Chapitre 2

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J'ai alors erré plusieurs mois à faire diverses rencontres, à me lancer dans des relations sans lendemain en me persuadant à chaque fois que chaque relation allaient être différentes. Je suis allée à des festivals, réalisée un tas de projets que je n'avais jamais eu l'occasion de faire. J'ai cherché à te recroiser. Je suis d'ailleurs allée à un endroit où je savais que tu serais aussi. Être là à savoir que tu devais venir, que j'allais forcément te croiser. Savoir que ton corps serait non loin de moi. Une foule de monde. Peu de chance que je te vois réellement. Pourtant je savais que tu n'étais pas loin, comme deux aimants qui s'attirent. Deux aimants qui savent que l'autre n'est pas loin. Voilà. Ton regard a croisé le mien. Je n'avais pas prévu cela. Mais tu étais là. Avec elle. Je suis restée au loin, à ignorer ta présence cachée derrière mes lunettes de soleil et toi caché derrière ta casquette. Deux enfants qui n'osent pas s'approcher, timides et insouciants. Tu étais là. Au loin mais à la fois si près. Elle m'a vu et je ne sais pas si elle a remarqué que tu m'avais regardé. Discrètement. D'une telle discrétion que moi je l'ai remarqué. J'étais à peine à dix mètres de toi. Dix longs mètres. Dix mètres qui me séparaient de toi. Et j'ai vu. J'ai vu dans tes yeux, dans ton regard, dans ton visage interrogateur. J'ai vu que tu me regardais. Mais elle, l'a-t-elle vu ? Deux personnes séparées depuis maintenant plusieurs mois. Cette connexion qui s'est faite et que personne n'a remarqué, je l'ai ressenti, tu l'as ressenti. Cette connexion qui nous disait que l'on était séparés depuis maintenant bien longtemps, qui nous faisait comprendre les erreurs et les choix du passé. Cette connexion qui nous amenait à nous demander : ''comment en sommes-nous arrivés là ?". Désillusion. Le temps d'un instant, un peu de toi. Cette fois c'était seulement le temps d'un moment. Souvenir du passé. Un passé ancré à jamais. Et je vous regardais, simulant de projeter mon regard ailleurs. Et je te voyais. Et elle te parlait. Et tu lui répondais. Et je soupçonnais ton regard de se poser sur moi. Tu étais là. Innocent. Sensation indescriptible. Et ces mots s'enchaînent comme s'ils ne signifiaient rien, comme s'ils ne voulaient rien dire. Signification insignifiante. Inexplicable. Incompréhensible. Puis mon corps a pris la décision de prendre une autre direction. Comme si mon corps se détachait de mon esprit et de mon envie de venir te retrouver. Cette envie était-elle réciproque ? Question sans réponse. Question inutile. Pourquoi se poser de telles questions lorsque l'on sait pertinemment que tout est finit, que tout est à présent finit et impossible. Mon corps est parti vers ailleurs. Elle, elle l'a remarqué. Mais toi l'as-tu remarqué ? M'as tu vu m'éclipser ? M'en aller ? Serais-ce la dernière fois que je te voyais ? Ou bien est-ce le début de nombreuses autres rencontres, à la fois planifiées et inattendues ? Je savais que tu serais là et tu savais que je serais là aussi. Ce jour exact, ce moment présent, à cet endroit présent. Je suis parti et nos interrogations se sont dissipées avec mon départ. Mais ma présence dans ta tête était-elle encore d'actualité ? Des idées tournent et virevoltent dans mon esprit. Cette connexion qui a fait que nous ne comprenons pas, ni l'un ni l'autre, ce que cherche autrui. Je pensais que tu ne savais pas que je te voyais derrière mes lunettes tout comme tu pensais que je ne te voyais pas derrière ta casquette. Mais nous savons l'un et l'autre que nos regards se sont croisés à travers ce brouillard que nous nous créons à la fois inconsciemment et volontairement. Parti pour toujours ou parti pour nous retrouver ? Incertitudes du passé amènent incertitudes du moment présent. Le lendemain. Un seul jour depuis cette rencontre inattendue et volontaire. Contradiction. Contradiction provoquée. Le lendemain ; un spectacle lumineux dans ce ciel aussi vide que mon âme. Un spectacle de feu, un spectacle que j'avais l'habitude de regarder avec avec toi Romain. Un feu d'artifice illuminant le ciel. Un spectacle où je me suis retrouvée là, seule. Seule mais accompagnée. Accompagnée de mes amis. Accompagnée mais seule et désemparée. Une envie de crier. Crier au plus fort. Aucun son ne sort de ma bouche. Un silence interminable qui provoque une telle rage en moi, un hurlement qui m'embrouille. Je cris, je cris si fort que j'ai l'impression que toutes ces personnes se trouvant autour de nous, toutes ces personnes regardant ce spectacle lumineux, se retournent. Crier tellement fort à s'en casser la voix. Crier pour évacuer toute cette haine, tout cet amour, toute cette énergie qui se crée inutilement en moi. Crier à s'en percer les tympans. Crier et que toutes personnes me regardent. J'ai crié comme cela, mais personne ne s'est retourné. Personne ne s'est retourné et ne se retournera jamais. Ce cri, il était dans ma tête. J'ai crié tellement fort pourtant. Si fort que les larmes ont coulé de mes yeux, de mon âme, de mon corps. J'ai crié, crié, crié, crié. Étrangement, cette connexion que nous avions eut la vieille a ressurgit. Était-elle réciproque ? Nous regardions le ciel au même moment, au même endroit. Nos pensées ont traversé ce spectacle nocturne pour se retrouver là haut et prévenir l'autre que nous pensions à autrui. Cela est-ce réel ou bien une simple imagination de mon esprit ? Accompagnée mais pourtant si seule. Accompagnée d'affection, de tendresse, de bras, de baisers, accompagnée d'amour. Mais ces larmes sont la source d'un cri que personne n'entendra jamais, les yeux plongés sur ce feu d'artifice. C'est alors à cet instant que j'ai compris que ce n'était pas en étant accompagné que je serais capable d'avancer. Je devais avancer seule et me reconstruire par mes propres moyens, sans l'aide de quiconque. Je suis parti et j'ai tout lâché à mon tour. À croire que je devais répéter tout ce que tu as fais, suivre tes pas. Je ne sais pas si c'était pour essayer de comprendre ce que tu avais vécu ou simplement pour me convaincre que j'étais exactement comme toi. Je pense être comme toi. J'ai fais souffrir un nombre d'hommes incalculable en déjà presque 1 an que nous sommes séparés. Mais j'ai quand même l'impression que ça me fait du bien. J'ai l'impression de me rapprocher de toi Romain en faisant ça. Égoïsme. Pourtant certains m'apportaient sûrement un peu de bonheur mais rien d'assez puissant pour me donner l'envie de rester.

Cette fois-làOù les histoires vivent. Découvrez maintenant