Phases lunaires

**Chapitre 4**

04h30.

Je suis assise dans une sombre salle de classe, seule, complètement seule. Je suis vulnérable. Je me lève et marche en titubant vers la sortie, la porte est bloquée. Je suis faible, incapable de sortir de cet enfer. Je me retourne vers le tableau, j'y vois ses mots apparaitre:

« TU ES HORRIBLE, ÉGOÏSTE »

- Ce n'est pas vrai ! J'essaye juste de survivre ! J'ai tout fait comme tu me l'as dit ! Dis-je le souffle haletant.

Je veux sortir d'ici.

- Tu dois être au-dessus, même si les autres doivent souffrir. Chuchote une voix féminine.

Tout tourne autour de moi. Ma tête me fait atrocement mal...

Mon souffle s'accélère, je ne veux pas. Je cours vers la porte qui s'éloigne de plus en plus de moi. Je ne sortirai jamais...

Cette voix continue, pourquoi m'est-elle si familière ?

- Marche ou l'on te marchera dessus.                                               - Tu as tout détruit.

          - C'est de ta faute si elle est partie.                  - Ne sois pas comme ça.

- Tu ne mérites pas notre amour.

                - Tu es un monstre.                  - Tu finiras complètement seule.

- N'oublie pas d'où tu viens.

                                                                                                                             - Tu ne seras jamais l'héroïne.

- Personne ne t'a éduqué comme ça.                     - Personne ne sera là pour essuyer tes larmes.

                                                            - Redescends sur terre.

Je me réveille en sursaut, je n'arrive plus à respirer. Allez, Emma, réfléchie!

1,2,3-1,2,3,4-1,2,3,4,5,...

Tu y arrives, tu y es presque.

1,2,3-1,2,3,4-1,2,3,4,5,...

Tout va bien, ce n'était qu'un mauvais rêve.

1,2,3-1,2,3,4-1,2,3,4,5,...

Ce n'est qu'une crise.

1,2,3-1,2,3,4-1,2,3,4,5,...

Cette douleur dans ma poitrine est toujours là. Cette boule qui s'enfonce dans mes poumons, elle m'empêche de parler, de respirer. Elle embrouille encore mes pensées entre elles, comme à chaque fois...

Ce rêve était si horrible. Ce n'est pas la première fois que je le fais. Ces images viennent souvent me hanter pour me rappeler qui je suis.

Je regarde mon réveil, il est presque 5h. Je me lève dans 1h, ça ne sert à rien que j'essaye de me rendormir. J'ai trop peur de refaire ce rêve. Je me lève de mon lit, mets un gilet et sors par la fenêtre. Je reviendrai à temps ; personne ne s'en apercevra.

Je marche jusqu'à arriver au parc d'à côté. Il n'y a personne comme d'habitude. Je m'assieds sur la balançoire, j'allume une cigarette. J'en ai toujours dans ce gilet, ça me détend après une crise. Je viens toujours ici après avoir fait un cauchemar, c'est calme et paisible. Je viens depuis que Sarah est partie, car à la base j'allais chez elle. J'ai toujours été très anxieuse, je le cache comme je peux, mais je finis toujours par craquer au bout d'un moment. Mais au moins, mes rêves, personne ne les voit.