01 :: L'ascenseur.

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    — Allez bouge, putain

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    — Allez bouge, putain. Le camion des déménageurs va pas attendre éternellement.

    — Commence pas à me casser les couilles, ou tes cartons, tu vas les descendre seule.

  Romy roula des yeux, soupirant de tout son être. Face à elle, une jeune femme de deux ans sa cadette était à la traîne, encore en train de se brosser les dents. L'ainée fulminait ; ce n'était pourtant pas faute de lui avoir rappelé une dizaine de fois l'heure à laquelle venaient les déménageurs. Elle avait même pensé à lui laisser un post-it sur le frigo ! Mais rien à faire : Julia était en retard, comme toujours. Pire encore, la brune semblait prendre tout son temps pour agacer son ex-compagne, parfaitement consciente qu'elles étaient déjà en retard. Les deux jeunes femmes possédaient des caractères radicalement opposés.

  Romy Bonacci, Italienne d'origine, était une lève-tôt ordonnée, ponctuelle et surtout très à cheval sur l'organisation. Ses cheveux roux étaient toujours coupés courts, et faisaient ressortir son teint pâle. Assez grande, large d'épaules, elle possédait un visage aux traits marqués, où de nombreuses cicatrices minuscules étaient éparpillées çà-et-là, comme témoins de toutes les cascades et mauvaises chutes de son enfance. Du genre téméraire, elle possédait un avis très tranché sur les choses, bien qu'elle soit toujours assez réfléchie pour être ouverte aux débats. Elle se montrait la plupart du temps toutefois taciturne, flegmatique et presque nonchalante.

  Julia Soikham, la plus jeune, ne lui ressemblait pas du tout. Petite et ronde, elle affichait un faciès plus doux et délicat : ses cheveux bruns encadraient une peau métissée, résultat de l'union d'une mère Française et d'un père Thaïlandais. Plutôt discrète, timide et effacée, elle cédait toutefois bien vite à ses émotions, qui la gouvernaient la plupart du temps. Elle était délicate, bien que réputée pour sa maladresse et son côté étourdie. Elle oubliait des rendez-vous importants, laissait trainer derrière elle un désordre conséquent, et se mettait toujours en retard sans trop bien savoir comment – elle possédait comme son propre fuseau horaire, et ne parvenait jamais à s'aligner à celui des autres.

  Il ne faisait nul doute que cette si grande différence entre leurs caractères était la cause principale de leur rupture. Elle ne se supportaient plus, ne pouvaient plus cohabiter avec quelqu'un qui possédait un style de vie si différent. L'ainée avait pris les devants, et était ainsi celle qui s'en allait : elle laissait l'appartement à Julia, ne voulant pas rester dans ce logement empli de mauvais souvenirs.

  En ce samedi matin, par conséquent, elles déménageaient les affaires de Romy dans cette ambiance électrique et pesante qui définissait leurs vies depuis déjà quelques mois.

    — Allez, putain, active, Julia. Pourquoi faut toujours que tu traines comme ça ?

    — Va te faire foutre, c'est bon ? Il était à l'heure, celui-là ?

𝗗𝗔𝗠𝗡 𝗬𝗢𝗨 (𝗔𝗚𝗔𝗜𝗡)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant