Chapitre 1 : Le Cyclier

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- Quel est donc ce vacarme ?

- En... enfin, je vous entends divin Maître ! Tant d'adversités, tant de sacrifices, mais tout cela n'a plus d'importance. Mes prières ont été exaucées !

- Qui es-tu pour oser m'importuner de la sorte ?

- Cirta, mon Seigneur. Votre humble serviteur.

- As-tu la moindre idée Cirta, du sacrilège que tu commets en faisant usage de cette relique ? La mort ne t'effraie-t-elle point ?

- Pardonnez-moi mes offenses Ô Tout-Puissant. J'ai passé le plus clair de mon existence à vous rechercher. Cette voie est la seule qui m'ait été offerte afin de vous solliciter.

- Et tu passeras toute ta vie à le regretter si tu ne pars pas immédiatement.

- S'il me faut sacrifier le reste de mes cycles pour que vous m'accordiez audience, alors qu'il en soit fait selon votre volonté.

- Le reste de tes cycles, dis-tu... ? Tu as éveillé ma curiosité Cirta. Parle maintenant, avant que je ne change d'avis.

- Certainement divin Maître.

- Et cesse de m'appeler ainsi, obséquieuse vermine.

- Mais Di... Comment devrais-je m'adresser à vous ?

- Contente-toi de m'appeler Archoracle...

***

Il régnait sous l'eau une atmosphère reposante. La lumière était tamisée, les sons étouffés et les délicats courants ballottaient sans conviction avant de s'endormir paresseusement dans les flots. Aegis aurait bien profité un peu plus longtemps de ce havre de paix, à ce détail près qu'il lui fallait très vite reprendre sa respiration.

Au-dessus de lui, les vagues se livraient une bataille sans répit. Il n'avait pas hâte de se joindre à cette agitation. Touchant le sol inégal qui recouvrait le lit de la rivière, ses pieds cherchèrent par des gestes désordonnés un appui stable. Lorsqu'enfin il sentit sa position assurée sur un rocher, il se donna une puissante impulsion et, en quatre brassées, regagna la surface.

Ici, la moindre vaguelette prenait la forme d'un ennemi redoutable. Il profita du creux des vagues pour prendre une profonde inspiration et évaluer la distance de chacune des deux rives. Puis, il se mit à battre des bras et des pieds dans la direction qui s'imposait. Après avoir lutté contre les assauts répétés d'une armée de vagues contre son flanc, il releva la tête et s'aperçut que le bord du cours d'eau ne s'était pas rapproché d'un iota.

Piqué par sa mauvaise performance, Aegis plongea de nouveau sa tête et se lança comme défi de ne la relever qu'une fois au contact de la terre ferme. Encore un peu, je peux encore tenir, se persuada-t-il alors que son corps l'implorait d'expirer. Comme l'air se dégageait de ses poumons, il fut contraint de se redresser et accusa un nouvel échec. La peur commençait à le gagner, il se laissa emporter par le courant le temps de reprendre des forces.

Perdu au milieu d'intenses réflexions sur la manière de se tirer d'affaire, il fut brutalement retenu au milieu des eaux agitées. Une douleur aussi violente que soudaine lui fit réaliser que quelque chose le ceinturait à la taille. Il plongea ses mains à l'aveuglette et devina du bout de ses doigts la présence d'une corde. Aegis s'empressa de la saisir d'une main et de l'autre, suivit la partie qui partait en amont.

Le lien sortait de l'eau et se dirigeait droit vers un pont qu'il n'avait jusqu'alors pas remarqué. Sur le large parapet de pierre, une femme aux traits de visage indiscernables se tenait debout. Il était sauvé ! Il s'empressa de saisir la corde de sa seconde main et battit des pieds pour tenter tant bien que mal de garder sa tête hors de l'eau.

Le Sang des Alchimistes - Tome 1 : GéodeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant