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Romy et Julia se séparent : elles ne se supportent plus. Seulement, lorsqu'un coup du sort les pousse à se retrouver coincées dans un ascenseur, au milieu de cartons qui contiennent tous les souvenirs de leur relation fanée, leurs lang...
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Julia slalomait entre les tables, le bras droit en l'air et un plateau rempli en équilibre sur la main. Elle envoyait de petits sourires polis aux nouveaux clients, et souriait de bon cœur aux habitués. Elle aimait tout particulièrement son emploi de serveuse, quand bien même ce n'était pas le métier de ses rêves, ni même ce que ses parents avaient espéré pour elle. Elle appréciait grandement l'ambiance de l'endroit et surtout ses collègues, Laura et le fameux Nick, parasite squatteur. Ils s'entendaient tous les trois très bien et se répartissaient le travail équitablement : surtout, ils partageaient le même humour et la même passion pour leur emploi. Et puis, leur patronne était une femme adorable et généreuse, aussi tout se déroulait bien.
— C'est pas le nouveau mec de Maé, là-bas ? Nick m'a montré des photos Instagram.
— Quoi ? Samuel ? Où ça ?
Julia, qui revenait tout juste au bar pour prendre une nouvelle commande, posa ses yeux sur le nouveau petit-ami de sa colocataire Maé. Il attendait tout seul à une table encore vide, aussi, gentiment, la rouquine fila vers lui. Depuis la catastrophe du restaurant, il s'était écoulé quelques semaines. Samuel était déjà venu plusieurs fois dormir à l'appartement et la serveuse commençait à l'apprécier – bien qu'elle n'ait toujours pas pardonné le fait que Maé et lui se soient enfuis comme des voleurs.
— Salut, Sam. C'est curieux de te voir ici.
— Oh, Julia ? Je savais pas que tu bossais ici, quelle coïncidence !
— Eh oui, apparemment. Qu'est-ce que je te sers ? Tu es tout seul ?
— Oh, non. Un café et un jus d'ananas, s'il te plaît.
Julia supposa que Maé allait sûrement arriver, aussi, elle ne posa pas plus de questions et fila préparer la commande de Samuel. Elle échangea quelques blagues stupides avec Nick, avant de repartir, son plateau sur la main droite. Elle déposa rapidement un verre sur la table d'un vieux monsieur qui venait ici tous les après-midis, puis voulut faire volte-face pour se tourner vers Samuel. Là, cependant, son plateau rencontra l'épaule d'un client dans le chemin, et le jus d'ananas valsa dans les airs. La rouquine eut tout juste le temps de reconnaître la personne qu'elle venait de percuter qu'elle pesta déjà contre le sort qui semblait s'acharner.
— Putain, encore toi ?
Elles avaient parlé en même temps, bien que Romy fut un poil moins virulente – et un peu plus couverte d'ananas. Samuel les fixa quelques secondes en silence, n'osant pas interrompre le combat de regards noirs qu'elles se lançaient, comme prêtes à se sauter à la gorge. Elles ne surent pas même pourquoi elles s'agacèrent autant, subitement. Pourquoi d'un coup, d'un seul, elles semblaient prêtes à se sauter à la gorge, à oublier les règles de politesse. Julia était en tort, elle aurait dû s'excuser et filer chercher de quoi aider sa cliente. Romy lui avait coupé la route sans la voir, elle aurait dû s'excuser au moins légèrement, avant de lui en vouloir.
