Nous échangions un regard long, et rempli d'un je ne sais quoi. Son regard me perturbait, et bien qu'il rendait mes joues brûlantes, je le ressentais doux, tout comme l'on peut imaginer les nuages étant enfant. Les deux sont des simples illusions, la douceur, celle des nuages tout comme les regards, ne peut-être mesurée. Ce sont ses yeux qui me faisait me sentir moi, plus vivante que je me l'imaginais. Mes yeux ne pouvaient se détacher des siens, j'étais bien trop hypnotisée pour vouloir m'en séparer.
A cet instant, j'avais l'impression d'avoir ouvert les yeux sur ma vie.
La seule et unique chose qui faisait dévier mon regard de ses orbes était ses lèvres. Elles étaient fines et rosées. Je ne pouvais alors que me délecter de ce paysage divin qui m'était proposé. Mon envie de sceller ma bouche contre la sienne augmentait de plus en plus, je pouvais le ressentir au fond de ma pensée mais également de mon cœur. Passion et Raison ne se battaient pas.
Au plus profond de moi-même, mon esprit ne pouvait plus le nier: elle pourrait soigner les blessures discrètes de ma courte existence. Mon cœur battait la chamade à l'intérieur de ma poitrine, il avait enfin reçu l'accord de ma Raison pour pouvoir s'exprimer librement, parler à haute voix. Le verrou fantomatique venait tout juste de sauter.
Durant ce regard complice, mes mains finirent par prendre les siennes, les plus délicates que j'eusse connu jusqu'au moment présent. Mes pouces parcouraient ainsi sa peau douce. Cette femme était le nuage de mes jours, la Douceur du monde concentrée en un seul corps céleste, ma constellation.
Ce fût elle qui se rapprochait de moi, permettant au petit sourire timide collé sur mes lèvres de s'élargir. Le sourire initial était bien trop petit pour contenir ma timidité ainsi que ma récente joie. Elle était la pièce maîtresse, la seule image encrée en mon esprit. Ironiquement à mon cœur qui jouait de la batterie au creux de ma poitrine, elle arrivait à me guérir, une sensation tout bonnement indescriptible.
Les miroirs de son âme finirent par se clore, et les miens de même. Je savais que la distance qui nous séparait jusqu'à maintenant s'affaissait, comme une muraille tombée au combat. Pourquoi devrions-nous nous battre face à cette envie ? Cette question, durant mes dernières années revenait de plus en plus souvent. Bien que je ne voyais rien maintenant, je voyais plus que je n'en avais jamais vu en une courte vie.
Finalement, nos lèvres finirent par enfin rentrer en contact, dans un agréable et bienveillant échange. Un baiser des plus affectueux, le meilleur que je n'ai jamais pu avoir. Mon cœur explosait, je ne pouvais que le ressentir. Mes sourcils se froncèrent légèrement. Je ne saurais pas moi-même exprimer pourquoi, mais des larmes roulèrent le long de mon visage. Me sentais-je mieux ? En sécurité ? Ou bien encore soulagée ?
Mes perles liquident finirent par malencontreusement heurter la douce peau de la divine douceur qu'était ma partenaire. Je pus sentir la poigne qu'elle avait sur mes mains se resserrer, sans pour autant me faire mal. De multiples sensations, énergies, j'en avais dû moins l'impression, nous traversaient. Elle finit par, tout en rompant le contact de nos lèvres, par lâcher mes mains pour pouvoir passer ses bras autour de mon corps et ainsi m'enlacer.
Maintenant blottie dans ses bras et la chaleur de mon corps, je supposais avoir trouvé la paix. Les larmes qui s'écoulaient de mes yeux étaient des larmes saines et rayonnantes. Des larmes de guérison, qui avaient besoin de s'échapper pour alléger le poids de mes idées. Cela me donnait envie d'avancer, de créer des beaux jours, qu'ils soient ensoleillés, pluvieux, neigeux ou bien nuageux.
Mais la douceur des nuages n'est qu'illusion, inatteignable, peu importe qui vous êtes.
