Les mots d'un père

8 - Premier cadeau

C'est l'été ! Depuis ces quelques mois, ça fait du bien d'enfin revoir le soleil et les couleurs de la vie. Les jours se réchauffaient lentement, mais l'été est une saison infernale pour nous. Papa supporte mal la canicule avec son Alter en activité constante, mais HEUREUSEMENT la clim marche à la perfection.

- 'Fait trop chaud... 

- Tu l'as dis... souffle Papa en se ventilant avec un éventail.

Et les cigales m'assourdissent... Papa prend la fraicheur du sol, allongé devant la télé, et je suis à moitié liquéfiée contre sa hanche, devant la baie vitrée grande ouverte. Je regarde les nuages défiler dans le ciel alors que la brise tiède s'engouffre dans le salon.

- Finalement je regrette l'hiver... soupirai-je.

- À moitié d'accord, mais l'hiver c'est la dépression.

- Je donnerai cher pour avoir une glace à la vanille.

J'ouvre un oeil vers mon père qui tourne ses yeux vers moi en arquant un sourcil. Je souris en me blottissant contre sa hanche.

- Une bonne glace italienne...

- Hm, dis donc toi. Je rêve ou tu veux m'exploiter comme porte monnaie sur pattes ?

- Allez, 'te plait Papa ! 'te plait 'te plait 'te plait ! Je vais mourir !

- Tss... Bon ok. On va à la plage.

- Yup !

***

En réalité, on ne va pas à la plage pour se baigner. Près de la mer il y a une foire saisonnière qui s'est installée, c'est aussi l'occasion de passer encore plus de temps ensemble. Depuis son agression, mon père s'ouvre un peu plus à moi. Je n'ai jamais su pourquoi il a changé aussi vite, si ce n'est que ma théorie qu'il a eu peur pour moi. Et si c'est le cas, ça veut dire que je compte enfin pour lui ? Je suis sa fille mais... Jusqu'à maintenant il ne m'a jamais réellement prouvé à quel point il tenait à moi.

Je ne cherche pas à recevoir un cadeau en particulier en guise de preuve, mais peut être un geste. Un sourire. Un mot.

Les mots d'un père...

- Ritsu ? appelle-t-il.

- Hum ?

Je vois Papa s'abaisser à ma hauteur en me donnant une barbe à papa bleue. Mes yeux pétillent en admirant la taille de la sucrerie, on dirait une toupie géante !

- Madame est servie, marmonne-t-il. 

- Merci Papa !

Il m'en pique un bout de son côté alors que je croque dedans et on reprend notre marche dans l'allée principal de la foire. Comme d'habitude, certains passants nous dévisagent et j'entends quelques murmures à mon sujet. Tout le monde se demande si je suis vraiment sa fille ou s'il m'a kidnappé. Certains sont même prêts à appeler la police pour des faits qui n'ont jamais eu lieu. Tout ça parce que les gens ont peur de lui...

Quel intérêt aurait mon père à enlever un enfant, l'homme le plus solitaire de la planète ?

Tous ces jugements m'exaspèrent, même si Papa n'en tire aucune attention. J'en ai marre qu'on le voit toujours comme un assassin alors qu'il a répondu de ses actes il y a longtemps.

Laissez le tranquille avec ces histoires, ça reste un humain qui a malgré tout une vie !

- C'est MON Papa ! criai-je bien fort pour que tout le monde entende.