Cʜᴀᴘɪᴛʀᴇ 6 : Lᴇ Sᴀʟᴏɴ

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Le lendemain matin, je me levai aux aurores, réveillé par les gigotements d'Inaki dans son lit. J'étais dans sa chambre, dans un canapé placé en face de la cheminée. Et je regardai le plafond.

Hier ce blondinet avait failli me faire commettre un meurtre. Il avait agi comme le parfait enfant capricieux et pourri gâté qu'il était en me faisant courir dans tout le manoir pour une tasse de thé. Au bout de quelques heures quand il a compris que je n'allais pas abandonner et que j'allais continuer à lui apporter sa tasse de thé, il avait fini par renoncer et était allé prendre une douche, un air ennuyé au visage. Il n'était même pas parti dîner. Il était directement monté dans son lit et s'était endormi pendant que moi je m'installai dans ce canapé.

Et maintenant, je l'entendais qui gigotait comme un ver dans son lit. Je me levai de mon lit improvisé en soupirant, avec le blondinet, impossible de dormir correctement. Enfin. Je ne me plaignais pas. Cette nuit avait été meilleure que celles que j'avais connues en prison. Même si je me levais avec un mal de cou pas possible, je ne regrettais pas les lits de camps en métal froid de ma cellule.

Je massais ma nuque en sortant de la chambre et en me dirigeant vers la cuisine. Maintenant ce chemin, je pouvais le faire même les yeux fermés. Arrivé dans la cuisine, je remarquai quelques domestiques qui préparaient la vaisselle pour le petit-déjeuner. L'une d'entre elles me fit un petit sourire, c'était elle qui me servait mon repas depuis que j'étais arrivé. Je lui rendis son sourire en volant des fraises du frigo.

Depuis que j'étais arrivé au manoir, je me faisais un malin plaisir de re-découvrir la nourriture sous toutes ses saveurs. Et je devais dire que je parvenais à reprendre des forces doucement mais sûrement. Je me dirigeai ensuite dans l'entrée, prêt à monter les escaliers pour rejoindre la chambre du blondinet. Mais je préférais m'arrêter et observer la porte en face de moi. Je n'y étais jamais entré. La curiosité s'empara de moi et je fis quelques pas vers elle. Arrivé devant la porte, ma main s'arrêta à quelques centimètres de la poignée.

La curiosité était un vilain défaut, Kieran...

Tant pis.

J'attrapai la poignée et la tournai pour ouvrir la porte. Il s'agissait d'un salon. Cette pièce, comparée aux autres de la maison était très colorée. Les murs était d'un blanc immaculé sans aucune imperfection, tandis que le sol était un parquet parfaitement ciré. Au centre de la pièce se trouvait un canapé bleu ciel, puis de chaque côté de ce canapé, deux autres fauteuils canari. Dans un coin de la pièce, paressait un majestueux piano à queue. Et au centre du canapé et des fauteuils, une petite table basse. La salle était très lumineuse et captai les premiers rayons du soleil grâce aux nombreuses fenêtres qui se trouvaient dans la pièce. Rasant le mur se trouvait un living en bois blanc. Je m'y approchai et y vis sur plusieurs étagères des photos.

Il y avait des photos de la mère d'Inaki, Valéria. Son père avait vraiment raison, elle était magnifique. Elle l'était encore plus en photo qu'en peinture. Ses longs cheveux roux au vent, son sourire toujours aussi grand et ses yeux d'un bleu si transperçant. Elle était grande et mince, et sur la photo que je regardais, elle se trouvait dans les bras de son mari. Asmadeus avait toujours l'air aussi sérieux et imperturbable. Sur d'autres photos, il n'y avait qu'elle qui prenait la pose pour le photographe.

Puis sur une autre étagère se trouvait des photos d'Inaki enfant. Il y avait des photos d'un petit bambin blond dans les bras de Valéria, qui le regardait avec tellement de tendresse. Puis une photo de ce petit blond qui, apparemment, venait d'apprendre à marcher aux côtés de Valéria. Une autre photo, où Inaki semblait plus âgé, peut-être deux ou trois ans, et il était dans les bras d'un garçon brun peut-être agé de dix ans, je supposais. Tous les deux rigolaient aux éclats. Je regardais une autre photo, et y vis Valéria au centre, dans une longue robe rouge, ses cheveux descendant en cascade dans son dos. Elle était accroupie et dans chacun de ses bras se trouvaient un enfant. À sa droite, se trouvait le garçon brun, et à sa gauche, un petit Inaki d'à peine trois ans. La chose qui me frappa sur cette photo fut la couleur de leurs yeux. Tous les trois avaient ces magnifiques yeux bleus si pétillants.

- Normalement tu dois toujours être à mes côtés. Ce n'est pas en vagabondant partout que tu me protèges. Est-ce qu'il faudrait que j'en parle à mon père pour faire baisser ta paye à la fin du mois ?

Je sursautai et me retournai vivement. Inaki était installé sur l'accoudoir du canapé et me scrutai de ses yeux bleu océan. Il était encore en pyjama. Depuis combien de temps, il était là ? Je ne l'avais pas du tout entendu entrer...

- Quelle est cette pièce ? Demandais-je alors en faisant quelques pas vers lui.

- La prison t'a vraiment ravagé le cerveau ou tu joues les débiles ? De nos jours, les gens civilisés appellent ça un salon, fit-il en détachant bien les syllabes du dernier mot comme si j'étais un idiot profond.

Je le regardais exaspéré. Même à six heures du matin, il ne pouvait pas se montrer poli ?

- Je ne suis jamais venu ici, répliquais-je.

- Tu es là depuis cinq minutes. À quoi tu t'attendais un room tour ? Me fit-il, sarcastique.

Je roulais des yeux. Non. Il était encore plus exécrable le matin. Je le vis se lever du canapé et se diriger vers la sortie de la pièce.

- Ne restons pas ici plus longtemps. Mon père déteste que quelqu'un entre dans cette pièce. Alors suis-moi maintenant, déclara-t-il d'un ton froid.

Je fourrai mes mains dans mes poches en soufflant. Je me demandais ce que son père ne détestait pas. Je lui emboîtai le pas et le suivis dans le manoir. Au lieu de se rendre dans sa chambre, il décida de se diriger vers la salle d'astronomie. Il y entra et prit un de ses livres et s'installa dans le coin de la pièce, au même endroit qu'hier, parmi les coussins. Et commença à lire.

Hier soir, il m'avait littéralement traité comme son esclave personnel. Maintenant c'était mon tour. Je m'asseyais à ses côtés, et lui arrachai le livre de mains. Je l'entendis soupirer en levant les yeux au ciel.

- Qu'est-ce qu'il y a ? Tu veux encore que je te fasse la lecture ? Me demanda-t-il, agacé.

Je souriais de toutes mes dents en feuilletant son livre.

- Non. Aujourd'hui je veux quelque chose de plus passionnant que de la lecture, déclarais-je en regardant les pages de son livre.

- Il n'y a rien de plus passionnant que la lecture, rétorqua-t-il, l'air d'y croire dur comme fer.

Je rigolais en lui faisant une pichenette sur le front. Et je vis ses joues prendre une teinte rose. Mon sourire s'étira. C'est qu'il pouvait se montrer docile quand il le voulait.

- Allons dans le jardin. L'air pur vous fera du bien, proposais-je alors.

Cette fois, un sourire malicieux apparut sur son visage, alors qu'une petite lueur presque démoniaque traversait son regard.

- Dans le jardin, hein ? D'accord ! Une journée dans le jardin, nous passerons ! Mais il faut d'abord que je me trouve une tenue convenable avant d'y aller !

Sur ces dernières paroles, il se leva et sortit de la pièce, quasiment en sautillant. Pourquoi j'avais l'impression que je venais de me faire piéger encore une fois ?

Mortal LoversOù les histoires vivent. Découvrez maintenant