40 - Des arbres qui parlent... beaucoup trop fort !

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-Désolé Kernn, fit Olivia sur un ton d'affliction. Tu vas devoir porter Dverg en plus !

-Porter... Si moi porter, moi pas taper... grrr !

-C'est moi où il s'améliore ? je remarquai en essayant de détendre l'atmosphère. C'est bien, mon gars, continue comme ça !

A part l'intéressé, personne n'a souri. Les regards étaient plus concentrés sur Xenthores, qui gémissait avec peine, les yeux révulsés.

-Son état s'empire, s'attrista Entia. Mettons-nous en route tout de suite ! Peut-être que les prêtres de Dodone pourront le soigner.

-Eh, je croyais que tu le détestais ! je fis observer.

-Je n'aime pas les pyromanciens, Witz, lâcha-t-elle en menant la marche. Cela ne signifie pas que je souhaite leur mort. Surtout pas celle-là.

-Eh ! Où vas-tu ? demanda Ametara. Tu sais où se trouve Dodone ?

-je suis une mage de la Nature, Ametara, releva la grecque. Je sais reconnaître des puissantes marques végétales quand j'en suis assez proche. Cette salope n'a pas trop saboté le téléporteur ; nous sommes à deux cent mètres du sanctuaire.

-Ben justement ! se renfrogna la translatoire. Tu  veux vraiment y aller à pied ? Dis-moi où ça se trouve et on y sera en moins de deux !

Entia se tapa le front, comme avouant sa bêtise.
A peine quelque dix secondes plus tard, le portail était prêt et opérationnel. Je passai en avant-dernier, juste devant Ametara et derrière Kernn qui portait un blessé sous chaque paires de bras.

En entrant dans le sanctuaire, je fus tout de suite agressé par l'ambiance qui s'y trouvait. Ah, les petits oiseaux, la chaleur, les arbres encore verts malgré la saison, ça c'était le pied ! Je me les gelais depuis le début, c'était enfin le temps pour me réchauffer les mimines. Et alors, ce qui m'a effrayé ? les murmures...
Ils venaient de partout. Du moindre bruissement du vent contre l'herbe au chant des oiseaux, tout n'était qu'une cacophonie silencieuse. Le pire, c'est que chacune de ces paroles étaient des mini-prophéties sussurées à nos oreilles, trop faibles pour être comprises. Le destin imprégnait chaque tronc, chaque branche, chaque feuille jusqu'à la moindre sauterelle. Cet endroit consistait et consiste toujours une preuve vivante que chaque actions, chaque mouvements, chaque décision est destiné à se produire tel que les Parques, ou les Nornes, ou les Moires --ou que sais-je-- l'ont prédit. 
C'est ça qui me terrifiait. L'idée que nous n'étions que des pions sur le Grand Echiquier des Eternels. Quoi que nous fassions, nous ne ferions rien d'autre que suivre notre destin. Jamais quelqu'un ne sortirait du lot, jamais personne ne pourrait se démarquer, jamais quiconque ne s'échapperait de la Prison de la Fatalité.
Je préférais Trophonios... Xenthores a vu le Léthé comme une eau troublante, dont l'effet s'apaisait lorsqu'il posait les yeux sur le Trône de Mnémosyne... Jusqu'à ce qu'il perde la mémoire, et alors le Fleuve de l'Oubli lui est devenu une source de réconfort. C'était la seule chose qu'il avait jamais connue.
Je ne l'ai pas vu de cette manière. En observant le Léthé, j'y ai vu l'instrument pour détruire le Destin. Une goutte suffirait pour faire oublier toute notion d'existence au plus omnipotent, au plus immortel des Dieux. Et alors commence une nouvelle vie. Une nouvelle identité. Un nouveau futur. Au lieu de couper le fil du destin, les Moires brûlent toute la pelotte qu'elles ont déjà tissée et en retracent une autre.
Oui... Cela ne nous permettra tout de même pas d'échapper au destin, mais bien de notre fatalité originelle pour en suivre une nouvelle. Seul le Léthé est capable de faire don d'un tel cadeau. 

Exécuteurs du Nexus, tome 2 : le Disciple de SummanusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant