Prologue

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- Son acte est inqualifiable ! Comment ose-t-il ? Persifla une femme, dont la beauté extrême était accentuée par sa terrible colère.

Il était impossible de lui donner un âge mais sa longue chevelure, telle une rivière dans son dos et dont la blondeur tirait vers le blanc, lui conférait une aura à la fois mystique et magnétique. Quiconque posait son regard sur elle, ne pouvait s'en détourner. Ses iris de la couleur de l'améthyste étaient si clairs, que l'on pouvait se demander si cette dernière était atteinte de cécité.

Sa longue toge nacrée était faite d'un voile fin, presque transparent et se superposait à une magnifique robe blanche, qui épousait ses chevilles. Les bretelles de l'habit ressemblaient à de petites perles de lumière et ceignaient son cou en passant en croix au niveau du décolleté. Ces mêmes petites sphères créaient une sorte de ceinturon lâche à sa taille, donnant au tissu un air vaporeux. Le tout semblait voler au rythme de ses pas rageurs.

L'irritation émanait de tous les pores de son être.

- Fulminer ainsi, comme une vulgaire mortelle ne te sied guère Gabrielle, commenta la voix fluette d'un garçon qui ressemblait physiquement à celle qui venait de s'insurger ; à ceci près que ses cheveux étaient châtains.

Bien qu'il paraisse l'âge d'un adolescent pré-pubère d'une douzaine d'années, il en imposait autant que la femme. Gabrielle inspirait naturellement le respect par sa prestance et sa puissance, mais ce même pouvoir coulait dans les veines de l'enfant, qui était bien plus vieux que ne le laissait présager son apparence.

Sa voix était froide et détachée, comme dénuée de sentiments. Le jeune garçon ne faisait qu'exposer ce qu'il pensait de cet éclat ; ni plus ni moins. Il la jaugeait de son regard, assis sur son nuage, droit et dans une posture souveraine.

- Michaël, ne me dis pas que cela te laisse indifférent ! Siffla-t-elle.

Pour appuyer sa colère grandissante, ses yeux et ses veines commencèrent à briller d'une couleur argentée. Sa mâchoire était tellement contractée, qu'une feuille de papier n'aurait pas pu se glisser entre ses dents. Si un regard avait pu tuer ; Michaël serait mort sans autre forme de procès. Les ondes négatives émanant d'elle, en disait long sur son humeur et ses pensées. Sa bouche, si joliment dessinée, était déformée par un rictus de dégoût.

- Si c'est la guerre que notre frère veut, c'est la guerre qu'il aura ! Cingla-t-elle d'une voix tranchante et qui ne souffrait aucune réplique.

Dans son élan, Gabrielle laissa apparaître ses trois paires d'ailes éclatantes de blancheur et aussi grandes qu'elle. Seule une petite sélection élitiste pouvait revendiquer ce symbole de puissance, de sagesse et de pureté. Lucifer, archange prodige, avait été le premier à les développer avant sa chute.

- Tu es d'un tel dramatisme, l'admonesta l'enfant d'un ton moqueur. Range donc tes ailes, il ne fait que nous provoquer !

- Le Déchu n'aurait pas eu à nous défier, si nous lui avions fait face dès le début, cracha-t-elle d'une voix venimeuse.

- Et rentrer dans son jeu ? Allons Gabe... te voilà bien impulsive, comme tes protégés.

Les veines de la jeune femme étincelèrent davantage. Elle était agacée par l'attitude hautaine de son frère. Son visage se ferma, ne laissant transparaître aucun autre sentiment. Ses yeux le fusillaient sur place. La blonde avança jusqu'à être en face de lui et le toisa froidement. Leurs regards se verrouillèrent. Michaël n'en avait que faire du problème et ne faisait rien pour s'en cacher.

L'Héritier des SangsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant