D'âme et de Rêve

CHAPITRE 3

Mes pieds nus écrasaient une à une les pierres volcaniques qui parcouraient le chemin où je m'étais aventurée. Mon regard brouillé ne voyait que le sol, ma tête était définitivement trop lourde à soulever. Je m'avançais sans savoir où j'allais. Je suivais seulement le chemin brûlant en regardant mes pieds se noircir jusqu'à même s'ouvrir à sang. Que faisais-je là exactement ? Comment suis-je arrivée jusqu'ici ? Je ne me souvenais plus de rien et l'atmosphère autour de moi ne m'aidait en rien à essayer de me souvenir. Du soufre se répandait comme une traînée de poudre, irritant mes narines, m'empêchant de respirer, brûlant ma gorge à chaque fois que j'essayais de remplir mes poumons d'air pure. Mes muscles refusaient d'effectuer tout mouvement, je ne pouvais à peine relever la tête pour découvrir où j'étais tombée.

Par contre, autour de moi, j'entendais des cris, des hurlements, qui venaient se rependre dans mes oreilles mais, j'aurai préférée ne jamais avoir à entendre ces hurlements de douleurs ou sûrement de rage, car, ils étaient tout sauf humains. Mon corps répondit instinctivement à ses cris d'appels à l'aide, des frissons plus grands les uns que les autres parcouraient mes échines. Mon cerveau essaya de s'intéresser à ses bruits pour enfin retrouver une vue correcte. Lorsque ma vision retrouva enfin la raison, ce que j'aperçus était encore plus atroces que les hurlement de douleur. Les pierres volcaniques brûlantes où mes pieds s'écorchaient à chaque pas, étaient recouvertes de sang, recouvertes de rivières de sang tout comme mes mains blanches et j'espérais que tout ce sang, encore frais, soit le mien.

Mes mains se mirent à trembler en imaginant mille possibilité face à cette scène et lorsque ma tête décida enfin de se relever, ce fût encore pire. Des anges et des démons à l'armure de guerre essayaient de combattre des créatures à l'apparence mixte d'animaux monstrueux. Un monstre, de la taille anormale d'un ours, avait la tête d'un loup, sur le sommet de sa tête, des bois de cerf majestueux embrochaient mon peuple un à un. Ses pattes arrières étaient ceux d'un lion en rage, il arrivait à se déplacer avec une telle vitesse de précision qu'aucun ange ou démon ne parvenait à le contrer. Tout son corps, qui était celui dune bête au poil noir, était maintenu par ses pattes arrières. La créature tenait, dans ses pattes crochues dégoulinantes de sang, la tête encore fraîche d'un de mes confrère. 

Des centaines voir des milliers de créatures comme cette abomination, combattaient mon peuple en déchiquetant leurs corps avec jouissance, que ça soit sur terre que dans l'air. Les larmes me vinrent, ne retenant plus la peur et la souffrance que j'avais face à tout cela. J'étais en plein milieu d'une guerre. Mais, comment était-ce possible ?

- Draconienne ! Cria une voix grave.

La voix provenait d'un démon criant dans ma direction. Ce dernier ne semblait plus avoir la possibilité d'utiliser sa jambe gauche pour avancer et tenait son bras avec douleur. Il s'avançait vers moi avec souffrance mais arriva tout de même à se placer en face de moi en mettant à genoux sa jambe encore valide à terre. Son visage scrutait le sol, on aurait dit qu'il ne voulait absolument pas me regarder dans les yeux.

- Au rapport Draconienne ! Les créatures ont réussies à pénétrer sur la terre. La cavalerie démoniaque ainsi que les Anges célestes sont en mauvaises postures. Le Gardien céleste demande audience. Quelle est votre stratégie ma commandante ? Demanda le démon à bout de souffle.

Aucune phrase que ce démon disait n'avait de sens pour moi. Je restais complètement muette devant ce démon. Je n'arrivais même pas à ouvrir la bouche pour qu'il puisse me dire où on était. Je devais partir de cet endroit, je devais retourner au manoir et au plus vite ! Sans regarder une nouvelle fois cette guerre atroce et ce démon à mes pieds, je pris mes jambes à mon cou et fît demi-tour à la recherche d'une sortie pour rentrer chez moi.