Chapitre 29 : casse-tête

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Hermione lança un regard inquiet vers là où elle imaginait que se trouvait Sirius, puis elle entra dans les cuisines, où des elfes de maisons s'affairaient durement à la tâche. Elle eut un pincement au coeur en songeant qu'ils seraient bien mieux en étant libre, mais elle dû se rendre à l'évidence : elle ne pouvait pas y changer grand chose. Pas en tout cas dans cette période.

Elle balaya la salle du regard, et vit Regulus, tout au fond, assit à une table en train de manger hargneusement un morceau de gâteau.

Elle s'approcha, intimidée.

Quelque chose ne va pas ? Demanda innocemment Hermione en arrivant à sa hauteur.

Le Serpentard sursauta, visiblement surprit de la trouver là.

Qu'est-ce que tu viens faire ici ?

Je n'ai pas mangé à ma faim, ce soir.

Hum...

Regulus ôta son attention de la jeune-fille pour se concentrer à nouveau sur son assiette.

Hermione ne sut pas du tout quelle attitude prendre, et elle décida de s'assoir à côté de lui sans un mot. Il fallait absolument qu'elle lui arrache un cheveu de la tête, mais la question était de savoir comment elle allait s'y prendre pour qu'il n'y voit que du feu, et surtout pour qu'il ne sente rien. C'était un vrai casse-tête.

Tu viens souvent, ici, le soir ? Demanda la jeune-fille en cherchant désespérément un sujet de conversation.

Pas forcément.

Il s'enfonça à nouveau dans son mutisme, et des elfes de maisons vinrent proposer à Hermione toute sorte de viennoiseries. Elle prit un croissant français fourré à la compote de pomme, et croqua dedans, avidement.

Tu avais vu juste, le soir du bal, l'informa Hermione. Ton frère était jaloux.

Elle aperçut durant une seconde durant un petit sourire en coin se former sur le visage de Regulus.

Pourquoi tu le déteste autant ? S'enquit Hermione.

Oh, si je te disais tout, on en aurait jusqu'à demain matin.

Vraiment ?

— Tu ne veux pas aller manger ton fichu croissant ailleurs ? S'impatienta Regulus en levant les yeux au ciel.

Non.

Il lâcha un grognement mécontent et reprit une bouchée de gâteau tout en lui lançant un regard noir.

Tu es agaçante.

— On me l'a souvent dit.

Regulus se frotta les yeux, puis poussa son assiette dans un souffle, se leva et se dirigea vers la porte sans un mot. Le coeur battant, Hermione le rappela :

Attends !

— Quoi ? Demanda-t-il sans prendre la peine de se retourner.

Elle chercha quelque chose à lui dire pour le retenir, n'importe quoi... Mais elle ne trouva pas. Elle était à court d'idée.

Euh... Tu... Tu devrais goûter un croissant fourré, ils sont excellents...

Regulus se retourna pour la dévisager, et Hermione se maudit. Elle n'aurait pas pu trouver pire excuse...

Non, merci.

Il s'en alla pour de bon, et Hermione se retint de lâcher un rugissement, en colère contre elle-même. Le tableau qui donnait sur les cuisines se ferma et elle donna un coup sur la longue table, essayant en vain de canaliser toute la rage qui la parcourait.

Que je suis bête ! S'exclama-t-elle alors que Sirius entrait dans la pièce en fronçant les sourcils.

Qu'est-ce qu'il y a ? Demanda-t-il en s'approchant d'elle.

J'ai raté, voilà ce qu'il y a ! Rugit Hermione en serrant les dents. Je suis stupide, bête, et encore plus stupide que bête !

Sirius paru sincèrement embêté, sans savoir quoi dire.

Il y aura peut-être d'autres occasions... Marmonna-t-il en posant une main sur l'épaule de la jeune-fille.

Quand, Sirius, hein ?! S'emballa Hermione en sentant les larmes affluer dans ses yeux. On a plus que six jours ! Six, bon Sang, six ! Et il est toujours entouré de plein de futurs mangemorts, on ne peut rien faire !

Elle éclata en sanglot. Dérober le venin de Basilic aux Lestrange, c'était la clé de son succès. La clé de la fin de sa mission. La clé de la fin de la guerre. Tout ce qu'elle devait faire, c'était arracher un fichu cheveu de la tête de Regulus Black, et elle n'en avait même pas été capable !

D'un mouvement gauche, Sirius enlaça la jeune-fille qui n'arrivait pas à stopper ses larmes.

Je peux le rattraper et le stupéfixer, si tu veux ? Proposa-t-il en la voyant si désemparée.

Elle secoua la tête contre son torse.

C'est trop tard, il doit déjà être loin, et puis, si quelqu'un te surprend, tu risques gros...

— Par qui est-ce que je me ferais surprendre ? Par Rusard ? Bah, il est si stupide qu'un petit oubliette ferait l'affaire.

Contre son gré, elle lâcha un petit rire, et se détacha du jeune-homme un peu à contre-coeur.

On va trouver un moyen, affirma Sirius. Tu vas réussir à le détruire, ce miroir, ne t'en fait pas.

J'espère que tu as raison.

À ce moment là, un elfe de maison se rua vers la place qu'elle occupait quelques secondes plus tôt pour débarrasser les assiettes, et alors le regard d'Hermione accrocha l'assiette de Regulus.

Attends, lança-t-elle gentiment à l'elfe. Est-ce que quelqu'un d'autre que nous est venu, cette nuit ?

Non, seulement Mr Black, et vous deux, Miss, couina l'elfe en ouvrant grand ses yeux.

Hermione lança un rapide regard à Sirius avant de s'approcher de l'elfe et de lui prendre l'assiette.

Sur le bord de cette dernière était posé un cil.

Était-il tombé lorsque Regulus s'était frotté les yeux, fatigué ? Était-il Vraiment à Regulus ?

Elle s'en empara, et redonna l'assiette à l'elfe non sans lui sourire gentiment. Sirius s'approcha, et regarda le cil qu'elle tenait entre les doigts.

C'est à lui ?

— Certainement... Souffla Hermione, avec cependant un petit doute au fond d'elle.

Alors c'est réglé ! S'extasia Sirius. Parfait !

— Oui, parfait.

Elle n'osa pas raconter la mésaventure qu'elle avait vécu des années auparavant, lorsqu'elle avait bu du polynectar avec un élément dont elle n'était pas sure d'être ce qu'elle pensait.

Elle avait finit la tête transformée en celle d'un chat.

Non, mieux valait ne pas le dire à Sirius. Pour plusieurs raisons, d'ailleurs. L'une d'entre elle étant qu'elle n'avait vraiment pas envie de passer pour stupide devant lui. 

L'amant du passé  [ SIRMIONE ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant