Chapitre 1

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- Encore cinq minutes d'attention, s'il vous plaît.

Gauthier ne se sentit pas visé par ce rappel à l'ordre, sagement tourné vers le tableau les lèvres liées depuis le début de l'heure. Il suivit le regard du professeur et inclina légèrement le menton vers la gauche. Les deux élèves perturbateurs ne firent pas fait répéter l'adulte en cessant aussitôt leur bavardage.

Sur le chemin que son regard parcourut pour revenir vers le tableau, sur lequel le professeur annotait des mots, les yeux de Gauthier s'arrêtèrent sur un dos recouvert d'un pull gris. Il observa d'abord les épaules de cette personne puis son regard remonta sur sa nuque et ses cheveux bruns foncés. Elle était là, sa seule distraction possible dans cette classe.

Il se souvenait encore parfaitement de la douceur dont la peau de son cou avait fait preuve il y a quelques jours en arrière. Son corps frêle, qu'il avait adoré sentir contre le sien, n'avait pas l'air aussi fragile dans ce gros sweat. Gauthier lui avait laissé ce vêtement qui lui appartenait et le brun l'avait mis ce matin pour venir en cours. Cela l'avait fait sourire.

La cloche fit sursauter Gauthier, perdu dans ses pensées depuis plusieurs minutes. Il regarda avec appréhension les mots se trouvant désormais bien plus nombreux sur le tableau et prit son crayon pour les noter rapidement dans son cahier. Il grogna quand l'élève désigné commença à effacer la craie avant qu'il n'ait eu le temps de finir d'écrire.

Gauthier rangea ses affaires dans son sac et prit la porte en imitant ses camarades. Tous s'y étaient précipités après la sonnerie, cela pouvait s'expliquer parce qu'elle était la dernière de la journée. Gauthier aussi se hâtait vers son dortoir mais c'était pour une raison différente des autres.
D'ailleurs, il ne comprenait même pas pourquoi les élèves avaient hâte de retourner dans leur chambre. Pour y faire quoi ? Lire ? Jouer à un jeu de société ? Etudier ? Aucun n'avait la chance d'avoir un passe-temps aussi qualitatif que le sien.

Quand il ouvrit la porte de sa chambre, il tomba nez à nez avec son colocataire et ami.

- Tu ressors ? s'étonna Gauthier.

- Je dois aller voir le directeur par rapport à hier, souhaite-moi bonne chance...

Gauthier afficha une mine mi-surprise mi-angoissée.

- Mince, bon courage.

Son ami prit l'encouragement avec plaisir et s'éloigna dans le couloir que venait d'emprunter Gauthier. Ce dernier, au lieu d'entrer dans la pièce, fit un détour en allant deux portes plus loin. Il toqua et on lui ouvrit rapidement.

- Gauthier ?

Un blond du nom de Louis fut surpris de le voir devant la porte. Derrière lui, Gauthier pouvait apercevoir Clément, allongé sur son lit.

- Je me disais que Pierre était peut-être ici puisqu'il n'est pas dans notre chambre. Oh mais non, je viens de me rappeler qu'il avait rendez-vous avec le directeur, marmonna-t-il en se grattant le front, il ne sera pas là avant au moins une heure en fait...

- Oui c'est vrai qu'il était convoqué. Tu veux entrer ?

- Non, je vais aller faire mes devoirs. A tout-à-l'heure au repas !

Gauthier revint sur ses pas et passa la porte de sa chambre qu'il n'avait pas pris la peine de fermer. De la même façon, après l'avoir traversé, il la rabattit sans la claquer.

Il fit glisser les bretelles de son sac le long de ses bras pour le poser sur le bureau en bois. Puis il prit place sur la chaise juste devant et sortit ses affaires de travail. C'était plus une façon de s'occuper en attendant l'arrivée de sa distraction, qui finit par durer plus longtemps que Gauthier ne s'y était préparé. Il eut, malgré lui, le temps de finir ses devoirs de français et même de commencer ceux de géographie.

Secret SecretOù les histoires vivent. Découvrez maintenant