"20h31, viens aux étoiles",m'avais t-il dit. Et j'étais là, dans la forêt du "petit Prince".
La lune était belle, mais pas autant que lui.
Jin, je m'étais permis de l'appeler ainsi et il n'avait pas bronché, mais sourit.Lui, m'avait confié que ses dons de peintres étaient les plus définis, le soir où l'astre de la nuit réfléchissait sur les toiles.
C'est dans la forêt que tout s'envolaient, tous mes affres et mes pensées nuisibles, que mon instinct d'écrivain était le plus vif.
Placer sous un saule pleureur, je le fixais maltraiter la dentelle.
Ses coups de crayons me paraissaient invisibles.
Il toucha ma joue du bout de ses longs doigts et son autre main agressait la texture.
Un drap fin et clair couvrait mes épaules ainsi que mes cuisses.
Mes yeux, eux, criaient l'embarras.
L'artiste ne parlait pas, battre son talent lui suffisait.Après de longue minute, Jin m'autorisa le mouvement. J'attrapais mes tissus, quand il scella nos lèvres pour une douce valse. Elles avaient le gout de la cerise.
Ses petites bulles grises mouvaient sur les miennes, c'était chaud et bienveillant.-Viens voir. Sa voix caressait mes oreilles.
Je touchais les lignes du désir de ce croquis. C'est marrant comme l'art nous embellis.
C'est un miroir qui supprime tous nos défauts, notre passé et tout ce qui va avec.
J'étais charmant et j'adorais ce que je voyais.-C'est parfait. Je ne savais pas quoi dire de plus, son art me reflète si bien.
-Les taches sur ton torse sont les constellations que la nuit nous offres. Tes clavicules sont joliment tracées et tes joues, dépourvues de toutes imperfections.
Toutes ces paroles méritaient d'être inscrites au couteau sur mon cœur, pour toujours.
-Que sommes-nous, Jin?
-La peinture, les mots et l'amour. Avait-il dit, simplement.
Oui, c'était ça, mon Prince.
«La peinture, les mots et l'amour».