupir d'exaspération. Elle ne savait pas quoi emmener et quand elle avait demandé de l'aide à sa mère celle-ci avait rempli la valise d'Izzy de robes sans intérêt. Comme si elle allait gagner toutes les épreuves juste grâce à des robes ! Elle soupira mit deux trois affaires dans sa valise et la ferma. Elle n'était même pas sûr que ça lui servirait. Elle comptait emporter son arc pour les combats à distance. Quant aux combats rapprochés, elle se servirait de ses pouvoirs et de sa maîtrise du ju-jitsu. Son Don de l'eau et de la glace allait lui être très utile. Elle n'était pas comme ses parents le croyaient. Elle avait un dernier atout, une malédiction, cachée dans sa manche. Elle savait qu'elle ne le sortirait qu'en dernier recours mais si elle devait mourir lors de cette compétition, ce serait après avoir donné son maximum. Elle ne savait ni ce qu'on attendrait d'elle, ni l'étendue de la force des autres participantes mais elle ferait de son mieux. Pas pour ses parents. Pour elle même.  

Izzy prit une grande inspiration, enfila sa cape et appela sa mère. Elle était prête. Autant qu'elle le pouvait. Sa mère lui adressa un sourire fausset et demanda à une servante de mettre la valise d'Izzy dans la voiture. Elle appela un chauffeur et grimpa avec sa fille à l'arrière du véhicule. Le train pour Ihalo, la capitale de la commune des Vierges, allait bientôt partir. Ihalo était le point de rendez-vous pour toutes les filles sélectionnées. Pendant tout le trajet, de sa maison à la gare, Izzy se répéta en boucle dans sa tête le Règlement, que sa mère lui avait forcé à apprendre par cœur.Ce fut sa seule manière de rester calme et de ne pas lancer sans cesse des regards noirs et furibonds à sa mère.

Une fois arrivée à la gare, elle déclara à sa mère pouvoir s'en sortir seule et lui lança son regard le plus noir possible. Celle-ci s'en alla ayant compris que sa fille la portait encore moins dans son cœur qu'avant. Izzy regarda, avec une pointe de nostalgie qu'elle fit rapidement disparaitre, la voiture s'éloigner. Elle pénétra dans la gare et s'assied sur un banc sur le quai en attendant l'arrivée du train. Elle sortit de sa valise une paire de gant noirs en soie et les enfila. Elle devait à tout pris avoir les mains couvertes afin de camoufler son secret et de ne pas mettre les gens autour d'elle en danger. Elle devait maintenir et cultiver le mystère autour de sa personne jusqu'à la dernière épreuve. Elle n'avait pas le choix. Sinon, on l'empêcherait de concourir, on l'enfermerait, on l'étudierait. Et elle préférait encore concourir plutôt que de subir ce genre de choses. Elle entendit le sifflement qui annonçait l'entrée en gare du train. Elle se leva, saisit sa valise et s'approcha des rails. Lorsqu'elle monta dans le train pour rejoindre l'un des wagons de première classe elle surprit un regard sur elle. Un homme, plutôt grand, entièrement vêtu de noir, son visage camouflé par une cape l'observait. Elle en était persuadée. La porte se referma derrière elle avant qu'elle n'ait eu le temps d'en voir plus.

Elle effleura du doigts le mur boisé, se rappelant de nombreux souvenirs. La maison en bois qui sentait bon et où il faisait toujours chaud. Sa grand-mère, toujours souriante et prête à offrir des plaids chauds et à préparer des tasses de chocolat. Sa cousine, avec qui elle jouait à cache cache dans la grange qui sentait le foin frais.

Des souvenir lointains, datant de l'époque où sa grand-mère était en vie et où sa mère ne dirigeait pas sa vie comme maintenant. Elle n'avait pas revue sa cousine depuis ces belles années. C'est à peine si elle se souvenait de son visage et du son de son rire. Mathilda... Elle lui manquait parfois, et puis Izzy se reprenait. Elle ne devait dépendre de personne. Elle ne pouvait aimer et être aimer. Lorsqu'elle était petite, elle l'avait appris à ses dépens et à ceux d'autres personnes. Elle ne se permettrait plus de faire du mal à quiconque.

Elle entra dans son wagon et appuya son visage contre la vitre, observant le paysage défilant devant ses yeux. Si elle n'était pas née dans cette commune, si elle n'était pas née le 25 août, peut-être aurait-elle pu être heureuse...

Les filles de la ViergeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant