Chapître 1 : Vanités

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C'était un soir de printemps. Je me rendais au parc, l'air serein. J'y avais rendez-vous. Le jour commençait à tomber et le monde prit des couleurs orangées. Le soleil s'effaçait petit à petit pour finalement complètement disparaître de l'horizon. Il laissait derrière lui un océan de feu, un ciel rougeoyant, impérial et brûlant. Mes yeux n'avaient jamais été exposés à pareille beauté. Ce magnifique paysage me semblait presque...inquiétant. Je me sentis si petite, presque insignifiante face à cet imposant spectacle. Je ne su pourquoi, mais cette vision extraordinaire me rappela le coté éphémère de l'existence et la fragilité du corps humain. Un frisson de mauvaise augure me traversa le corps. Mon regard émerveillé ne quittait pas le ciel.

C'est Nohé qui me sortit de mon étrange rêverie.

- Tu es en retard, lui dis-je en lui souriant chaleureusement, tu avais quelque chose à me dire?

Il s'excusa. Nous nous assîmes sur un des vieux bancs du parc. Nohé posa ses yeux sur moi, d'un air grave. Cependant, ce n'était rien d'inhabituel ; il avait toujours eu un tempérament calme, froid et posé. Son regard glacial s'était adoucis avec le temps ; et nous en avions eu du temps : je connaissais Nohé depuis le CM2. À cette époque là, les couchés de soleil me paraissaient bien plus insouciants!

Nohé était tendu, je le vis immédiatement. Quelque chose le travaillait, quelque chose de sérieux. Il avait depuis toujours cette manie d'entortiller une de ses mèches de cheveux entre ses doigts dans les moments intenses pour lui. La première fois que je l'ai remarqué fût le jour où ses parents lui annoncèrent leur divorce. Ce fût une journée très difficile. Quelques mois plus tard, son père s'installai avec sa nouvelle famille. Nohé a toujours considéré ce départ comme une trahison et ne lui a jamais vraiment pardonné. Ils ne se sont plus revus depuis. Il avait douze ans.

Nous étions tous deux assis depuis ce qui me semblait être une éternité. Il continuait de jouer avec sa mèche. Je commençais à m'inquiéter de son silence lorsqu'il prit la parole. Il dit d'une voix tremblante : Je suis désolé Alice, mais cest terminé. Je ne suis plus amoureux..

À ces mots, mon visage se figeât. Il continua de parler pendant de longues minutes, mais tout me parût flou, vide. De chaudes larmes me montèrent aux yeux mais je les retins, il était hors de question que je lui donne le plaisir de me voir m'effondrer. Ces douloureuses paroles ne quittèrent pas mon esprit une seule seconde du reste de la conversation. Si on peut appeler ça une conversation! Après tout que je le veuille ou non, aucun son ne sortait de ma bouche. J'étais pétrifiée. Le nœud qui s'était installé dans ma gorge me laissait à peine l'espace pour respirer. Nohé ne su plus quoi dire. Son regard cherchait des réponses dans le mien, en vain. Il finit par partir, l'air désolé.

La nuit commença à tomber. Je rentrais chez moi, les yeux perdus, le cœur brisé.

Cette nuit là, mon esprit refusa de se vider, mes yeux refusèrent de se fermer et moi je refusais de laisser mes larmes couler. Nohé et moi nous connaissions depuis sept longues années à ce jour, notre relation avait viré à la romance à la fin de notre année de troisième. Nous avions tant partagé, tant de mes plus agréables souvenirs étaient avec lui. Le laisser sortir de ma vie de manière aussi soudaine était impensable. J'avais la douloureuse sensation d'avoir perdu une partie de mon être, de mon histoire. Je n'avais aucun contrôle sur le situation et encore moins sur moi même. Tout semblait s'être pétrifié. Cependant, si moi j'étais figée, le temps lui continuait de s'écouler et les premiers rayons du soleil passèrent ma fenêtre. Le week-end était terminé, il fallait retourner au lycée.

Soudainement, ce dernier me parût minuscule. Je redoutais le moment où mon regard croiserait celui de Nohé, je me sentais incapable d'avoir à faire à lui. Éli, mon ami le plus proche, ne vint pas en cours ce jour là. Je me sentais si seule. Je n'avais aucun lieu où me réfugier. Nohé connaissait toute mes cachettes. J'avais peur de le trouver dans l'une dentre elle si je m'y rendait. J'esquivais au maximum les gens autour de moi. J'avais heureusement pensé à prendre mes écouteurs. Ils me coupaient du monde, m'emmenaient là où les paroles prenaient vie. La musique m'avais toujours apporté un échappatoire, un refuge et du réconfort. Tout, autour, me parût futile et vide de sens. Je ne voulais qu'une chose ; entendre la sonnerie qui marquerais la fin de cette interminable journée. J'eus l'impression que tous les regards étaient posés sur moi, j'avais cette sensation d'être observée, surveillée et jugée. Ma musique ne pouvais pas m'enlever ça, mais elle me distrayait.

RuptureOù les histoires vivent. Découvrez maintenant