Le cri de la Lune

-VI-

L'image d'une gigantesque mâchoire se refermant sur elle fut la dernière image que Tonks vit avant de se réveiller en sursaut. Elle était couverte de sueur et grelottait. Elle soupira et s'extirpa de son lit avec difficulté. Dehors, le temps était gris et morose, la pluie n'allait pas tarder à tomber. Elle choisit des vêtements sans grand intérêt et les enfila rapidement. Puis, elle passa par la salle de bains. En se regardant dans le miroir, elle observa avec lassitude la couleur de ses cheveux. La même que le ciel. Elle ne pouvait malheureusement pas contrôler la couleur lorsque celle-ci était liée à ses humeurs. Elle secoua la tête et commença à se laver. Après une bonne vingtaine de minutes, elle finit par sortir de la pièce et s'engagea dans les escaliers. Cependant, elle se figea en entendant des bribes de conversations. Elle sentit son cœur se mettre à tambouriner dans sa poitrine en reconnaissant la voix posée et rauque de Lupin. Il allait donc bien. Mais comment allait-il réagir après ce qu'il s'était passé la nuit précédente ? Allait-il la repousser encore une fois ? Elle prit une grande inspiration et se remit à descendre les escaliers le plus discrètement possible, essayant de percevoir quelques mots. Mais c'était sans compter sur Maugrey, qui à l'aide de son œil de verre, la vit dès qu'elle arriva à la dernière marche, malgré le mur séparant la cuisine des escaliers.

-Bonjour Nymphadora, comment vas-tu ?

Agacée, cette dernière entra dans la cuisine. Maugrey et Lupin étaient assis sur de vieilles chaises autour de la table ronde, qui avait miraculeusement rétréci. Tonks essaya de ne pas regarder Lupin, qui semblait par ailleurs aussi gêné qu'elle. A la place, elle répondit d'un ton amer en se servant une tasse de café.

-C'est Tonks, combien de fois faut-il que je te le dise ? Et toi ? Tu as bien dormi ? Après le coup que tu t'es pris...

En se rendant compte de ses mots, elle regarda Lupin du coin de l'œil, espérant ne pas avoir fait de gaffes. Celui-ci regardait avec un air désolé Maugrey qui lui fit signe qu'il était pardonné. Alors qu'elle risquait un regard vers Lupin, elle remarqua qu'il semblait aller vraiment mal. Il avait des poches violacées sous les yeux et son teint était pale et cireux. Les deux hommes se remirent à parler de sujets futiles, tel que le dernier gagnant du championnat de Quidditch ou encore le cours d'histoire de la magie, qui était, selon eux, inutile. Tonks savait que ce n'était pas ce dont il parlait avant qu'elle n'arrive. Elle s'assit en face de Lupin, à coté de Maugrey, et écouta sans grand intérêt leur conversation, repensant à la nuit précédente. Molly entra soudain dans la cuisine, faisant sursauter Tonks et Lupin.

-Oh, bonjour Tonks. Maugrey, nous avons besoin de toi. Arthur vient de rentrer et il a déniché des informations plutôt alarmantes.

Fol Œil se leva brusquement et salua les deux autres d'un signe de tête. Puis, il sortit de la pièce en suivant Molly qui déblatérait en continue avec un débit si élevé que l'homme ne saisissait pas tout ce qu'elle disait. Un silence gênant s'était installé dans la cuisine après leur départ. Lupin avait les yeux rivés vers sa tasse. Tonks, elle, jouait avec une mèche de ses cheveux, regardant par la fenêtre. Les minutes s'écoulaient sans qu'aucun d'eux ne dise un mot. Finalement, ce fut Tonks qui se décida à prendre la parole après s'être raclé la gorge, les yeux toujours dirigés vers la fenêtre.

-Alors, hum... Tu-tu... Hum enfin...Tu es un loup-garou ?

Lupin leva les yeux dans sa direction, étonné qu'elle soit aussi directe. Il inspira avant de répondre posément.

-En effet.

Tonks tourna la tête pour le regarder dans les yeux. Ils avaient repris leur belle teinte argentée. Elle but une gorgée de son café qui lui brûla la gorge.

-Pourquoi...pourquoi tu ne me l'as pas dit avant ? Enfin... Tu n'as pas confiance en moi ? On est... On est équipiers et même si tu ne m'aimes pas, tu-tu aurais dû me le dire! Nous sommes équipiers, nous sommes...