Tu te souviens de moi ?

Helene Walker

7h30. Une chanson nasillarde s'échappe de mon téléphone et je tends la main vers la table de chevet pour l'interrompre.
Je me frotte vigoureusement le visage en soupirant, m'apprêtant à me rendre dans la salle de bain quand je remarque avec stupeur que je suis retenue par quelque chose. Une main.

C'est... Eden ?

Ses yeux brillants me fixe avec insistance, se déversant en moi tel un livre ouvert. Je suis obnubilé par ses prunelles nébuleuses, elles sont s'y proche... Je penche la main pour arranger une mèche solitaire qui se démarque de ses cheveux sombres, comme une auréole d'épines sombres. 

Va-t-il m'éviter ?

Bien au contraire, il penche ses lèvres vers moi et... Le réveil sonne pour de bon.

Je me redresse brusquement sur mon lit, trempée de sueur. Mon souffle haché contraint ma poitrine à s'abaisser à un rythme insoutenable qui me brule les poumons. Ce n'était qu'un rêve, un banal rêve. Je passe ma main sur mon front humide de transpiration, m'efforçant de me calmer pour de bon. Le vrai Eden : qui se trouve respectivement à quelque centimètres de moi, me dévisage nonchalamment, un rictus de mépris figé sur son beau visage anguleux.

- Tu prononçais mon nom dans ton sommeil Helene. C'était embarrassant pour tout te dire, car on aurait dit qu'il se passait quelque chose de bizarre dans ton rêve.

Oh non ! Je plonge sous les draps savonneux, essayant de dissimuler mes joues cramoisies par la honte. Malheureusement, c'est avec un effroi considérable que je remarque que j'ai parlé à voix haute, renforçant le regard moqueur d'Eden.

- Et si !

Il éclate d'un rire contagieux, et je manque de m'évanouir sous l'effet de la honte. 

- Et bien n'écoute pas si ça te dérange tant, craché-je sur la défensive.

Je me lève d'un bond sans jeter un seul coup d'œil dans mon dos, et file dans la salle de bain afin de me débarbouiller le visage. Le reflet du miroir me revoie l'image d'une jeune femme éreintée, les traits tiré par l'embarra et par la simple pensée que le PDG d'une des plus puissante entreprise de New York partage ma chambre. Je défais mon chignon dépareillé, me sentant malgré tout épié par l'homme qui occupe mes plus sombre pensées.

- Pourriez-vous cessez de me regarder ainsi, demandé-je les dents serré, sans pour autant me tourner dans sa direction.

Je suis passée presque naturellement au vouvoiement, me rappelant mentalement à l'orde.

Derrière moi, un nouveau rire résonne, et cette fois ci ; je fais face, des éclairs de frustration étincelant dans les yeux.

- Qu'est-ce qu'il y'a de si drôle bon sang ?

- Rien, dit-il hilare, essuyant une larme imaginaire du coin de l'œil. Je repense seulement à la façon dont vous m'avez dévisagez hier soir, quand je sortais de la douche.

Je manque de piquer du nez, mais reste tout de même stoïquement debout, les jambes flagellante.

- Je... Je balbutie péniblement, priant pour que ce petit jeu s'arrête pour de bon.

- Vous ?

Un de ses sourcils s'élève interrogateur, et je façonne un masque d'indifférence insolente sur mon visage pourpre.

- Je ferrai mieux de partir, dis-je finalement, captivé malgré tout par ses grands yeux brillants.

Je me racle la gorge bruyamment, attrape ma sacoche et parts de la chambre précipitamment.

Autrement dit : je fuis.

Un tourbillon d'émotions étranges flottent dans mon esprit, apportant avec elle le murmure d'un souffle inconnu.
Je peux tout simplement dire que ce jeune homme ne me laisse pas indifférente. Toute ces années passées sans lui n'ont apparement rien changé ; si se n'est qu'augmenter un désir étrangé qui me pétrifie sur place.

- Helene Walker je vous cherche depuis plus d'une heure !

Je me retourne violemment et sourit poliment à l'homme imposant qui se trouve devant moi.