"Il pleure dans mon cœur"
Paul Verlaine
J'habite loin de tout, je suis anéanti.
Je sens monter en moi un sentiment d'ennui
Les tristes soirs sans vie où défilent les heures.
Ce soir, rien n'est pareil car j'oublie tous mes pleures.
J'oublie le mal en moi ; mon enfance, un tombeau
Qui a détruit l'humain n'y laissant rien de beau.
J'attends le bon moment, lorsque tout est propice,
Pour sortir de chez moi et rendre la justice.
Je prends une dague, marche vers le chemin,
Ces doux soirs de printemps rien n'arrête ma main.
Je repense même à la belle ombre qui danse,
Et que j'ai vue partir dans un si grand silence.
Je regarde passer, des courbes, des beaux yeux,
Des images naissent et me rendent joyeux.
Pour apaiser le mal, pulsion de mon âme,
Je poursuis sans arrêt la douceur de la femme.
Assis dans un grand parc, ce doux soir de printemps,
J'ai perçu la femme, après tellement de temps
Que je souhaitais pour assouvir cette haine,
Qui me ronge autant que me ronge toute peine.
Je m'approche d'elle, lui parle et elle rit,
Se doutant nullement de mon mauvais esprit.
Je la convaincs vite de gagner ma voiture,
La pauvre qui était perdue dans la nature.
Je l'amène alors dans mon paisible logis,
Éloigné du monde perdu dans un taillis.
Que diront-ils de ma subtile conscience ?
Que j'en suis dépourvu que le dit la science ?
Parce que je la veux, au sol, pleine de sang ?
Parce que j'aime tant que , tout en gémissant
Son corps se débatte, les yeux plein de détresse.
Cela je le rêve car là, je la caresse.
Pour la faire rêver, je lui sers du bon vin,
A ses yeux je suis, un sublime Séraphin.
Loin d'être un ange je la vois pleine de joie,
Parcours de mon regard ma magnifique proie.
Puis la conduis ivre dans l'immense sérail
Riante. Ne sachant rien de mon attirail.
Je devins fou devant son allure si frêle
Ce doux soir de printemps, elle sera si belle.
D'abord je l'allonge puis je viens la sangler,
Elle fait trop de bruit donc je dois l'étrangler.
Je suis en colère il ne faut pas qu'elle bouge !
Elle me fait du tort j'en ai les yeux, fort rouges.
Haine ! qui fut en moi ,désormais inconnu,
Car j'ai pour mon âme un majestueux corps nu.
Tel un loup je lui mords follement une lèvre.
De la voir étendu me procure une fièvre.
A présent, mes deux mains posées sur son bassin
J'approche ma tête pour lui croquer un sein.
Je lui parle des morts, je la vois hystérique !
Fille bien trop sotte, malgré ma rhétorique
Pour comprendre la joie d'aller rejoindre Dieu,
Alors que moi j'irai mourir dans un grand feu.
La pièce à présent, devint comme les ténèbres.
Je me suis mis alors à briser ses vertèbres.
Admirant ses formes, j'aime tant sa beauté
Que je pris par amour cette virginité.
Il est déjà temps de, jeter ces viles choses
Car à présent je vois, ses paupières, closes.
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Visions macabres
PoésieDans un univers opposé à l'amour, je viens ici parler de la mort. La mort qui nous fait peur, celle qui est violente ou parfois douce et légère. Elle nous fait peur c'est vrai, mais elle reste tout de même poétique.