Hellish Paradise

Chapitre 1

Comme l'une après l'autre, au déclin de l'automne,

Les feuilles de chênes tombent,

Et retournent au sol qui les engloutit.

Un jour, j'ai tout perdu.

Personne ne sait vraiment ce que j'ai vécu. Un accident si soudain. La fin d'une vie paisible et heureuse marquée par la perte des êtres qui m'étaient les plus chers. La fin d'un paradis qui m'était si précieux, et le début, d'un enfer enclin au cynisme et à la noirceur de l'obscurité qui prend possession de mon âme.

Les secouristes disent que j'ai eu beaucoup de chance de survivre à cet accident. Personnellement, je vois les choses autrement.

Mais j'ai appris à garder mes opinions pour moi.

Est-ce que tu as vu une lumière ?

C'est la première chose que les gens me demandent quand ils apprennent que j'ai survécu à un accident où j'étais entre la vie et la mort. C'est la première chose que voulait savoir Keith, mon voisin de seize ans, lorsqu'on s'est revu après l'accident.

— T'as vu une lumière?

Les mots lui étaient sortis si facilement que mon silence le surprit.

Avais-je vu une lumière?

Une lumière. Sérieusement. La réponse est non. Il n'y a eu aucune lumière. Ce dont je me souviens, c'est l'odeur de brûlé, de chair enflammée, du froid qui s'empare de mon corps. Et soudain, dans ces ténèbres, un visage angélique, qui apparaît devant moi. Et puis soudain, le néant. Je me suis réveillée dans un lit d'hôpital. Le souvenir de cette apparition angélique perdure en ma mémoire, telle une illusion imparfaite qui ne disparaît jamais.

Un doute perdure en moi.

Était-ce une vision? Le fruit de mon imagination? Ou était-il réel?

Je reste perdue dans mes pensées. J'avais lu sur internet qu'après un grave accident, où une personne se retrouve dans une situation entre la vie et la mort, elle peut apercevoir des choses. Une vision qui s'apparenterait tout simplement à une illusion que l'esprit nous enverrait avant de mourir.

Je ne me souviens que de son visage, et de ses yeux d'un rouge écarlate.

Avais-je vraiment inventé une telle chose?

A quoi bon se souvenir? Cela ne m'apporterait rien de bon. Je n'étais plus cette jeune fille heureuse, souriante et aimée. Cette nuit-là, j'avais perdu ma famille, mon sourire, et ma vie. De ce cauchemar, est née une version plus sombre de celle que j'étais. Je ne suis plus qu'une ombre ténébreuse prise dans les abysses sombres et profondes du cynisme qu'est maintenant ma vie. Une vie dénuée de rire, d'espoir et de bonheur. Je vis sans but précis. Les choses simples que font mes semblables me semblent dérisoires désormais.

Respirer. Avancer. Survivre. Telles sont les choses que je ne cesse de me répéter en boucle chaque matin. Depuis l'accident, quatre années se sont écoulées. L'univers a fait que j'ai perdu mes parents l'année de mes seize ans. Pour quelle raison ai-je survécu? Je l'ignore. La seule chose qui me maintient en vie est de découvrir si le souvenir de ce visage angélique qui m'a extirpée des ténèbres et du chaos de l'accident, est bien réel ou s'il s'agit du fruit de mon imagination.

Depuis l'accident, j'ai bien changé. Ma perception du monde a évolué. Mais ce n'est pas tout. Depuis que j'ai soufflé ma vingtième bougie, une marque est apparue sur mon poignet gauche. Une marque en forme de grenade. D'un rouge écarlate et qui contraste avec la blancheur de ma peau. Une marque qui, quand je la touche, semble dégagée une chaleur extrême, comme si je m'engouffrais dans les flammes d'un feu ardent et incontrôlable.

Je ne sais pas comment cette marque est apparue sur ma peau. Je n'ai de cesse de me demander si elle n'aurait pas un lien avec mon sauveur. Cet homme aux cheveux noir de jaie, aux yeux d'un rouge écarlate similaire à la couleur de ma marque. Chaque jour, je ne cesse de penser à son visage, son regard me hante. Il m'a extirpée du chaos de ce cauchemar, mais, était-il bien réel... Cette question demeurait alors sans réponse. Jusqu'à ce fameux soir au début de l'automne..