Fiction OrelxGringe - Goulag.

Partie 13.

Deux heures plus tard.

« Aurél, tout va bien ? »

Le plus jeune se tourna vers lui quand il lui demanda ça en s'approchant de lui dans le jardin et il le vit le regarder un long moment les larmes aux yeux avant de hocher la tête, un petit sourire triste sur les lèvres. Il s'accroupit à ses côtés et approcha sa main de sa joue pour la lui caresser, un petit sourire triste venant s'inscrire sur son visage à son tour. Aurélien était agenouillé à même le sol, devant la petite croix blanche qui recouvrait le trou dans lequel ils avaient enterré son père plusieurs heures plus tôt. Quand ils avaient fait l'amour sur le sol de sa chambre, il avait perdu toute notion du temps ou même de qui il était, seul le corps du plus jeune sous le sien lui important. Il n'avait pas réfléchi et avait pris ce qui lui était donné, sans se poser plus de questions. Aurélien n'avait rien dit et s'était laissé faire. En réalité, tous deux avaient été aussi perdus l'un que l'autre à ce moment-là, seule la présence de l'autre pouvant les sauver. Mais en sortant de cet état de transe, quand il avait jouit en lui, il s'était fait cette promesse : Aurélien ne manquerait jamais de rien à ses côtés. Ni d'amour, ni de nourriture, ni de rien. Il ne savait pas encore comment il allait faire, mais cette promesse, il allait la tenir. Je t'aime. Je te promets que je t'aime. C'était ce qu'il lui avait répété en boucle ensuite en venant déposer une multitude de baisers sur son visage, se rendant alors compte que ce dernier était trempé de larmes.

« J'ai fait une prière pour lui. » lui dit Aurélien dans un murmure en lui souriant doucement et il hocha la tête.

Je veux enterrer mon père maintenant, Guillaume. Aurélien lui avait dit alors qu'il était encore par-dessus lui et il s'était redressé sur ses coudes pour le regarder. Aurélien avait plongé son regard dans le sien et il avait hoché la tête. Il s'était relevé, puis était allé lui chercher des habits chauds dans son placard, refusant qu'il attrape froid en sachant à quel point son corps avait déjà été torturé aujourd'hui par celui-ci. Son état mental devait être dans le même état, si ce n'était pire encore. C'était la réflexion qu'il s'était faite plusieurs minutes plus tard quand il l'avait aidé à s'habiller, après l'avoir assis sur le bord de son lit. Il l'avait accompagné au rez-de-chaussée et Aurélien avait embrassé la joue de son père après lui avoir fermé les yeux. Ils l'avaient ensuite porté dans le jardin et ils avaient creusé un trou pour l'enterrer. Ensuite, il l'avait laissé seul pour se recueillir et lui adresser ses derniers mots. 

« Tu as pu enterrer les autres tout seul ? lui demanda Aurélien en fermant les yeux à sa caresse et il acquiesça, comprenant qu'il voulait parler du cuisinier et du majordome.

— Oui, je les ai enterrés un peu plus loin. Est-ce que tu veux aller te recueillir sur leurs tombes aussi ? »

Aurélien sembla hésiter, ne répondant rien un long moment, avant qu'il ne le voit secouer la tête.

« J'ai déjà prié pour eux en même temps que pour mon père. Je veux seulement dormir à présent, Guillaume. Est-ce qu'on peut y aller ?

— Bien sûr, dit-il doucement en voyant Aurélien rouvrir les yeux. Allons dormir. Et je te promets, Aurél, continua-t-il en l'aidant à se relever. Tu ne manqueras jamais de rien. Pas tant que je vivrais. Je t'en fais la promesse.

— J'ai déjà tout perdu, Guillaume. Tu es la seule personne qui me reste alors... tant que tu restes avec moi, oui, je ne manquerai jamais de rien. Mais si un jour tu pars...

— Je ne partirai pas. Jamais. Jamais je ne t'abandonnerai, tu m'entends ?

— D'accord... Je veux bien te croire... Pour le moment. »

Il exhala un petit soupir en l'entendant dire ça et prit son visage entre ses mains afin de l'embrasser. Puis il prit sa main doucement dans la sienne et l'entraîna avec lui en direction de la maison. Ce soir-là, il s'endormit avec la tête du plus jeune reposant tout contre son torse, leurs corps dénudés enchevêtrés, par-dessus son cœur et ses cheveux frôlant son épaule blessée. Il ne lui avait jamais raconté la finalité de cette histoire, pensa-t-il soudain, alors qu'il commençait à sentir le sommeil le gagner petit à petit. Enfin, pas dans les détails. Mais la finalité, en vrai, c'était lui. Il avait réussi à s'enfuir de ce camp dans le seul but de le rencontrer. Malgré toutes les horreurs qu'il avait eu à traverser pour arriver jusqu'ici, la finalité de son histoire en avait largement valu la peine. Et il osait espérer que pour Aurélien il en allait de même. Car le père de ce dernier serait mort de toute manière, qu'il soit venu s'installer chez eux ou pas. Il en était persuadé. Et peut-être même que s'il n'avait pas été là, Aurélien serait mort lui aussi. Il frissonna en pensant aux deux hommes qu'il avait enterré un peu plus tôt aux confins du jardin du plus jeune et au fait que ce dernier aurait pu mourir de leurs mains. Moi aussi je t'apprécie. Je t'aime. C'était ce qu'il lui avait dit. Il ne savait pas s'il pouvait vraiment croire ces mots. Mais ce qui était sûr, c'était que lui les pensait et passerait sa vie entière à lui prouver la véracité de ceux-ci, que les siens à lui le soient ou non. Il resserra son étreinte autour du plus jeune et déposa un baiser sur son cuir chevelu en penchant légèrement la tête vers la sienne. Dans son sommeil, Aurélien poussa un petit soupir de bien-être et il sourit doucement contre ses cheveux.

« Je t'aime, Aurél. Je ferai tout pour toi, c'est une promesse que je te fais. »

Puis il ferma les yeux et se laissa emporter par le sommeil, curieux de ce que l'avenir leur réservait. Seul le temps le lui dirait.