A Sang Pour Sang

CHAPITRE 16

Solène fulminait de rage. Elle était restée seule après le départ précipité de Léon qui l’avait abandonné dans sa famille.  Sans se demander comment la jeune femme allait se débrouiller pour rentrer. Même Adolph avait dû partir car soi-disant il avait un programme avec Carel. C’est finalement Sylviane qui l’a ramené chez elle, une fois à la maison elle a attendu le retour de Léon pour avoir une explication à son comportement.
Léon qui était parti en début de soirée, n’est rentré qu' à 23h ce soir-là. À peine il entrait que la jeune femme lui sautait dessus.
-    Tu sors d’où? S’écria-t-elle de rage.
-     Hey… Bonsoir chérie, tu es déjà là? Demanda-t-il conscient qu’il allait passer un sale quart d’heure.
-     S’il te plaît épargne moi tes chérie, chérie! je veux savoir d'où tu viens… avec qui tu étais?
-     Je t'ai dit que j'avais une urgence, expliqua-t-il.
-     Une urgence? qu'est ce qu'il y a de plus urgent que de passer du temps avec moi? Qu’est-ce qu’il y a de plus de gens que de prendre ma défense face à ta famille?
-    Ma famille? De quoi tu parles qu'est ce qui s'est passé?
-     Tu me demandes maintenant de quoi je parle? Comment est-ce que tu peux accepter que ton beau-frère soit le fiancé de ma sœur? C'est une abomination! Nous faisons pratiquement partie de la même famille, elle ne peut pas épouser ton beau-frère… Qui est comme ton frère…
-     Euh soit j'ai loupé un épisode, soit je ne suis pas très éduqué sur les coutumes de chez nous!
-     Tu trouves normal que Alice et Baptiste se mettent ensemble? fulmina-t-elle. Et le pire dans tout ça… Le gars va toquer à la porte en janvier! Nous sommes ensemble depuis 5 ans déjà… rien… mais eux ils vont se se marier…
Léon avait bien compris où se trouvait le nœud du problème même si jusque- là il n’avait pas voulu reconnaître  les faits.
-     si tu pouvais vraiment exprimer le fond de ta pensée ce serait mieux…
-     Le fond de ma pensée c’est que ma petite sœur va épouser un homme qu’elle a rencontré il y a à peine un an. Elle l’a d’ailleurs rencontré grâce à moi… Puisque c’est moi qui aie emmener ma sœur au voir bébé de Maelle… Pendant ce temps, moi je suis ici dans une relation qui dure depuis une éternité et qui n'évolue pas!
-     Je ne sais pas ce que tu as en ce moment mais franchement cette discussion je n’ai pas l’énergie pour l’avoir avec toi dit-il en essayant de l’esquiver pour se rendre dans la chambre.
-     Bien sûr que tu n’as pas l’énergie pour avoir cette discussion! C’est normal que tu n’aies pas l’énergie pour avoir cette discussion… cette discussion tu la fuis tellement que tu te contente de trouver des échappatoires….
-    Là je ne vois pas de quoi tu me parles!
-    Léon ma petite sœur va se marier avant moi… est ce que tu comprends ce que ça signifie? Est ce que tu te rends compte de l’humiliation que je vais subir à cause de cela! Elle va avoir un mari pendant que moi je vais me contenter de porter le bébé de mon concubin…
-    Tu peux réellement me dire quel est ton problème? Finalement tu veux quoi? être heureuse   ou être mariée? S’écria-t-il sortant à son tour de ses gongs. Tu crois qu’il suffit de dire je veux me marier pour se marier? D’accord je t’épouse aujourd’hui… demain on m’envoie à Meyomessala, tu viens ou tu ne viens pas avec moi?
Elle ne réagit pas. Il insista.
-    Tu viens ou tu ne viens pas Solène!
-    C’est quoi cette idée qu’on va t’envoyer en brousse…
-     Cette idée est simple elle est liée au fait que je suis un fonctionnaire Madame… et en tant que telle ou qu'on m’envoie… quel que soit le trou  perdu de ce pays où on aura décidé de m'envoyer je devrais y aller. Et toi tu m’as clairement dit qu’il était hors de question que tu me suives dans ce genre d’endroit alors qu'est ce qu'on fait?
-     tu es vraiment lourd Léon, tu es lourd… parfois je me demande comment j'ai fait pour rester avec toi aussi longtemps.
-     ça veut dire quoi? Tu as déjà l'intention d'abandonner? Demanda-t-il le regard et la voix grave.
-     Laisse moi tranquille je suis fatigué je vais me reposer.
Solène se retrouva seule dans son lit à cogiter. Elle pensait à tous ces plans qui sont en train de tomber à l'eau et le fait qu’elle ne savait pas exactement où elle allait. Ni ce que voulait encore moins avec qui elle voulait être. Maintenant que sa petite sœur allait se marier, elle se demandait si ce n'était pas temps pour elle de faire quelque chose de concret.
Pendant que la jeune femme cherchait le sommeil, Léon lui cherchait des réponses.
Il se doutait bien à un moment que Jasmine pourrait bien être tuée; mais il ne savait pas que ça arriverait aussitôt. Encore moins la nuit du réveillon de Noël. Mais il devait avouer qu’il avait simplement la rage parce que cette jeune femme lui plaisait et qu'il espérait vraiment qu'elle puisse trouver la rédemption.
En fouillant dans son téléphone il se rendit compte qu'il avait reçu plusieurs messages WhatsApp de la jeune victime. Pourtant lorsqu'il était avec Rose tout à l'heure il n'avait pas fait attention à ce détail.
Il ouvrit la conversation et lu les messages:
“    Bonsoir Léon et Joyeux Noël!
     J’ai reçu un message bizarre tout à l’heure qui m'a fait peur parce que ça m'a rappelé quelque chose.
je ne t'en ai pas parlé parce que j'avais peur de ta réaction mais moi aussi j'ai fait un faux témoignage il y a quelques années. j'étais jeune et manipulable un peu comme aujourd’hui.
Après le décès de Judith, les policiers sont venus chez nous pour me parler parce que ses parents leur avaient dit que j’étais son amie. seulement j’avais reçu l’ordre direct de Madame Mba’a de ne surtout pas avouer mon amitié avec Judith
alors je l’ai renié et je l'avais traité de voleuse devant mes parents et les policiers en l’accusant d’avoir  voler certaines de mes effets scolaires, raison pour laquelle nous ne nous parlions plus.
aujourd'hui je reçois un message de menace qui me dit: “je vais arriver comme un voleur”
ça m’a fait repenser à ce faux témoignage! Je regrette vraiment ce que j'ai fait de ma vie. Si je n'avais pas suivi mes amies, si j'avais tout simplement été une jeune fille de mon âge, que je n’avais pas voulu vite grandir nous n’en serions pas là aujourd’hui..
Je serais avec mon fils! Je ne t’ai rien dit mais j'ai un enfant! Christian… mais son père me l'a enlevée parce que je ne suis pas digne d'être une mère. Mais je sais qu’il serait bien mieux loin de cet homme. Alors je te prie si jamais il m’arrive quelque chose retrouve, mon fils sauve le et éloigne le de cet homme.
Le dernier message avait été effacé.
En lisant les messages de Jasmine, Léon se rendit compte qu' elle s’attendait vraiment à être tuée. Peut-être pas aussi vite mais elle avait senti son heure approcher.
Il fit directement des captures d’écran qu’il envoyait à Rose en lui disant d’essayer  d’analyser ses propos à son tour.
Un peu plus tard Léon retourna dans la chambre pour se coucher, il trouva Solène qui lui tournait le dos recroquevillée sous les draps, il prit rapidement une douche puis s'allongea pour se reposer.
au petit matin il y avait toujours de la tension entre les deux.
Léon comprenait bien que sa petite amie attendait quelque chose de concret venant de sa part. Mais lui aussi attendait quelque chose de concret venant de Solène, ça allait déjà faire 3 ans qu’il attendait quelque chose de concret venant de Solène. Qu’il sente qu'elle met leur relation au centre de tout.
Pour elle il avait arrêté de se balader comme un chasseur, pour elle il avait arrêté les coups d'un soir, les aventures bref arrêtez d'être Léon pour essayer de créer quelque chose sur la durée.
Seulement parfois il se disait qu'il s'était trompé et qu'il n'aurait pas dû mettre tous ses œufs dans un même plan
c'est aussi ce qu'il se disait quand il pense à sa carrière. avoir tout donné à la fonction publique dans l'espoir d'évoluer et de pouvoir faire quelque chose de sa vie.
seulement en repensant à ce que lui disait tout le temps DD, il se rendit compte que peut être il passait à côté de certaines opportunités.
peut-être qu'il était réellement temps de réagir.
Il doit également reconnaître que avoir vu Adolph au volant d'une Mercedes GLE 450 l’avait vraiment poussé à réagir.
Pas par jalousie mais surtout dans le but de se dépasser lui-même. il se retourna dans le lit et croisa le regard de Solène qui l’observait.
-    Bonjour ma belle murmura-t-il, espérant que la rage était passée.
-     Bonjour…
-     As- tu réussi à dormir?
-     j'ai essayé… mais le fait de savoir que je suis la brebis galeuse de la famille me donne des insomnies, répondit-elle avec une petite voix.
-     Non… tu n’es pas là pour la brebis galeuse; fit-il en l’attirant dans ses bras.
Il essaya de l’embrasser mais elle détourna sa tête.
-    Rien de ce que je fais ne réussi! que ce soit dans mon travail, ma vie privée avec mes parents, rien… même toi je suis sûr que tu te demandes encore ce que tu fais avec moi!
-     Solène, si je ne voulais plus être avec toi je ne serais pas ici… c’est plutôt moi qui devrais te poser la question!
-     Laquelle?
-     Puisque je ne te donne pas tout ce dont tu as besoin, tout ce que tu recherches dans une relation est ce que tu as encore envie d'être là avec moi?
Cette fois c’est elle qui chercha à l’embrasser avec un sourire embarrassé.
-     Encore envie d’être là avec moi…
-     bien sûr…. Bien sûr mon lion…
-     Alors prenons l’engagement d’être là pour l’autre quoi qu'il arrive… Quoi qu’il en coûte…  ne regarde pas ce que ta sœur fait,  n'écoute pas les commentaires de tes parents… suivons notre chemin tous les deux!  Réalisons nos défis et nos projets ensemble!
Ils s’embrassèrent comme pour se donner de la force.
-     je ne sais pas comment tu fais pour supporter une fille comme moi je suis folle!
Léon éclata de rire.
-     c'est justement parce que tu es folle que je t'aime…
Elle le regarda dans les yeux et sembla en accord avec lui. Ça faisait un moment que ça ne lui était pas arrivé.
-     lève toi tu vas être en retard, dit-elle en quittant le lit. Je vais faire le petit-déjeuner
La matinée se déroula plutôt dans le calme jusqu’à ce que Solène aille au travail et tombe sur un client en colère qui hurlait de rage parce qu'elle n'avait toujours pas trouvé un événement qui permettrait à sa boîte de communiquer. Une fois le client parti, c'était au tour de son directeur de lui parler.
-    Mlle Messanga je croyais que cette histoire était réglée? Dit-il en la regardant par-dessus ses lunettes.
-     je travaille dessus chef
-     Apparemment vous ne travaillez pas assez puisque jusqu’à ce jour, nous n’avons pas de retour! Le comble c’est que vous laissez le client que ce soit le client qui vous rappelle vos deadlines…
-     je vais arranger ça… je vais arranger cela Monsieur///
-     vous avez intérêt à le faire ! Vous avez jusqu’au 31, il faut qu’on sache s’il va participer en février ou pas.
En sortant du bureau de son patron, Solène composa le numéro de Léon. Elle coupa rapidement la communication. Elle savait qu'il ne pourrait pas l'aider, qu'il n'avait pas le pouvoir de l'aider.
Il était midi, si elle voulait vraiment obtenir cette place pour son client en février il fallait qu'elle y aille maintenant. Elle prit un taxi qui la déposa devant le MINADER il se dirigea vers les services de Léon sauf qu’elle traversa la porte de son bureau pour aller directement voir le directeur.
Elle se présente à  l’assistante et demande à voir Mr Mvogo. Pendant qu’à l'annonçait au directeur elle pensa qu’il fallait mettre le paquet  et elle savait exactement ce qu'il lui restait à faire, vendre au mieux son client.