Mortal Lovers

Cʜᴀᴘɪᴛʀᴇ 8 : Iɢɴᴏʀᴀɴᴄᴇ Gʟᴀᴄɪᴀʟᴇ

Je restais un instant cloué sur le lit, ne sachant plus réellement où j'étais. Inaki ressortit de derrière son paravent, avec d'autres vêtements, et ne me lança pas un seul regard en se dirigeant vers la sortie de sa chambre.

- Je vais dans la salle d'astronomie, me lança-t-il d'un ton froid.

Je sautai du lit, en me secouant mentalement. Je le suivis dans le couloir.

- Et le jardin ? Demandais-je alors, avec espoir.

- Oublies.

Il m'avait répondu d'une voix froide et tranchante, en ne me lançant même pas un seul regard. Inaki, l'imbécile froid et arrogant était de retour... Qu'est-ce qu'il pouvait m'exaspérer... Je ne comprenais même pas pourquoi il était en colère ! Il était en train de se confier, il y avait à peine deux minutes, il avait arrêté pendant l'espace d'une seconde de jouer les petits idiots, et maintenant il avait recommencé à bouder ! Et je ne pouvais même plus me rendre dans le jardin, vu que "Son Eminence" n'en avait plus envie ! Je le suivis sans rajouter un mot, et il entra dans sa petite pièce secrète en se dirigeant directement vers son petit coin envahi de coussins, adossé aux carreaux de la fenêtre. Il se mit alors directement à lire un livre en prenant la peine de ne jamais lever la tête vers moi. Je soufflais. Maintenant il faisait comme si je n'existais plus.

Je devrais le détester. Il était horripilant. N'importe qui de sain d'esprit aurait envie de l'étrangler et n'importe qui l'aurait déjà fait. Mais... Moi, je n'arrivais tout simplement pas à lui en vouloir. À chaque fois que je voulais me mettre en rogne contre lui, je me rappelais que je me sentais d'une quelconque manière aimanté à lui. En aucun cas, je ne voulais être loin de lui.

Je m'asseyais en soupirant en face de lui. Je l'observai lire tranquillement sans dire un mot. Malgré le fait que son visage soit étonnement calme, son pied qui n'arrêtait pas de gigoter me montrait que dans le fond, quelque chose le rendait nerveux. Peut-être le fait que je sois sur le point de percer sa carapace et de briser son petit masque parfait d'idiot arrogant. J'étais sûr que j'y arriverais bientôt. Inaki n'était pas insupportable, enfin quand il n'essayait pas de l'être en tout cas.

- Arrêtes de me regarder comme ça. Tu m'empêches de lire correctement, déclara-t-il, une bouclette blonde lui tombant devant les yeux.

Je me raclai la gorge, gêné. Il était vrai que je le fixai depuis quelques minutes maintenant.

- Excusez-moi, marmonnais-je en détournant mon regard vers la fenêtre. 

Le reste de l'après-midi se passa sans un autre mot, pas un seul échange, pas un soupir. Inaki était resté aussi silencieux qu'une carpe. Parfois j'étais obligé de lui lancer des regards en coin pour m'assurer qu'il n'était pas décédé entre temps. Au coucher du soleil, il ferma son livre et s'étira comme un chat en se levant. Je l'imitais, et il m'informa qu'il allait prendre une douche. J'allais donc l'attendre dans sa chambre comme un gentil garçon... Je me rendais de plus en plus compte que ce job de garde du corps n'en était réellement pas un. Je passais mes journées à suivre un blond horripilant dans un manoir gigantesque... Et la plupart de ses trajets se résumaient à sa chambre, puis la salle d'astronomie où je le voyais lire et annoter un millions de bouquins.

Dans ma tête, lorsqu'il m'avait annoncé que je devais être son garde du corps, ma vie était sur le point de devenir trépidante ! Je me voyais me battre tous les deux jours, j'aurai été vu en héros par tout le manoir, et Inaki m'aurait noyé sous les éloges. Mais il s'avérait que j'avais peut-être une imagination trop débordante...

Je m'assis dans le fauteuil et observai le feu qui crépitait déjà dans la cheminée. Aujourd'hui, je n'avais pas tellement eu l'occasion de faire progresser ma relation  avec lui. Et mes journées allaient s'avérer longues si je n'arrivais jamais à trouver de terrains d'entente. Je ne voulais pas me contenter de le suivre sans rien dire. Mais Inaki s'évertuait à faire trois pas en arrière dès que j'en faisais un en avant.