Il fallait bien que ça arrive. Le bulldozer a attendu mercredi soir, que je sorte de ma séance d'endurance pour me tomber dessus. Son bras sur ma gorge, il me tient contre le couloir du stade, près de la porte de sortie. La lumière de la boîte d'issue de secours éclaire sa tronche d'enfoiré qui prend son pied. Un sale sourire aux lèvres, il me regarde de haut et je serre les dents en levant la tête pour lui rendre son regard noir. Putain, pourquoi je fais une tête de moins que les trois quart de l'équipe ?
— Tu n'as rien compris, hein ?
— Que tu me kiffes ? Si, à cause de tes regards langoureux, je grince alors qu'il m'enfonce un peu plus dans le mur. Ça commence à être douloureux.
— Tu ferais mieux de t'écraser.
J'attrape son bras quand il l'appuie un peu plus. Il va finir par me couper la respiration à cette allure. Sauf que ça ne le perturbe pas, vu son rictus de malade mental.
— Depuis que t'as repris du service, j'entends Kim demander à Jonas de forcer le coach à te reprendre. A chaque fin d'entrainement, il te court après pour que vous restiez sur le terrain. Encore ce matin, Brett a soufflé à Ishan qu'il en avait marre de jouer contre toi et qu'il te voulait avec lui.
— En gros, rien que j'ai fait de moi-même, je grogne. Prends-toi s'en à eux.
— Je t'avais dit de rester dans ton coin, de te faire petit et discret.
— Je peux faire que ça : être petit.
J'écarquille les yeux quand il retire son bras et enfonce ses ongles dans mon cou. S'il serre trop fort, je vais avoir du mal à expliquer les hématomes qu'il risque de laisser. Je déglutis et laisse tomber l'ironie. La pression de ses doigts commence à me répugner et les sensations qui courent sur mes bras me retournent l'estomac. Si je lui vomis dessus, ce sera une petite victoire.
— Arrête de te foutre de moi, siffle-t-il violemment. Tu as cédé ta place à contre-cœur et je compte bien t'empêcher de la reprendre. Tu ne devrais pas être dans l'équipe, tu ne devrais pas porter ses couleurs et tu ne devrais pas avoir le droit de poser tes yeux sur moi.
— Lâche-moi.
— Pour que t'ailles pleurer dans les jupes de Lael ? ricane Daren en resserrant ses doigts. Certainement pas. Je te déconseille de parler de ça à qui que ce soit.
— Lâche. Moi.
Mon corps est tendu, mes mâchoires me font un mal de chien et je sens mes ongles s'enfoncer dans les paumes de mes mains. Tout ça, parce que je ne peux plus garder enfoui les fourmillements, les sensations, les souvenirs qui se bousculent comme des dingues dans ma tête. C'est un vrai raz-de-marée qui me bousille de l'intérieur. Et si Daren ne me lâche pas, je vais devenir fou.
Il ne comprend rien et à la place, il m'écarte du mur avant de m'y renfoncer. L'arrière de mon crâne cogne le béton, ses doigts me coupent la respiration et son autre main me broie le poignet quand j'essaye de l'écarter. Le poids de ses jambes sur les miennes me tétanise alors que je ne peux plus bouger, je peux plus rien faire. Et les larmes me montent aux yeux, ma respiration part en couille, mes oreilles bourdonnent. C'est trop tard.
— C'est la dernière fois que je te préviens. Soit tu t'écrases et tu te mets à dos Kim pour qu'il t'oublie, soit je ne te louperai pas la prochaine fois qu'on se fera un tête-à-tête. C'est clair ?
Un gémissement s'échappe de mes lèvres alors qu'il ricane, galvanisé. Mes mains tremblent et je bouge comme je peux pour le fuir, pour m'éloigner. Mais ça ne sert à rien.
— Fais le bon choix, Max. Ou je te promets de ne pas être aussi tendre quand je reviendrai.
J'écarquille les yeux quand son sourire devient digne d'un monstre. Puis il me balance dans le couloir, à l'opposé de la porte, et je couine en retombant sur le carrelage, l'épaule la première. Daren se marre en sortant et j'explose dès que mon cerveau réalise que plus rien ne me retient.
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RACOONS #1
General FictionBienvenue chez les Racoons... ~ Max a un passé qui régit encore son présent. Ne pas demander d'aide, garder ses secrets et ne pas flancher, c'est ce que Max a toujours fait. Ca lui a tout coûté il y a deux ans : un avenir, des rêves, Kim. Sa vie...