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– Humm... Où est Steph ?
J'essaie de prendre un ton autoritaire, mais ma voix ressemble plutôt à un couinement. Les mains
crispées sur l'éponge moelleuse de ma serviette, je baisse sans arrêt les yeux pour m'assurer qu'elle
couvre bien
ma nudité.
Le garçon me regarde en ricanant, sans rien dire. Je répète ma question, en essayant d'être plus polie
cette fois.
– Tu m'as entendue ? Je t'ai demandé où était Steph.
– Aucune idée.
Puis il se tourne vers le petit écran plat sur la commode de Steph. Qu'est-ce qu'il fait ici, d'abord ?
Il n'a pas une chambre à lui ? Je me mords les lèvres en essayant de garder mes commentaires pour moi. Il n'a même pas
remarqué que je ne porte qu'une serviette de bain. À moins qu'il s'en fiche...
– D'accord. Heu, tu pourrais... heu... sortir, tu vois, pour que je puisse m'habiller ?
– Arrête de te la raconter, c'est pas comme si j'avais envie de te regarder, dit-il d'un ton méprisant en se
retournant, les mains sur le visage.
Il a un accent anglais prononcé que je n'avais pas remarqué auparavant. Il faut dire que ce sont les premiers mots que m'adresse ce grossier personnage. Ne trouvant pas de réponse à sa remarque désobligeante, je me dirige vers ma commode en soupirant. Si ça se trouve, il est gay, et c'est ce qu'il a voulu dire par « c'est pas comme si j'avais envie de te regarder ». C'est ça, ou alors il ne me trouve pas attirante.
J'enfile précipitamment mon soutien-gorge et ma culotte, puis un t-shirt tout blanc et un short kaki. – T'as pas bientôt fini ? demande-t-il, ce qui me fait sortir de mes gonds.
– Tu ne peux pas être encore plus désagréable ? Qu'est-ce que je t'ai fait ? C'est quoi ton problème ?
Je hurle beaucoup plus fort que je n'aurais voulu, mais en voyant la surprise sur son visage, je devine que mes paroles ont atteint leur but.
Pendant un moment, il me dévisage silencieusement, puis, alors que j'attendais des excuses... éclate de
rire. D'un rire profond qui serait presque sympa s'il ne se voulait désobligeant. Comme il continue de rire, des
fossettes apparaissent sur ses joues et je me sens complètement idiote, ne sachant pas quoi dire ni
quoi faire.
D'une façon générale, j'évite les conflits, et ce type est la dernière personne avec laquelle j'ai envie de me
bagarrer.
La porte s'ouvre et Steph entre en trombe.
– Désolée d'être en retard. J'ai une putain de gueule de bois, dit-elle théâtralement en nous regardant l'un après l'autre. Et elle ajoute en haussant les épaules :
– Désolée, Tess, j'ai oublié de te dire qu'Hardin allait passer.
J'aimerais être sûre que notre cohabitation va bien se passer, peut-être même qu'une forme d'amitié pourrait se construire, mais le genre de ses amis et de ses soirées me laisse dubitative.
– Ton petit ami est très mal élevé.
Oups, ces mots sont sortis de ma bouche avant que j'aie eu le temps de les retenir. Steph jette un
regard
au garçon et ils s'écroulent de rire, tous les deux. Qu'est-ce qu'ils ont tous à se moquer de moi ? Ça commence à
m'agacer.
– Hardin Scott, mon petit ami, certainement pas !
Elle s'étouffe presque puis finit par se calmer et se tourne vers ce Hardin en fronçant les sourcils.
– Qu'est-ce que tu lui as dit ?
Puis à moi :
– Hardin a une façon... à lui, de faire la conversation.
Super. Donc, en gros, elle est en train de me dire que ce Hardin est un grossier personnage. L'Anglais hausse les épaules et zappe avec la télécommande.
– Il y a une teuf, ce soir. Tu devrais venir avec nous, Tessa.
C'est à mon tour de rire à la proposition de Steph.
– Les fêtes, c'est pas trop mon truc. En plus, je veux aller acheter certaines choses pour mettre sur mon
bureau et au mur.
Je regarde Hardin, qui, bien entendu, fait comme si nous n'étions pas dans la chambre avec lui.
– Allez... c'est juste une teuf ! T'es à la fac maintenant, une fête ce n'est pas dramatique. Et au fait, comment vas-tu aller au supermarché ? Je croyais que tu n'avais pas de voiture ?
– J'ai l'intention de prendre le bus. De toute façon, qu'est-ce que j'irais faire à cette party, je ne connais
personne.
Hardin recommence à rire, ce qui montre bien qu'il ne nous prête attention que pour se moquer de moi.
– J'ai prévu de passer la soirée à lire et à parler avec Noah sur Skype.
– Tu ne vas pas prendre le bus un samedi ! C'est blindé de monde. Hardin peut te déposer en rentrant
chez lui... hein, Hardin ? Et puis tu seras avec moi à la fête. Allez, viens... s'il te plaît.
Elle joint les mains en un geste mélodramatique. Est-ce que je peux lui faire confiance ? Je ne la
connais que depuis hier... Les avertissements de ma mère me reviennent en tête. Steph, d'après le peu que
j'ai vu d'elle, a l'air gentille. Mais une fête ?
– Je ne sais pas... Et non, je ne veux pas qu'Hardin me conduise au supermarché.
Hardin roule sur le lit de Steph et me lance un regard amusé.
– Oh non ! Moi qui me faisais une joie de sortir avec toi, réplique-t-il, d'un ton si sarcastique que j'ai envie
de lui lancer un livre à la tête, et il ajoute :
– Voyons, Steph, tu sais bien que cette fille ne se pointera jamais à une fête.
Il a vraiment un accent pas possible. Ma curiosité naturelle, qui est assez insatiable je dois l'admettre, me
pousse à lui demander d'où il vient. Et mon esprit de contradiction me pousse à lui donner tort. Je souris aussi
gentiment que je peux :
– En fait, si, je vais venir. Ça peut être marrant après tout.
Hardin hoche la tête, incrédule, et Steph pousse des cris aigus avant de me serrer dans ses bras.
– Yess ! Ouais, on va bien se marrer !
Quant à moi, je prie pour qu'elle ait raison.

AFTER : SAISON 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant