Les beaux jours sont arrivés, la forêt brillait.
Jin ne l'aimait plus, lui, grand amoureux du changement.Il ne chérissait plus sa forêt, notre forêt.
Sans lui, elle était vide. Il ne venait plus. Ne m'écrivait plus aucune lettre sous le
saule pleureur.
Je me disais que notre amourette c'était finalement finit.M'avait-il deja aimé sincèrement?
Sommes-nous toujours la peinture, les mots et l'amour, mon Prince ?
J'étais persuadé qu'il reviendrait, un jour ou l'autre.
Mais les jours passaient, si lentement, tristement, durement.
J'avais arrêté d'écrire, arrêté les expositions d'art.
Arrêter de penser Jin, vivre Jin et tout ce qui va avec.Arrêter de me rendre à la forêt, me forcer à ne plus espérer qu'il y soit, arrêter de vivre mon idylle qu'il avait stoppé si brutalement.
Arrêter de me frotter les yeux en espérant qu'ils retrouvent la couleur, retrouver mon Ange.Beaucoup d'automne et d'hiver sont passés, beaucoup d'attente, attendre la pluie, la neige, la chute des feuilles, attendre qu'il revienne comme avant, avec une phrase du style : « Ça fait longtemps, Namjoon. » ou bien encore : « Arrête de bouger autant je n'arrive plus a imprimer tes yeux sur la toile.»
Mais rien.La vie semblait continuer, malgré sa disparition.
Devant l'école d'art, tout semblait intacte, aucun de ses camarades ne se
demandait où le petit Jin qui dessinait des forêts sans valeur, avait bien pu passer.Ça me rongeait de ne pas savoir, rongeait mes entrailles, rongeait mon esprit.
Les années sont passées et j'ai vécu une vie qui n'était pas la mienne, pas celle
d'une fin heureuse. J'ai refusé toute mon existence de me reconstruire, surement comme l'ancien Namjoon, de me permettre d'être heureux à nouveau.Alors de mes doigts froissés par l'encre, j'écrivais ces derniers mots:
« Dans cette vieille maison de banlieue, je pense souvent à toi, à la façon dont tu peignais, la façon dont tu caressais tes cheveux, tes joues chaudes.
À la manière dont tes yeux louchaient sur les insectes forestiers, ta manière d'embrasser. Ta manière de rire et celle de changer les autres.
Malheureusement je ne pourrais me résoudre à t'oublier. Ni oublier ce premier jour de printemps qui a causé ta perte, à tous ces quatre décembres où ;
malgré moi je revisite cette forêt, avec l'espoir de te croiser.
Comme un ange, une conscience brumeuse et très claire.
Comme un sauveur, car après tous les anges ne meurent pas ? »Oui, il était comme ça, Jin, il marquait les esprits et devenait une addiction, une obsession.