Chapitre 27 - partie 2

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C'est la première chose que je vérifie en clignant des yeux, encore dans les vapes, le lendemain. Les photos placardées au-dessus de mon bureau m'assurent que je suis toujours au dortoir et qu'on est dimanche, vu la luminosité dans ma chambre. Toute l'équipe sera au complet ce soir. Et je vais devoir me confronter à Ness parce que si j'annule, il comprendra qu'il y a un problème.

Je serre les dents et me décide à me redresser. La douleur a décidé de réélire domicile à plusieurs endroits mais je m'empresse de prendre de nouveaux cachets avec le verre d'eau, plein. Charleston a dû passé. Son appel d'hier me revient en tête et je fronce les sourcils en posant les pieds au sol. Je dois attendre une autre minute avant de tenter de me lever. Ma tête tourne légèrement et je souffle longuement en cherchant mon équilibre. Puis, un pied devant l'autre, j'arrive à sortir de ma chambre en me traînant. Charleston relève immédiatement les yeux de son ordi, assis à table, et je me tends devant son regard noir.

— Salut...

— Tu te sens comment ?

— Mieux, je réponds en détournant les yeux sur la cafetière. Omare rentre vers quelle heure ?

— J'en sais rien.

— Et tu sais si Jonas est repassé ?

Je parviens à lever le bras pour prendre une tasse mais je lâche un sifflement entre mes dents en le rebaissant. Charleston ne répond pas et je lui lance un coup d'œil en me servant un café. Ses yeux me fusillent, ses poings sont serrés autour de sa tasse.

— Tu m'en veux.

— Que c'est étonnant, grince-t-il. J'ai passé ma nuit à me battre pour savoir ce que je devais faire. Et j'ai décidé de ne rien dire.

— Mer...

— Surtout, tu la fermes et tu m'écoutes.

En deux pas, il est devant moi. Je recule légèrement et il desserre les mâchoires quand il se rend compte que je suis crispé.

— Je ne préviens pas Memphis parce que je sais ce que c'est, de se raccrocher à quelque chose pour survivre. Ne me dis pas merci alors que je suis terrifié à l'idée de faire la mauvais choix, enchaine-t-il quand j'ouvre la bouche. Par contre, mon silence a un prix, Max et tu n'auras pas le choix de t'y plier.

— Ce que tu veux.

— Tu le dis à Ness. Je veux qu'il y ait toujours l'un de nous deux avec toi. Il est hors de question que tu te retrouves tout seul jusqu'à ce qu'on gagne ce championnat à la con.

Je secoue la tête, c'est instinctif. Ness ne peut pas être au courant. Il va péter les plombs et c'est certain que le coach saura dans la seconde. Charleston le sait aussi, c'est bien pour ça qu'il me fout au pied du mur. La colère embrase mes pensées.

— Tu me prends pour un abruti ? Je ne lui dirai rien ! je crache en affrontant son regard. Il va courir balancer l'histoire à Memphis et au final, tu auras ce que tu veux ! Alors tu peux rêver : Ness ne saura rien et tu ne vas pas me coller.

— Je ne te laisse pas le choix.

— C'est con, moi non plus. Tu sais pourquoi ? Si Ness en parle à Memphis, on revient à la case départ : je perds tout. Si tu me colles, Daren comprendra que tu sais et ça aggravera les choses.

— Max... grogne Charleston mais je secoue la tête. Tu réalises ce qu'il s'est passé hier, ou pas ? Il t'a pris pour un morceau de viande !

Des images défilent dans ma tête et je blêmis. C'est à peine si j'entends Charleston s'excuser, je m'écarte juste brusquement de lui quand je vois sa main se lever. Il suspend son geste alors que je repose ma tasse avant de la laisser tomber au sol. Je passe une main sur mon visage, enfouis les sensations au plus profond de mon âme comme un lâche et prends une inspiration. Puis j'agis comme si de rien n'était. Comme si mon torse n'était pas lacéré. Comme si chaque mouvement ne frottait pas contre les compresses et échauffaient ma peau. Je bois d'une traite mon café, ignore Charleston en posant la tasse dans l'évier.

RACOONS #1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant