chap. 1

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Écroulée contre la vitre de la voiture, j'observais le paysage enneigé qui m'entourait, les étoiles plein les yeux. Mon attention suivait le déplacement des arbres sucre-glace tandis que je restais immobile. La neige les avait saupoudrés de la plus belle des manières. En arrière plan, des animaux apparaissaient puis disparaissaient aussitôt. Passant de lièvres à rennes, la diversité de la nature m'occupa un long moment.

Puis ma mère coupa le contact. J'ouvrai la portière avec véhémence et posai mon pied dans la substance qui jonchait le sol, constellé de flocons cristallisés. Après tant d'heures de trajet, j'étais enfin arrivée à destination : la Laponie. La demi-heure pendant laquelle la lumière et les couleurs eurent changé dans ce somptueux décor fut magique. Il y avait un léger vent qui faisait bien chuter la température et qui arrivait à s'infiltrer partout. Je descendis de la voiture, ma mère en fit de même.

- Eh bien... On est arrivées.

Elle s'approcha de moi et me serra fort dans ses bras. Je ne m'attardai pas à lui rendre son accolade. Son souffle chaud s'infiltra dans mon cou, contrastant avec la froideur pérenne de l'extérieur.

- Appelle moi quand tu peux. Je t'aime ma fille, prends soin de toi.
- Je t'aime aussi maman.

J'essuyai la larme ayant presque gelé sur sa joue et l'embrassa au même endroit.

- Bon... Je dois y aller avant que mes jambes ne deviennent des glaçons !

Ses mots furent aussi durs à dire qu'à entendre. Elle me sourit quand bien même, et me renifla avant que je ne puisse m'écarter et me retourner.

Le dos tourné, les larmes versées, au tour de mon cœur de se resserrer. Ma mère avait gardé l'anxiété d'être loin de moi trop longtemps, et notre câlin m'avait refilé cette sensation désagréable. Mais le froid rendormit la douleur, et la remplaça par une autre tout aussi insupportable.

Je frottai mes mitaines ensemble tout en créant de la buée avec ma bouche. Un frisson parcourut l'entièreté de ma colonne vertébrale, et me paralysa le corps. Je m'échinais cependant à marcher, la sensation devait devenir un précepte le plus vite possible. Je n'avais pas vraiment le choix.

Perdue dans ce village paumé, je tentais de me diriger en fonction des flèches à côté de la route. Des panneaux sculptés en bois avec une écriture illisible s'offraient à moi, et étaient la raison pour laquelle je tournais en rond depuis cinq bonnes minutes. Mes jambes passèrent d'une paralysie à un tremblement, signe qu'elles étaient encore bien accrochées. Alors si mes jambes pouvaient tenir, ma tête aussi.

*

Après quelques minutes de marche intense dans ce froid abominablement glacial, je tombai sur un grand chalet. Le seul que j'avais croisé, en fait. Sûrement mon hébergement pour les prochains mois à venir. Du moins je l'espérais de tout mon coeur, qui lui d'ailleurs commençait à fatiguer aussi. Je vérifiai mon itinéraire sur mon téléphone, mais mes doigts ne bougeaient plus, et mon cellulaire était gelé. La sensation de perdre ses membres à cause du froid commençait à me submerger. Je ne me fis donc pas prier et rentrai dans cet immense édicule. En pénétrant, un comptoir se présenta à moi. J'attendis patiemment, en essayant tant bien que mal de récupérer l'usage de mes bouts de doigts. Les flocons de neige que je suivais du regard tombaient à une allure étonnement lente. J'avais l'impression que tout le monde suivait la cadence. Enfin, un jeune homme brun, assez grand, avec de beaux yeux châtains débarqua.

- Pas trop froid ? demanda-t'il.
- Qu'est-ce qui te fait dire ça ? questionnai-je ironiquement.
- Tu claques des dents... Je peux t'aider pour quelque chose ?
- Si je suis dans le bon bâtiment, alors je suis ici pour la colonie...
- Oh ! Bienv'nue ! Je suis le fils du dirigeant de l'organisation. Isaac, ravi de faire ta connaissance.

Cold outside Où les histoires vivent. Découvrez maintenant