Prologue - Le Château dans la Nuit

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 Le train filait à toute allure dans la campagne enneigée. Les arbres, lourds de leurs manteaux blancs, défilaient rapidement derrière la vitre. La nuit était sombre, mais la lumière des wagons éclairait la première rangée de conifères flous.

À l'intérieur de l'habitacle, les banquettes et les murs tapissés étaient rouges. Des petites lampes accrochées au mur éclairaient les wagons d'un halo chaleureux et doré. Ceux-ci étaient divisés en compartiments un peu vieillots, qui ne sentaient rien. Il faisait cependant chaud à l'intérieur malgré l'hiver mordant.

Et sur la banquette de l'un d'eux était assis un jeune homme perdu dans un livre. La vingtaine, des cheveux bruns et des lunettes rondes sur le bout du nez, il ne s'était pas défait de son long manteau crème pour le voyage. Une valise brune était posée près de lui et ses yeux restaient ancrés sur les lignes de son ouvrage dont la couverture cartonnée, aux écritures dorées, était un peu passée.

Un instant, son regard se leva du livre pour se poser sur la jeune femme assise en face de lui. Il détailla un instant les écouteurs vissés dans ses oreilles et le portable qu'elle tenait fermement entre ses doigts. Puis il bascula vers l'extérieur, où la forêt enneigée continuait de défiler. Ils ne devraient plus trop tarder à arriver.

Sentant son propre portable se mettre à vibrer dans sa poche, le jeune homme grogna. Il referma doucement son livre avant de s'en saisir et d'y lire un message de son géniteur.

« Profite bien de tes vacances, mon grand ! »

Simple, concis. Le jeune homme pouffa. Il répondit rapidement, puis mit l'appareil sur silencieux et le fourra dans sa valise pour ne plus risquer d'être dérangé du reste du trajet. Il avait bien vu quelques messages de sa collègue, mais il regarderait tout cela plus tard. Il n'avait pas pris de vacances pour que son téléphone ne le harcèle chaque minute, et d'ailleurs, il prévoyait bien de « l'oublier » à l'hôtel pour les jours à venir.

Il se replongea aussitôt dans son histoire, les sourcils froncés au-dessus de ses lunettes de hibou. Inconsciemment, son doigt venait jouer avec le coin du livre, faisant défiler les pages dans un sens puis dans l'autre. La sensation le rassurait, comme le très léger chuintement, à peine perceptible, que ce geste provoquait. Imprimée à l'encre noire sur les pages jaunies du bouquin, c'était une vieille histoire fantastique qu'il découvrait pour la première fois. Captivé, et les charmes de la forêt au-dehors ne parvenait pas à lui voler son attention.

Lee Minho, vingt-cinq ans, vivait seul et était éditeur. Il ne jurait que par les romans et les histoires fantastiques, et la musique. Dans sa façon de s'habiller comme dans ses occupations, on avait souvent l'impression qu'il avait quelques décennies de retard. Il ne savait toujours pas utiliser correctement le portable dernier cri que son père lui avait acheté, et sortait rarement sans son béret marron enfoncé sur le crâne. Même quand il n'était pas au travail, son nez restait plongé entre les pages de livres aux couvertures racornies ; son appartement était une immense bibliothèque, et s'il sortait le soir, ce n'était pas pour se retrouver au bar, mais bien pour aller écouter jouer un orchestre au théâtre de la ville. Il menait une vie paisible, entre son travail, ses sorties avec ses amis ou ses visites à son père, de qui il était assez proche. Quand les vacances arrivaient, il prenait sa valise, quelques livres et son instrument, et il partait seul. Il adorait découvrir de nouveaux paysages et de nouvelles bibliothèques, et dans ces moments, la solitude lui convenait bien.

𝑳𝒆𝒔 𝑺𝒂𝒊𝒔𝒐𝒏𝒔 𝑷𝒆𝒓𝒅𝒖𝒆𝒔 ❄︎ 𝐌𝐢𝐧𝐬𝐮𝐧𝐠Où les histoires vivent. Découvrez maintenant