Confesse

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38.
38 n'est qu'un chiffre, en tout cas, c'est ce qu'on dit.
38 c'est aussi l'âge que j'ai aujourd'hui.
38 c'est le nombre d'années auxquelles je suis arrivée sur cette terre.
38 c'est surtout le temps que j'ai vécue. Enfin, vécue, façon de parler bien-sûr. Parce qu'à proprement parlé, je n'existe pas. Je survie, je respire, tiens ça alors ! Je viens de résumer mon existence en deux mots. Je respire, et après ?

C'est long, c'est très long.
Oui, 38 ans à se faire chier, c'est vraiment très très long.
Il paraît que d'écrire nous permets de se sentir mieux. Alors voilà, j'écris ! Mais ai-je vraiment envie de me sentir mieux ?
Franchement, NON ! Je n'ai pas envie de me sentir mieux.
J'ai juste envie de crever. M'endormir et ne plus jamais me réveiller. Dormir éternellement, c'est tout ce dont j'ai envie et ce dont j'ai besoin. Là, maintenant, tout de suite. Tous les soirs, je me couche en espérant ne pas me réveiller. Mais tous les matins, rebelote. Je me réveille et le cauchemar se répète inlassablement et ce depuis mes 12 ans. Mais comme vous pouvez le constater, je n'ai jamais eu les couilles de me faire sauter la cervelle. Est-ce qu'un jour, je les aurais pour sauter le pas. Franchement, j'espère que oui. Parce que je n'ai pas envie de me faire chier sur cette terre et dans cette vie de merde encore des années et encore moins d'être vieille.
Alors pourquoi écrire ? J'en sais foutrement rien. J'écris c'est tout !

La vie est déloyale. Pourquoi certaines personnes ont tout pendant que d'autres non rien ? Pourquoi certaines personnes sont incroyables pendant que d'autres sont des minables ? Je fais partie de ces gens qui sont les oubliés de la vie. Rien, tu n'as rien et tu n'obtiendra rien de la vie. Ta destinée n'est qu'un enchevêtrement d'emmerdes. Tu es invisible aux yeux du monde. Tu n'es qu'une petite merde dans cet univers, incapable d'accomplir quoi que ce soit et d'obtenir quoi que ce soit. Tu ne sais rien faire, pas de don, pas de talent. Même les choses, les plus insignifiantes sont pour toi un défi. Alors, à quoi bon ? Où en est l'intérêt ? Je ne vois pas.
S'endormir et ne plus jamais se réveiller. Ça c'est le pied !

Je sais très bien que je pense comme une ado. Je suis une ado dans le corps d'une femme. Je pense que je n'ai pas réussi à mûrir, à faire la part des choses, à me faire à l'idée que l'on est tous différents avec des vies diverses. On dit qu'il faut de tout pour faire un monde. Et bien moi je dis que j'aurais voulu être quelqu'un d'autre. Cela aurait changé ma vie. Si je n'aurais pas été cette petite merde insipide, mon existence n'aurait pas été ce qu'elle est, en clair, j'aurais eu une vie. Une vraie vie avec ses expériences, ses hauts et ses bas, ses rires et ses larmes, ses échecs et ses victoires. Moi, je n'ai rien fait, rien vécu. Je ne suis allée nul part. Je n'ai rien vu, rien découvert.
Je n'ai jamais eu d'amis. Je ne me suis jamais amusée. L'ennui, la solitude, les défaites, les déceptions, les insultes, les moqueries sont mes compagnons de route.

Tout à commencé le jour de ma naissance. Si, si aussi vite. Le médecin qui m'a prise sous ses ailes a dit à mère que si j'étais née trois jours plus tard, je n'aurais pas survécu. À trois jours près, putain, à trois jours près, j'étais sauvée ! Et merde, ça fait vraiment chier ! Pourquoi, bordel ?

Après c'est le néant. À part quatre ou cinq souvenirs, je ne me rappelle pas mon enfance. La seule chose dont je me souviens avant mes onze ans est le divorce de mes parents à l'âge de 8 ans. Je suis quelqu'un qui n'a pas beaucoup de mémoire. À mon avis, cela vaut mieux. Où peut être pas ? Peut-être que justement, ce sont lors de mes premières années de vie que se trouve mes seuls bons souvenirs, tant pis !

Et puis, l'adolescence est arrivée et ma vie merdique qui n'en finit pas a véritablement commencé.
Seule est le résumé de mon existence. Je suis timide, réservée, introvertie et je n'ai aucune confiance en moi. De plus, depuis toute petite, on m'a bien fait comprendre que ma voix et mon opinion n'avait aucun intérêt. Du coup, j'ai appris très jeune à fermer ma gueule. Je n'ai jamais su aller vers autrui, engagé une conversation, trouvé un sujet de discussion. Me taire est le meilleur truc que je sais faire. Difficile de se faire des amis dans ses conditions. Les autres ne viennent pas vers moi non plus. Ce n'est pas à l'aube de mes quarante piges que je vais réussir à me faire des amis. Je les comprends. Moi même, je ne voudrais pas être mon ami. Je suis ni intelligente, ni cultivée, ni intéressante, ni drôle. Je suis ennuyeuse à crever.

Le droit d'avoir envie de crever Où les histoires vivent. Découvrez maintenant