Chapitre 2

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- Donne-moi ta main.

Noé ne riposta pas, et s'exécuta. Sa paume entra en contact avec le gant qu'il n'avait osé lui ôter quand il avait pris soin d'enlever son manteau et ses bottes avant de le glisser dans son lit. Puis il était resté à son chevet jusqu'à son réveil, il y a une heure. Depuis, Vanitas n'avait dit un mot, avant ceux-ci.

- Tu vois ? Je ne tremble pas, toute l'adrénaline est retombée, je vais bien. Tu peux arrêter de m'assister maintenant. Je te rappellerais que je suis le médecin.

- Si je te laisse sans surveillance tu vas t'enfuir par la fenêtre et cette fois, il n'y aura personne sur qui t'échouer.

- Noé, je ne suis plus un gamin depuis des lustres. Arrête de faire comme si j'en étais un.

Il cachait l'un de ses yeux sous sa longue frange, évitant le regard de Noé. Il avait l'impression qu'il avait la capacité de lire en lui comme en un livre ouvert, sans même boire son sang. Lorsqu'il se sentait vulnérable, il s'octroyait le droit d'ordonner à Noé de déguerpir, et de lui parler en fixant un objet derrière lui.

Dans son lit, lanterne allumée sur sa table de nuit, les jambes engourdies, il revoyait le soleil, s'effondrant. Il avait pris l'habitude de vivre la nuit, d'admirer la lune éclairant la nuit noire et ornant le ciel. Combien de fois s'était-il allongé sur le rebord d'une fontaine afin de retracer les constellations qui apparaissaient et se reflétaient dans ses yeux ? La boule dorée lui avait paru fantastique, rêvée, mensongère.

Rendez-moi la lumière.

- Je m'en vais.

Noé se leva, se dirigea vers la porte, sans se retourner. Le premier reflexe de Vanitas fut de ne rien dire. Seule une moue de frustration décora son visage. A présent que Noé fichait le camp, comme demandé, pourquoi un drôle de sentiment l'envahissait-il ? Et s'il s'endormait ? Et si ses cauchemars revenaient le hanter ? Ses nuits étaient devenues tellement plus calme depuis que Noé dormait dans le lit d'à côté, comme si, même dans ses rêves, il se battait pour le protéger.

- Reviens, le pria Vanitas lorsque Noé tourna la poignée de la porte.

Ce dernier s'immobilisa, rassuré d'entendre Vanitas lui faire cette demande. S'il n'avait ouvert la bouche, il serait certainement resté au pied de la porte quelques minutes, avant d'en repasser le pas. Depuis leur rencontre, il ne pouvait se tenir loin de lui. Le monde lui paraissait si fade lorsqu'il ne le voyait pas. Rien que l'éclat de ses yeux transformait son monde, le métamorphosait en une valse d'étoiles qui l'illuminaient, et le comblaient d'espoir.

Il s'installa sur le bord du lit, allongeant la distance entre eux. Bien que l'envie de se trouver assez proche de Vanitas pour toucher sa peau, sentir l'odeur du sang qui circulait dans ses veines, le prenait, il ne voulait le brusquer.

- Rapproche-toi. Je te pensais moins timide.

Pour la première fois de la soirée, Vanitas daigna planter ses yeux dans ceux de Noé. Il le défiait, tentait de le pousser à l'énervement. Il se demandait quand Noé n'aurait-il plus la foi de rester auprès de lui, quand détesterait-il la personne qu'il était. Il voulait savoir quand ce moment viendrait, et s'il devait venir aujourd'hui, cela écarterait ses angoisses. Il ne s'attacherait pas davantage à Noé avant qu'il ne le délaisse, tel l'ennemi qui s'en serait pris à l'amour de sa vie.

Mais, au lieu de réagir comme Vanitas l'avait imaginé, Noé se rapprocha de lui. Les mains entre ses cuisses, il jouait avec ses doigts nerveusement. Craignait-il Vanitas ? Celui allongé l'espérait, il s'enfuirait plus vite, briserait leurs chaînes avant que Vanitas ne les détruisent.

Aube, montre-toiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant