Chapitre 1 - Partie 3/3

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- Inspecteur Bernard ?

Adrien se retourna.

- Bonjour, dit-il à la jeune femme qui s'approchait de lui. Je ne réponds pas aux questions des journalistes. De toute façon vous imaginez bien que je n'ai encore rien à vous révéler.

Elle émit un petit rire cristallin.

- Je ne suis pas journaliste ! Je suis Naomi Janssens. La petite nouvelle. C'est mon premier jour au poste et on m'a dit que vous seriez mon superviseur le temps que je me fasse un peu au métier, à l'ambiance du poste, tout ça, tout ça, ... Parce que vous n'avez pas d'équipier attitré apparemment...

- Ah, oui... Euh... Enchanté Naomi. Désolé, je pense qu'on a oublié de me prévenir que je serais ton superviseur.

Ce n'était pas étonnant qu'il n'ait pas été mis au courant. L'organisation interne du poste de police laissait à désirer et Adrien n'avait pas d'excellents contacts avec ses collèges, pour la plupart de rustres personnages peu élevés intellectuellement. Résultat : il était toujours le dernier au courant des potins – ce dont il se fichait pas mal – mais aussi des notes de services et autres informations importantes.

- C'est ton premier jour dans le métier ? demanda le policier à la jeune recrue.

- Pas vraiment, j'ai travaillé deux ans dans un autre poste mais je faisais juste des patrouilles et de la paperasse, vous voyez de quoi je veux parler... Je suis bien contente d'avoir laissé mon uniforme dans ma garde-robe ce matin ! Du coup, en tant qu'enquêtrice, oui, c'est mon premier jour.

Adrien était surpris qu'une jeune femme aussi jeune soit déjà affectée à la police judiciaire fédérale. Déjà qu'au poste, il était très rare de voir une femme autre part qu'à l'accueil, alors une femme à la PJ, il avait du mal à y croire. Par courtoisie, il n'osa pas demander son âge à la jeune femme mais elle ne devait pas avoir plus de 30 ans. Soit elle était pistonnée par le Commissaire Cortese, soit elle était vraiment douée pour en être arrivée là.

- D'accord, si je comprends bien, je ne vais pas juste devoir te superviser, je vais aussi devoir te former...

- Oh mais ne vous inquiétez pas, j'apprends vite !

- On verra ça, répondit Adrien d'un ton amusé. Première chose que tu dois savoir pour t'intégrer : pas de vous entre flics, on se tutoie, tu es Naomi et moi je suis Adrien, d'accord ?

- D'accord, Adrien, répondit-elle avec un sourire.

- Bon, tu as eu le temps de voir le corps avait que le légiste l'emmène ?

- Oui, j'ai vu... C'est horrible ce qui lui est arrivé.

- En effet, et, crois-moi, ce genre de psychopathe ne s'arrête généralement pas à une victime.

- Ça va, ne fais pas le vieux flic avec moi, j'imagine que tu n'as jamais eu affaire à un type comme ça.

- C'est vrai, s'amusa-t-il. Tu as déjà parlé avec le joggeur ?

- Oui. Quand il est arrivé, le parc était désert, à part ce qu'il a cru être un vieil homme assis sur un banc. C'est quand il s'est approché du banc pour refaire ses lacets qu'il a compris que la personne affaissée sur elle-même n'était pas un vieil homme. Le pauvre n'a même pas su dire si c'était un homme ou une femme !

- J'avoue que moi-même, j'ai eu du mal à savoir... Déjà que j'avais du mal à garder les yeux sur le corps plus d'une seconde...

- Pareil, je ne comprends pas comment le légiste fait pour supporter ça.

- Oh, tu sais, Joseph a fait un stage de deux ans aux Etats-Unis, alors il en a vu d'autre !

- J'imagine qu'il nous appellera quand il aura fini l'autopsie.

- Oui, et en attendant, puisque le joggeur ne peut pas nous apprendre grand-chose, quelle est la prochaine étape, selon toi ?

A ce moment, Adrien se dit que ce n'était pas si mal de s'improviser professeur pour une jeune recrue. Il allait pouvoir la tester et il sentait que cela pouvait vite devenir amusant. Et puis, des idées fraîches et nouvelles ne pouvaient pas faire de mal, surtout sur une telle affaire ou deux cerveaux vaudraient toujours mieux qu'un.

- Eh ça va ! Je suis peut-être novice mais je sais comment se déroule une enquête, rétorqua Naomi, faussement vexée. On va interroger les proches de la victime.

- Oui, c'est ça, mais je t'avoue que j'ai totalement oublié de demander son nom.

- Un gars de la scientifique m'a montré sa carte d'identité. C'est Lucinda Fournier. J'ai déjà cherché l'adresse de ses parents sur Internet.

- Parfait ! Mais ça ne te donne pas pour autant le droit de conduire la voiture jusque-là.

- Je n'en espérais pas tant, rit Naomi. 

Féminités [en pause]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant