Chapitre deux

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Elle est cette pièce abstruse,
Ce mélange de couleurs.
Et dans l'obscur, elle est une muse
Qui de mes pleurs crée le meilleur.

_____

J'ai entendu dire que la première chose que l'on oublie d'une personne, c'est sa voix.

Au départ, je n'y croyais pas vraiment.

Pourtant, j'ai beau essayer, il m'est impossible de réentendre la tienne dans mes souvenirs.

Je pourrais t'expliquer avec mille mots ce que je ressentais en l'entendant, avant mais à cet instant précis, il ne me reste plus que cela: des bribes de sentiments.

J'aurais aimé savoir à quel moment exact je l'ai perdu. Cela m'aurait permis de comprendre que je commençais à t'oublier. Néanmoins, est-ce que cela signifie vraiment que bientôt tu ne seras plus là? 

Je me souviens encore de ta voix, sous une autre forme: des moments durant lesquelles je l'ai entendu, de tes paroles, des mots que tu employais tout le temps, de tes murmures soudains sans raison apparente et d'à quel point tu chantais faux.

Je me souviens avoir fini par la trouver familière.

Je ne saurais comment t'expliquer à quel point c'est épuisant de te chercher dans le vide, de voir ton image s'effacer peu à peu sans pouvoir complètement te sortir de mes pensées. J'ai l'affreuse impression que bientôt tu n'existeras que sous la forme de regrets et d'amertume, ce que je ne pourrais supporter.

C'est pour cette raison que je ne peux m'empêcher de continuer à t'écrire. Je dois terminer ce chapitre pour pouvoir t'y laisser avant que notre histoire ne se transforme en tombe abandonnée que le temps ne fera qu'abimer davantage ...

J'ai mis du temps à te revoir après la nuit du concert. Une nouvelle fois, tu avais disparu. Je ne t'ai pas vu à la gare ni dans un train. Je t'ai cherché sur la place mais tu n'y étais pas. Le bar aussi avait mauvaise mine sans vos accords. Je me suis rendu compte que je ne connaissais même pas ton nom.

J'avais l'impression d'être un enfant qui rêve à longueur de temps. Je te recréais inconsciemment après avoir fermé les yeux, dans un songe à moitié éveillé.

Et puis, un jour — je ne saurais te dire lequel — nos chemins se sont furtivement croisé alors que nous étions mélangées à la foule.

A l'époque, tu étais comme un papillon car tu me semblais si éphémère. Tu apparaissais et disparaissais brusquement et à chaque fois que nos chemins se croisaient, tu n'étais plus exactement la même qu'avant. Pourtant, je ne pouvais passer à côté de toi sans te reconnaitre car tu étais si singulière.

J'ai été surprise d'entendre mon nom traverser tes lèvres, si bien que j'ai pensé l'avoir imaginé. Cependant, quelques secondes plus tard, tu étais bel et bien devant moi, le regard pétillant comme la fois d'avant.

Il faisait beau ce jour-là, aucun nuage ne dansait dans le ciel. C'était la première fois que je pouvais te contempler d'aussi près, de jour, sous le soleil éclatant.

Il existe d'innombrables mots qui ne sont pourtant pas suffisants pour décrire l'image que j'avais de toi. Je me sentais insignifiante en ta présence tant tu étais incandescente.

Tu m'as posé tout un tas de questions. Tu voulais savoir si je me souvenais de toi mais je ne pouvais pas te répondre qu'il n'y avait que ton image dans ma tête, qu'en entrant dans cet amas de personne j'avais espérée te rencontrer et qu'en apercevant tes lèvres j'avais cru à un rêve. Alors, je ne sais plus ce que je t'ai répondu mais je sais que j'ai dû paraître maladroite. J'avais peur d'échanger des mots avec toi car je n'avais pas l'impression de l'avoir déjà fait.

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⏰ Dernière mise à jour : Feb 17, 2022 ⏰

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La couleur de tes lèvresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant