Camilo Madrigal et l'Oracle (FR)

Chapitre 2 : Qu'est-ce que tu caches ?

La jeune inconnue se réveilla grâce à une odeur de café matinale. Avant même d'ouvrir les yeux, elle imaginait son environnement. Elle se sentait confortable, avec un douce couverture qui la maintenait au chaud. Elle sentait l'odeur du café, un parfum de fleur, et aussi une odeur sucrée. Elle entendait également un brouhaha au loin, une petit brise de vent faisait grincer le bois des étables à l'extérieur. Elle entendait également un chuchotement et un bruit de crépitement. Quelqu'un cuisinait.

Elle ouvrit sagement les yeux mais la lumière l'aveugla. En réessayant doucement, elle commençait à découvrir la pièce dans laquelle elle se trouvait. En tournant la tête, elle fut surprise de voir une jeune femme endormie à son chevet et eu un léger sursaut, ce qui la réveilla à son tour.  

- "Oh, tu es réveillée ! Excuse moi, je me suis endormie. Je vérifiais que tes blessures guérissent bien et que tu te réveilles. Mais au final je me suis endormie et c'est toi qui a dû me réveiller... Tu étais dans un sale état, heureusement que Camilo t'a vue hier soir. D'ailleurs je t'ai fait dormir dans ma chambre, ne m'en veux pas pour le désordre..." La jeune femme n'arrêtait pas de parler une seconde. 

- "Pardon, je ne me suis pas présentée. Moi c'est Mirabel, et toi quel est ton prénom ? D'où viens-tu ?".

Avant même de pouvoir répondre, deux autres femmes se précipitaient dans la pièce. Une jeune adulte aux beaux cheveux bouclés coiffés d'un soyeux ruban rouge pris la parole, elle avait l'air mécontente.

- "Mirabel, pourquoi tu ne nous préviens pas qu'elle est réveillée ? Je l'ai entendu se réveiller depuis la cuisine où j'ai été chercher tia Julieta", dit-elle. Julieta devait être la femme plus âgée qui l'accompagnait, a pensé la jeune inconnue. 

- "Pardon, pardon ! Mamá, regarde sa jambe, elle n'a presque plus rien", dit Mirabel tout en dégageant la jambe de l'inconnue. 

Cette dernière sursauta et enfouit sa jambe sous les couvertures. Mais tout le monde avait eu le temps de voir que sa jambe était couverte de cicatrices, bien qu'il n'y ait plus de blessures. Elle prit aussi le temps de couvrir ses bras, couvertes de cicatrices également. Cependant, elle portait toujours ses gants. 

- "Comment est-ce que tu t'appelles, mi niña ?", demanda Julieta.

- "Je... Je ne sais pas..." répondit-elle. 

Les trois femmes semblaient perplexes, avait-elle perdu la mémoire ? Dolores remarqua que la jeune inconnue portait un petit bracelet en argent. Elle s'exclama :

- "Ce ne serait pas Lyra ton prénom, par hasard ?"

- "Je ne sais pas. Peut-être que oui". 

La jeune fille était perdue. Depuis le plus longtemps qu'elle se souvienne, on ne s'était jamais adressé à elle avec un nom particulier. Elle avait toujours porté ce bracelet, donc probablement qu'il avait un rapport avec son prénom et d'où elle venait. Elle savait d'où elle venait, mais ne se souvenait pas de sa tendre enfance, avant que le drame n'arrive. Julieta la regardait tendrement. Elle l'incita à aller prendre un bain pour nettoyer tout le sang et la poussière qui lui collaient encore à la peau. Elle demanda également à Mirabel de lui créer de nouveau vêtements sur mesure, bien qu'elle devrait en refaire de nouveau dans quelques semaines, quand Lyra aura repris du poids. Elle était très maigre. 

Julieta lui indiqua la salle de bain et lui proposa de l'aider à se laver. Lyra n'était pas pudique, elle avait juste peur de regarder son corps couvert de cicatrices. Julieta l'aida à enlever le bout de tissus qui lui servait encore de vêtement jusqu'à maintenant et tenta d'enlever les gants de Lyra. Mais celle-ci eu un rebond en arrière et cria de ne pas toucher aux gants. Julieta semblait un peu perplexe, mais accepta les demandes de Lyra. Elle tenta de faire discussion avec la jeune fille malgré tout.

-"Dis-moi... Que t'est-il arrivé pour que tu sois dans cet état ?" Elle ne s'en rendit pas compte, mais elle regardait toutes les cicatrices du corps de Lyra en disant ça, ce qui mit Lyra dans l'embarras. Elle avait le regard fuyant, Julieta a vite compris qu'il s'agissait d'un sujet très sensible dont Lyra ne parlera probablement pas tout de suite. 

- "Ok... tu es venue toute seule ?" tentait timidement Julieta. 

Lyra hocha de la tête tout en gardant son regard fuyant. Julieta ne savait pas ce qu'elle fuyait exactement : la conversation qui ne la met pas à l'aise ou les cicatrices que la gentille dame était entrain de laver. Lyra était plongée dans le bain et regardait ses mains portant toujours les gants souillés de sang. Julieta le remarqua et lui dit que Mirabel pourrait lui en coudre de nouveaux si elle voulait. Lyra sourit.

Alors que Lyra et Julieta étaient au bain, Mirabel commençait à préparer le patron pour la future robe de Lyra. Elle était étonnée de devoir faire une robe si fine. Il fallait dire, Lyra n'était pas très en chère. Mais Mirabel savait qu'elle allait reprendre du poids si elle restait au village. De plus, à qui cette robe pourrait aller si Lyra ne saura plus la porter après quelques semaines ? Elle ruminait en réfléchissant comment pallier à ce problème quand Abuela Alma toqua à la porte de la chambre.

- "Mira, puis-je rentrer"? Alma rentrait en regardant le patron que préparait Mirabel. Evidement, toute la famille était au courant pour l'apparition de Lyra dans la famille Madrigal. Camilo l'avait ramenée à la maison en se transformant en sa cousine Luisa, qui était bien plus forte physiquement que lui pour porter une fille évanouie. Dolores avait entendu les secours de Camilo et Julieta avait préparé de quoi guérir Lyra. Mirabel s'était occupée de la mettre à coucher dans sa chambre, dans l'ancien lit d'Antonio. Pendant que Pepa passait un savon à Camilo pour être sorti tard le soir sans prévenir. 

Alma semblait hésitante, Mirabel remarquait directement que quelque chose n'allait pas. Abuela Alma mis quelques instants pour trouver ses mots.

-"Mira... Je pense que tu devrais préparer ta chambre pour loger Lyra encore quelques temps." Mirabel était étonnée. Non pas parce que abuela lui demandait d'héberger Lyra le temps qu'elle aille mieux, mais parce qu'elle avait hésité à le dire. Quelque chose clochait et Mirabel était décidée et lui faire sortir les vers du nez.

- "Abuela, évidemment que je vais préparer ma chambre pour elle le temps qu'elle aille un peu mieux. J'ai l'impression que tu me dis ça comme si tu savais qu'elle allait rester longtemps... Est-ce que tu sais quelque chose que je ne saurais pas ?", demanda Mirabel en fixant Alma du regard.

La paupière droite d'Abuela se mit à trembler.

- "JE LE SAVAIS", s'écria Mirabel, "Luisa tient ce réflexe de toi, je l'ai remarqué lors de la cérémonie d'Antonio. Ton œil avait tremblé quand je t'avais dit que les murs se fissuraient. Dis-moi ce qu'il se passe." 

Alma était très surprise de la perspicacité de sa petite fille. Après tout, le pouvoir de Mirabel étant probablement d'unir la famille quitte à renforcer ou diminuer le pouvoir de chaque membre de la famille, Mirabel sait voir et comprendre quand quelque chose ne va pas. Tout comme elle avait fait pour ses deux sœurs peu après la cérémonie de son dernier petit cousin. Luisa portant trop de pression sur ses épaules, le pouvoir de Mirabel aurait été de diminuer celui de sa sœur Luisa, pour qu'elle puisse se reposer. Concernant son autre sœur Isabela, Mirabel aurait renforcé son pouvoir pour qu'elle puisse arrêter de se cacher sous des fausses allures de femme parfaite. Cependant, Mirabel pouvait aussi passer d'un extrême à l'autre. Même si ça avait bien fini la dernière fois, il avait fallu passer par des étapes quelques-peu mouvementées. Alma préférait garder le silence pour le moment afin ne pas avoir la panique de la famille sur le dos. 

Si Mirabel est fortement liée à Casita, sa souffrance concernant sa propre famille peut engendrer des catastrophes sur la maison. Quand Mirabel n'était pas sur la photo de la cérémonie d'Antonio, Casita a commencé à se fissurer. Quand elle avait découvert la vision de Bruno disant qu'elle était responsable du malheur, sa souffrance a également engendré un éboulement dans la chambre de Bruno. Quand elle s'était fortement disputée avec Alma concernant les problèmes familiaux, la maison s'était effondrée. Alma avait peur que l'état émotionnel de Mirabel n'influence de nouveau l'état de Casita. Elle voulait éviter ça.